Est-il
si naturel de penser que la rationalité se réduit toujours à un calcul
avantages-coûts poursuivi jusqu'à la plus grande satisfaction possible
pour l'objectif poursuivi ? Cette manière de penser peut-être qualifiée
de "rationalité substantive".
Dans l'hypothèse d'une information parfaite, qui ne coûte rien et est
disponible immédiatement, adopter cette proposition est une solution
acceptable. Mais dans la réalité, les consommateurs et les producteurs
ne sont pas parfaitement informés et s'ils peuvent l'être c'est
toujours en dépensant du temps et de l'argent.
Aujourd'hui le consommateur qui veut acheter un produit dispose des
moyens de prendre des informations sur le produit, les revues de
consommateurs, les sites comparatifs, les avis de consommateurs, sur
place, dans une autre région, dans un autre pays... mais pour réunir
tous ces éléments il faut du temps. De même, un entrepreneur peut
chercher à rendre son profit maximum mais il lui faudra dépenser
beaucoup d'énergie, engager des recherches pour adapter son processus
productif, tester de nouveaux salariés... Il est beaucoup plus simple
de s'en tenir à un objectif de profit considéré comme staisfaisant.
En renonçant à la maximisation sous contrainte pour adopter un comportement cherchant un objectif "satisfaisant" on quitte la rationalité substantive pour adopter une rationalité limitée. Ce concept a été développé par Herbert Simon (1947) et il est évident qu'il décrit mieux la réalité que le précédent. La procédure reste rationnelle, mais l'objectif est modifié. La
décision peut alors reposer sur des routines qui ont fait leurs preuves
permettant ainsi d'importantes économies dans les coûts d'information,
et d'organisation.