management des organisations

Documents et études de cas

Etudes de cas

 

Etude de cas Chapitre III

 

I L’approche classique

A Smith et la division du travail

 

Prenons un exemple dans une manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s’est fait souvent remarquer : une manufacture d’épingles. Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d’ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l’invention est encore probablement due à la division du travail, cet ouvrier quelque adroit qu’il fût pourrait peut être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement, il n’en ferait pas une vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie est maintenant conduite, non seulement l’ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers. Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe.. La tête est elle même l’objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles en est une autre ; c’est même un métier distinct et séparer que de piquer les papiers et d’y bouter les épingles ; enfin, l’important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques, sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d’autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois. J’ai vu une manufacture de ce genre qui n’employait que dix ouvriers, et où, par conséquent, quelques uns d’eux étaient chargés de deux ou trois opérations. Mais quoique la fabrique fût fort pauvre et par cette raison, mal outillée, cependant quand ils s mettaient en train, ils venaient à bout de faire entre eux environ douze livres d’épingles par jour : or, chaque livre contient au delà de 4000 épingles de taille moyenne. Ainsi, ces dix ouvriers pouvaient faire entre eux plus de quarante huit milliers d’épingles dans une journée ; donc, chaque ouvrier faisant une dixième partie de ce produit peut être considéré comme donnant dans sa journée 4800 épingles. Mais si ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s’ils n’avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d’eux n’eut pas fait 20 épingles, peut être pas une seule dans sa journée, c’est à dire, pas à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut être la quatre mille huit centième partie de ce qu’ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d’une division et d’une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

Source A Smith, la Richesse des nations.

 

Cette grande augmentation dans la quantité d’ouvrage qu’un même nombre de bras est en état de fournir, en conséquence de la division du travail est due à trois circonstances différentes :

  • Premièrement, à un accroissement de l’habileté chez chaque ouvrier individuellement
  • Deuxièmement, à l’épargne de temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une espèce d’ouvrage à une autre
  • Troisièmement enfin, à l’invention d’un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le travail, et qui permettent à un homme de remplir la tâche de plusieurs.

Premièrement, l’accroissement de l’habileté dans l’ouvrier augmente la quantité d’ouvrage qu’il peut accomplir, et la division du travail, en réduisant la tâche de chaque homme à quelques opérations simples et en faisant de cette opération la seule occupation de sa vie, lui fait acquérir nécessairement une grande dextérité (…)

En second lieu, l’avantage qu’on gagne à épargner le temps qui se perd communément en passant d’une sorte d’ouvrage à une autre, est beaucoup plus grand que nous ne pourrions le penser au premier coup d’œil…

Ordinairement, un homme perd un peu de temps en passant d’une besogne à une autre… Cette habitude de flâner et de travailler sans application et avec nonchalance est naturelle à l’ouvrier de campagne ou plutôt, il la contracte nécessairement, étant obligé de changer d’ouvrage et d’outils chaque demi-heure et de mettre la main chaque jour de sa vie à vingt besognes différentes ; elle le rend presque toujours paresseux et incapable d’un travail sérieux et appliqué, même dans les occasions où il est le plus pressé d’ouvrages. Ainsi, indépendamment de ce qui lui manque en dextérité, cette seule raison diminuera considérablement la quantité d’ouvrage qu’il sera en état d’accomplir.

En troisième et dernier lieu, je ferai remarquer seulement qu’il semble que c’est à la division du travail, je ferai remarquer qu’il semble que c’est à la division du travail qu’est originairement due l’invention de toutes ces machines propres et à abréger et à faciliter le travail. Quand l’attention d’un homme est toute dirigée vers un objet, il est bien plus propre à découvrir les méthodes les plus promptes et les plus aisées pour l’atteindre, que lorsque cette attention embrasse une grande variété de choses… Dans les premières machines à feu, il y avait un petit garçon continuellement occupé à ouvrir et à fermer alternativement la communication entre la chaudière et le cylindre. L’un de ces petits garçons qui avait envie de ouer avec ses camarades, observa qu’en mettant un cordon au manche de la soupape, qui ouvrait cette communication, et en attachant ce cordon à une autre partie de la machine, cette soupape s’ouvrirait et se fermerait sans lui, et qu’il aurait la liberté de jouer tout à son aise. Ainsi, une des découvertes qui a le plus contribuer à perfectionner ces sortes de machine depuis leur invention, est due à un enfant qui ne cherchait qu’à s’épargner de la peine.

