Module M412-S1 - TD n°3 : la loi
Chapitre 1. L'élaboration des lois
Chapitre 2. L'application de la loi dans le temps
2.1. Les principes de bases
2.2. Exemple d'arrêt du Conseil d'Etat sur la non-rétroactivité d'une loi
2.3. La révision des lois : exemple de la bioéthique
2.4. Question de synthèse
Chapitre 3. L'application de la loi dans l'espace
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2.2. Exemple d'arrêt du Conseil d'Etat sur la non-rétroactivité d'une loi

 

Objectif : appliquer les notions théoriques découvertes dans le point précédent à une situation réelle.

 

Un exemple d’arrêt du Conseil d’Etat sur la non-rétroactivité d’une loi (= code de déontologie des commissaires aux comptes) et de son décret d’application :

 

« S'agissant des moyens relatifs à l'entrée en vigueur immédiate du décret : 
 
Quant au moyen tiré de la méconnaissance du principe de confiance légitime : 
 
Considérant que le principe de confiance légitime, qui fait partie des principes généraux du droit communautaire, ne trouve à s'appliquer dans l'ordre juridique national que dans le cas où la situation juridique dont a à connaître le juge administratif français est régie par le droit communautaire ; que tel n'est pas le cas en l'espèce, dès lors que la directive du 10 avril 1984 relative à l'agrément des personnes chargées du contrôle légal des documents comptables, si elle affirme le principe selon lequel les personnes qui effectuent un contrôle légal doivent être indépendantes, se borne à renvoyer aux Etats membres le soin de définir le contenu de cette obligation ; que le moyen tiré de la méconnaissance du principe invoqué est, par suite, inopérant ; 
 
Quant au moyen tiré de l'application du code de déontologie aux situations contractuelles en cours : 
 
Considérant qu'une disposition législative ou réglementaire nouvelle ne peut s'appliquer à des situations contractuelles en cours à sa date d'entrée en vigueur, sans revêtir par là même un caractère rétroactif ; qu'il suit de là que, sous réserve des règles générales applicables aux contrats administratifs, seule une disposition législative peut, pour des raisons d'ordre public, fût-ce implicitement, autoriser l'application de la norme nouvelle à de telles situations ; 
 
Considérant qu'indépendamment du respect de cette exigence, il incombe à l'autorité investie du pouvoir réglementaire d'édicter, pour des motifs de sécurité juridique, les mesures transitoires qu'implique, s'il y a lieu, une réglementation nouvelle ; qu'il en va ainsi en particulier lorsque les règles nouvelles sont susceptibles de porter une atteinte excessive à des situations contractuelles en cours qui ont été légalement nouées ; 
 
Considérant que les dispositions de la loi du 1er août 2003 de sécurité financière relatives à la déontologie et à l'indépendance des commissaires aux comptes, dont la mise en oeuvre est assurée par le code de déontologie, ont, en raison des impératifs d'ordre public sur lesquels elles reposent, vocation à s'appliquer aux membres de la profession ainsi réglementée et organisée sans que leur effet se trouve reporté à l'expiration du mandat dont les intéressés ont été contractuellement investis ; que toutefois, à défaut de toute disposition transitoire dans le décret attaqué, les exigences et interdictions qui résultent du code apporteraient, dans les relations contractuelles légalement instituées avant son intervention, des perturbations qui, du fait de leur caractère excessif au regard de l'objectif poursuivi, sont contraires au principe de sécurité juridique ; qu'il y a lieu, par suite, d'annuler le décret attaqué en tant qu'il ne comporte pas de mesures transitoires relatives aux mandats de commissaires aux comptes en cours à la date de son entrée en vigueur intervenue, conformément aux règles de droit commun, le lendemain de sa publication au Journal officiel de la République française du 17 novembre 2005 ; »


Source : http://arianeinternet.conseil-etat.fr/arianeinternet

 

Question n° 1 :

Quelle est la date d’entrée en vigueur du décret d’application du code de déontologie  des commissaires aux comptes ?

 

Question n°2 :

Pourquoi le code de déontologie pouvait s’appliquer immédiatement dès sa publication  aux commissaires aux comptes ?

 

Question n°3  :

Pourquoi le Conseil d’Etat (voir le dernier « considérant ») a–t-il décidé d’annuler le décret ?

 

Question de synthèse  :

Présentez le principe de non rétroactivité des normes juridiques impersonnelles (= loi et décret) et ses exceptions en vous appuyant sur l’exemple de la mise en œuvre du code de déontologie et de son décret d’application.

 

 

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