Alors
que depuis la Seconde Guerre Mondiale la volonté de "libéraliser les
échanges" est devenue officielle (l'OMC a remplacé le GATT) la réalité
est souvent différente. Presque tous les États subventionnent au moins
certains de leurs exportateurs ou cherchent à encourager la création de
"champions nationaux" dans certains secteurs.
L’intervention de
l’État français dans le secteur nucléaire en France, ou de certains
pays européens réunis en consortium pour Airbus en sont deux exemples
probants.
Ce constat des limites dans l’application effective du
libre-échange a donné naissance à un courant de pensé, mis en forme
initialement par Barbara Spencer et James Brander et
défendue avec brio par Paul Krugman.
La position actuelle de Paul
Krugman
est intéressante parce qu'il est l'un des auteurs ayant renouvelé les
théories du commerce international et parce qu'il est devenu le
spécialiste reconnu de l'analyse théorique des échanges. S'il reconnaît
que la spécialisation internationale et les échanges ne s’expliquent
pas seulement par l’avantage comparatif, mais également par les
économies d’échelle et les externalités, il dit clairement que ces
nouvelles explications ne constituent qu'une amélioration ne faisant
pas disparaître les arguments libre-échangistes.
Parce que la
concurrence est imparfaite, l’intervention de l’État devient légitime
et les politiques commerciales stratégiques peuvent être avantageuses
en créant des incitations pour stimuler les firmes.