Source : A Smith, La Richesse des Nations

 

  1. Pourquoi peut on qualifier de division technique ce qui se passe dans la manufacture d’épingle ?
  2. Quels sont les résultats de cette division du travail ? Qu’apporte t’elle à l’entreprise ?
  3. D’une manière plus globale, qu’apporte la division du travail à l’économie ?

 

Cas Mc Donald « Un McDo constitue une véritable petite usine».

 

Un restaurant compte en moyenne 40 salariés (chez Mc Do, on dit des équipiers), pour la plupart employé à temps partiel. Très souvent des étudiants qui travaillent pour payer leurs études (...).

L’organisation est élaborée et invariable : à la tête du restaurant, on trouve un store manager avec à ses côtés un certain nombre de managers, souvent 4 ou 5, car au moins l’un d’entre eux doit être présent en permanence pendant toute la durée d’ouverture du restaurant (chez McDO, on dit qu’il prend son quart). Et cette durée peut dépasser 125herues par semaine, de 7h30 à 1h00 le lendemain matin, 7 jours sur 7 : chez MC DO, les équipements ne chôment pas plus que les équipiers ! Mais naturellement, les effectifs varient au long de la journée. Une gestion complexe à l’origine de beaucoup de frictions sociales.

En descendant dans la hiérarchie, on trouve ensuite les swings managers (responsables de zone). Chaque restaurant est divisé en 3 zones : la salle (chez McDO on dit le lobby), les caisses et la cuisine.

Avant l’équipier de base, on trouve un étage dans cette hiérarchie complexe : l’instructeur, équipier expérimenté qui a pour tâche de former les petits jeunes tout en effectuant le travail normal d’un équipier de base. Mais la hiérarchie ne s’arrête pas là pour autant : des systèmes de broches d’or, d’argent, de bronze permettent encore de différencier les équipiers plus ou moins méritants.

En caisse, les cadences sont définies par la demande des clients, en cuisine, la plupart des équipements, identiques partout, sont équipés de minuteurs et sonnent pour réclamer l’intervention de l’équipier de service.

Les différentes opérations sont minutieusement définies dans des manuels de procédures, identiques elles aussi pour tous les restaurants. La production s’effectue eu juste à temps, avec un tout petit « stock tampon » à l’arrière des caisses pour pouvoir servir les clients en attente. L’alimentation de ce stock tampon est une responsabilité́ éminente du swing manager responsable de la zone des caisses.

Source; Guillaume Duval, (2000), L’entreprise efficace à l’heure de Swatch et de McDonald’s, pp151-152.

 

  1. A quel type d’organisation cette entreprise vous fait elle penser ?
  2. Quels sont les avantages de ce type d’organisation ?
  3. Pourquoi ce type d’organisation fonctionne t’il plutôt bien dans le cas de Mc Donald’s ?
  4. Peut on utiliser ce fonctionnement dans n’importe quel entreprise ? Justifiez
  5. Ce type d’organisation laisse t’elle la place à l’innovation ou à la prise d’initiative ? Sous quelles conditions ?

 

La bureaucratie

L’administration purement bureaucratique, donc fondée sur la conformité aux actes, l’administration bureaucratico-monocratique* par sa précision, sa permanence, sa discipline, son rigorisme et la confiance qu’elle inspire, par conséquent, par son caractère de prévisibilité pour le détenteur du pouvoir comme pour les intéressés, par l’intensité et l’étendue de sa prestation, par la possibilité formellement universelle qu’elle est du point de vue purement technique afin d’atteindre le maximum de rendement- cette administration est, de toute expérience, la forme de pratique de la domination la plus rationnelle du point de vue formel. Dans tous les domaines (Etat, église, armée, parti, entreprise économique, groupements d’intérêts, association, fondation etc), le développement des formes modernes de groupement s’identifie tout simplement au développement et à la progression constante de l’administration bureaucratique : la naissance de celle-ci est pour ainsi dire, la spore* de l’Etat occidental moderne(…)

Source : M Weber, Economie et société (1922) Pocket 1995

  • système fondé sur le pouvoir d’un homme
  • C’est le germe qui donne naissance à l’Etat occidental
  1. Quelles sont les caractéristiques de la bureaucratie ?
  2. Quels sont les avantages de celle-ci ? Pour le patron, pour les employés ?
  3. Comment M Weber la considère t’il ?
  4. Trouvez des exemples d’organisation où la bureaucratie est utilisée. N’y a t’il que des avantages ?

