Nous avons vu, dans l'exemple
précédent, qu'un signal de fréquence F = 1GHz pulsé avec une PRF de 5kHz permettait de
mesurer des phénomènes ayant des vitesses radiales:
½Vrmaxi½ £ (l/4). Fo = 375m/s
pour
une distance maximale ambiguë:
dmaxi = c/(2.Fo) = 30km
Si pour un
radar de contrôle aérien cette vitesse radiale maximum semble adaptée, il en est tout
autrement pour un radar météorologique. Cette vitesse est à rapprocher de la vitesse
des phénomènes météorologiques mesurables. Dans les cas extrêmes, un vent de 100km/h
correspond à une vitesse radiale inférieure à 20m/s,
nettement inférieure aux possibilités du système. Il suffirait donc de
diminuer la PRF Fo pour diminuer la vitesse radiale maximum au profit de la distance
maximum mesurable, mais cela se traduit aussi par une diminution du rapport cyclique (pour
une largeur d'impulsion et une résolution radiale donnée) et donc une diminution de la
portée du radar.
Une solution
consiste à sommer Nc échos démodulés par une porte de distance, en
supposant que le phénomène reste cohérent (vitesse constante) pendant la mesure.
(Fig. I.24)

Fig. I.24 Intégration cohérente
½
Vrmaxi½
£ l/(4.Nc.To)
Dans
notre exemple ½Vrmaxi½ £ 37,5m/s
avec Nc = 10
Le
signal obtenu après sommation peut être traité par une FFT sur N =256
points seulement.
La
résolution en vitesse dans ce cas est:
dv
= 2.½Vrmaxi
½/Nm
dv =
0,3m/s
Cette
méthode simple permet d'analyser des phénomènes lents en gardant une bonne portée
radar, tout en ayant une résolution en vitesse acceptable et ce, en utilisant des
algorithmes de FFT sur un nombre faible de points. Le phénomène observé doit cependant
être cohérent pendant la durée de la mesure.
Ce temps de
cohérence est de l'ordre de la millisecondes pour les radars de longueur d'onde
centimétrique et de la centaine de millisecondes pour les radars de longueur d'onde
métrique.
Le nombre Nc
d'intégrations cohérentes existe la plupart du temps, mais il diffère en fonction
du type de radar et des phénomènes que l'on veut observer. Pour un radar de contrôle
aérien, le nombre minimum d'intégrations est de 4, le nombre maximum est fixé par le nombre
de coups au but c'est-à-dire, le nombre d'impulsions successives touchant la cible
pendant qu'elle est éclairée par le faisceau.
Exemple:
Une antenne
radar 1GHz, tourne à 12tr/mn soit 0,2tr/s ou encore 72°/s, une ouverture de faisceau de
2,3° correspond à un temps de balayage d'une cible de 32ms.
Si la
période de répétition des impulsions est To = 200ms, le nombre de coups au but est de 160.
(Fig. I.25)
Pour
Nc = 4
½Vrmaxi½ £ l/(4.Nc.To)
= 337,5km/h
Si le
nombre Nc d'intégration est égal à 100
½Vrmaxi½ £ 13,5km/h
Ce
qui est loin de couvrir le spectre des vitesses des avions
et
illustre toute l'ambiguïté de la mesure Doppler !

Fig. I.25 Nombre
de coups au but
Est-il nécessaire de mesurer la vitesse par effet Doppler ?
La question est légitime: si le nombre de coups au but est de
100, ne peut-on pas mesurer la distance parcourue entre deux impulsions successives pour
en déduire la vitesse ?
(Fig. I.26)
Pour une cible donnée se rapprochant, la distance parcourue d =
c.(Tr1 Tr2)/2 pendant l'intervalle To est représentative de la vitesse. Ceci
serait possible si l'on pouvait faire la distinction entre les échos issus d'une cible
mobile et ceux rétrodiffusés par une cible fixe. Cette technique, utilisée par les
radars à visée laser de contrôle de vitesse automobile, est inadaptée aux radars de contrôle aérien ou météorologiques.
L'intérêt
majeur des radars Doppler est donc la possibilité de supprimer instantanément les échos
à vitesse nulle.

Fig. I.26 Les
échos fixes