La
stabilité
absolue est insuffisante, une réponse oscillatoire, même
amortie, peut être inacceptable dans bien des situations
courantes. Par exemple, l'intégrateur avec retard
précédent,
dans sa version stable, présente un dépassement de
50 %
dans la réponse à un échelon. Si on imagine que
ce système représente la réponse de la direction
assistée d'un véhicule à une rotation du volant,
il est inutile de décrire la surprise du conducteur face
à
un tel comportement.
5.2.a Amortissement
et distance au point critique
L'expression
générale
de la relation entre fonction de transfert en boucle ouverte et
fonction de transfert en boucle fermée, exprimée en
analyse harmonique, permet de préciser les choses :

Le
facteur correctif, qui prend en compte les
« défauts »
du système, a une interprétation
géométrique
simple dans le plan de Nyquist :
-
Le module du
numérateur (|Tbo(jω)|)
représente la distance d'un point du diagramme à
l'origine du plan complexe.
-
Le module du
dénominateur (|1 + Tbo(jω)|)
représente la distance de ce même point de la courbe au
point critique.
En
analyse harmonique,
le système en boucle fermée présente une
résonance si, pour certaines valeurs de la fréquence,
le diagramme de Nyquist se rapproche plus du point critique que de
l'origine du plan complexe.
Plus
le diagramme de
Nyquist passe près du point critique, plus forte sera la
résonance en boucle fermée.
Évidemment,
une résonance en régime harmonique et un
dépassement
en réponse temporelle ne sont pas synonymes, l'exigence d'une
réponse sans dépassement est généralement
un peu plus sévère que celle d'absence de maximum dans
la courbe du module du gain en fonction de la fréquence. D'une
part, pour la plupart des systèmes, les deux
phénomènes
apparaissent pour des valeurs voisines de l'amortissement, d'autre
part, si la réponse en fréquence est monotone
(décroissante), le dépassement sera limité
à
quelques pour cent (5 % pour
).
Le
dessin ci-dessous
illustre le raisonnement graphique :

5.2.b Marge
de phase et marge de gain
Les
coordonnées
du point critique correspondent à un module égal à
1 (en échelle linéaire) et à une phase
égale
à 180°. La distance au point critique est classiquement
repérée par deux grandeurs :
-
La marge de phase,
Df,
est le déphasage supplémentaire qu'il faudrait rajouter
au déphasage de la fonction de transfert en boucle ouverte, pour
la fréquence à laquelle le gain vaut 1 (0dB), pour que
son diagramme de Nyquist passe par le point critique.
-
La marge de gain,
DG,
généralement comptée en décibels, est
l'augmentation de gain (un coefficient multiplicateur) qu'il faudrait
donner à la fonction de transfert, à la fréquence
pour laquelle son déphasage vaut 180°, pour que le diagramme
de Nyquist passe par le point critique.
La
figure ci-dessous
illustre ces définitions, et montre que l'on définit
bien une « distance » au point critique.

Typiquement,
un amortissement idéal, la limite du dépassement dans
la réponse transitoire, correspond à une marge de phase
d'au moins 50 à 60° et une marge de gain d'au moins 6dB.
Les
systèmes du
second ordre n'ont pas de marge de gain, seule la marge de phase peut
être définie.
5.2.c Analyse sur les
diagrammes de Bode
Évidemment,
tout
ce qui vient d'être dit peut être transcrit sur les
diagrammes de Bode. Sur le diagramme ci-dessous, on a repris
l'exemple stable du retard intégrateur pour illustrer la
définition des marges de gain et de phase.

Les
valeurs relativement faibles de ces marges correspondent à un
réponse sous amortie, comme nous l'avons vu
précédemment.
Ces valeurs peuvent évidemment être retrouvées
sur le diagramme de Nyquist du même système (voir plus
haut).
L'intérêt
des diagrammes de Bode est qu'ils sont d'une construction beaucoup
plus simple que les diagrammes de Nyquist,
et permettent de calculer « graphiquement » des
correcteurs quand le résultat n'est pas satisfaisant.
Marge
de phase (en
degrés) et amortissement pour un système du second
ordre :