 

II: l’approche de l’école des relations humaines

Frustré à 30 ans

R Dubois a 30 ans. Mais à l’entendre, on dirait qu’il en a 60 : « j’ai obtenu mon diplôme en 1966 ; c’était les années fastes. J’ai commencé comme analyste dans l’une des grandes SSII du marché, puis j’ai travaillé comme consultant informatique pour des services médicaux pour deux autres sociétés, avant de devenir chef de service informatique dans une start up, en région parisienne. » En 2001, Robert gagnait l’équivalent de 80000 euros par an, sans les primes et possédait une superbe voiture de sport et voyait son avenir avec optimisme. Mais R Dubois, fait partie de ces centaines de milliers de professionnels ambitieux nés entre 1966 et 1975, fascinés à 25 ans par le mirage internet, et dont les meilleurs salaires sont sans doute déjà derrière eux. Robert gagne aujourd’hui 44000 euros par an comme informaticien dans un hôpital et tente de se faire à l’idée que son existence de la fin des années 90 est désormais de l’histoire ancienne.

Comme beaucoup de gens de sa génération, Bob croule sous les dettes. Il doit encore 23000 euros empruntés pour ses études et a fait un prêt de 4500 euros avec ses cartes de crédit. Le monde du travail dans lequel il évolue n’a rien à voir avec celui où est entré son père au début des années 60.

« Les règles ont changé. Elles mènent la vie dure aux gens de ma génération. Nous avons fait des études pour pouvoir prétendre à un emploi correct, mais beaucoup d’entre nous ont contracté des prêts étudiants et sont aujourd’hui endettés. Lorsque nous avons obtenu nos diplômes, cela ne nous semblait pas un problème car le marché du travail se portait bien. Pour mon premier emploi, j’ai eu une prime d’embauche de 5000 euros ! La compétition pour les meilleurs diplômés faisait grimper les salaires. A 28 ans, je gagnais plus que mon père, qui pourtant était dans la même société depuis 20 ans. Mais il avait la sécurité de l’emploi. Et il a pris une retraite complémentaire solide qui lui assurera ses jours après 60 ans. Quant à moi, je ne sais pas si je toucherais jamais 80000 euros à nouveau. Si cela arrive, ce ne sera pas avant au moins 20 ans. Je n’ai aucune sécurité de l’emploi. Je verse 350 euros par mois pour rembourser mon prêt étudiant, plus 250 euros pour mes emprunts. Plus celui de ma voiture. Mon amie voudrait que l’on se marie, j’aimerais bien moi aussi posséder ma propre maison, mais comment puis-je m’engager pour un emprunt sur 30 ans alors que je ne sais même pas si j’aurai du travail dans 6 mois. »

« Je suis terriblement frustré. J’ai l’impression que nous sommes une génération sacrifiée. Au début, nous avons eu des emplois formidables avec des salaires démesurés. Je l’admets ; on nous a gâchés. Dans l’informatique, on nous a habitués à prendre un poste pour 6 mois, à le quitter, à en accepter un autre avec un salaire 25 à 30% supérieur. Nous pensions être riches et nous nous voyions prendre notre retraite à 40 ans. La vérité est qu’aujourd’hui nous sommes contents quand nous avons du travail et que, quand c’est le cas, nous touchons moitié moins qu’auparavant. Nous n’avons aucune sécurité de l’emploi. A force de compétition pour les postes, associés aux pressions du commerce pour maintenir les prix toujours plus bas, les augmentations de salaires seront à l’avenir minimales. C’est plutôt étrange que de se dire qu’à 30 ans à peine, ses plus belles années ont derrière soi !. »

Source : exemple inspiré et adapté de « Generation Wrecked » de Watson N, Fortune, 14 octobre 2002

 

1)Rapprochez cet exemple de la pyramide des besoins d’A Maslow, que pouvez vous en conclure ?

2)Si vous étiez le patron de Robert, Quels sont les moyens en votre possession pour remotiver  R Dubois ?

 

Questions diverses :

  1. Quelles sont les implications des théories X et Y en matière de pratiques managériales ?
  2. Comparez la théorie de Maslow à celle des deux facteurs d’Herzberg.

III : les théories modernes

  1. Faites des recherches sur P Drucker, quelles sont les activités fondamentales du dirigeant selon lui ?
  2. Quels sont ses apports au niveau du management ?
  3. Résumez le document de l’INA diapo n° 47