La précédente section a montré comment la loi du 2 décembre 1945 avait conduit à une prise de contrôle importante des circuits de financement par les pouvoirs publics. Mais les banques d'affaires ont échappé au mouvement de nationalisation. En 1981 pour tenir les engagements pris lors de laccord de Programme commun de gouvernement entre le Parti communiste et le Parti socialiste, le gouvernement de Pierre Mauroy issu de la majorité de gauche fait adopter la loi du 11 février 1982 qui nationalise les 36 banques les plus importantes appartenant encore au secteur privé (y compris les banques daffaires). Il sagit de donner au gouvernement le contrôle de la totalité du système bancaire afin de mettre en place une politique économique ambitieuse au service de lamélioration du bien être social. Les seules banques qui restent en dehors de la propriété publique sont les banques mutualistes et en particulier les trois grands réseaux des Banques populaires, du Crédit agricole et du Crédit mutuel. LEtat contrôle alors 80 % des crédits, le secteur coopératif conservant les 20 % restants.
Rétrospectivement cette loi semble avoir été un compromis obligé, parce quelle est en contradiction avec une autre orientation décisive qui nest pas remise en cause par les gouvernements de gauche qui se sont succédés de 1981 à 1986. La participation au Système monétaire européen, et au delà la volonté de construire un grand marché européen est une stratégie qui saccommode mal du renforcement des pouvoirs des Etats.
Lorsque Jacques Chirac devient Premier Ministre, son Ministre de léconomie, Edouard Balladur amorce le mouvement de privatisation qui va peu à peu concerner la totalité du système bancaire et du système dassurance.
La première privatisation intervient en 1987 et concerne les banques daffaires Paribas puis Suez.
Interrompues en 1988 après le retour au pouvoir des gouvernements de gauche, les privations reprendront en 1993 pendant la seconde cohabitation, et après 1995 pendant le premier mandat présidentiel de Jacques Chirac. Les deux premières vagues (1987 et 1993) sappuient sur le rôle de « noyaux durs » constitués principalement par les sociétés dassurance (qui seront elles aussi ensuite privatisées). Cela a certainement accéléré le rapprochement inévitable entre banques et sociétés dassurance.
La troisième vague concernera les privatisations détablissement plus fragiles (donc plus difficile à vendre).
Aujourdhui il ne reste plus dans le secteur public que la Caisse des dépôts et consignations sous la forme de CDC fiance - CDC Ixis, la Banque de développement des PME, Vega finance du groupe Eulia et Petrofigaz (groupe Gaz de France) .
La transformation des Services financiers de la Poste en 2000 puis la création de la Banque postale en 2005 parachève cette transformation radicale du secteur bancaire français.