Lorsquil faut réorganiser le système de financement de léconomie française en 1945 de nombreux facteurs vont déterminer une orientation décisive vers le contrôle public de ce système.
- Les circuits de financement doivent assurer une reconstruction rapide à partir dune situation de pénurie.
Il faut donc fixer des priorités, collecter lépargne encore disponible, et gérer le crédit.
- Les partis politiques qui vont occuper le pouvoir sous la quatrième République sont orientés à gauche.
- Les marchés financiers qui ne jouaient déjà pas un rôle important avant la guerre vont voir celui-ci se réduire à un rôle dappoint uniquement pour les grandes entreprises. Les banques ont une « image négative » reprenant la dénonciation du « mur dargent » et des « 200 familles » née pendant le Front populaire.
La loi du 2 décembre 1945 est la transcription juridique de cet état desprit. En décidant la nationalisation complète de la Banque de France et des quatre grandes banques de dépôts : Crédit Lyonnais, Société générale, Banque nationale pour le commerce et lindustrie, Comptoir descompte de Paris , et celle des grandes sociétés dassurance la loi donne aux pouvoirs publics le contrôle du financement de léconomie. La même loi reprend l'essentiel de la réglementation de Vichy, et établit une cloison étanche entre les banques de dépôts, qui doivent privilégier les emplois liquides, et les banques d'affaires, qui ont évité la nationalisation et peuvent prendre des engagements longs. La spécialisation bancaire dominera le système de financement français jusquau début des années 1980 en dépit des tentatives daménagement adoptées dès la fin des années 1960.
La première étape de la déréglementation du système bancaire, la déspécialisation, résulte des réformes Debré-Haberer de 1966-1969 qui modifient profondément le cadre juridique du système bancaire. Cette déspécialisation vise à la fois les ressources et les emplois des banques. Un pas décisif vers les « banques à tout faire » est ainsi réalisé.
En 1967, lentière liberté douverture des guichets est décidée - sans autorisation préalable du CNC (Conseil National du Crédit). Cette mesure a permis aux banques de multiplier leurs succursales et aux réseaux dagences de sétendre.
Avec la loi bancaire de 1984, les « établissements de crédit » sont tous intégrés dans une même organisation et soumis au même contrôle assuré par un Conseil national du crédit rénové, le Comité de réglementation bancaire et la Commission bancaire. La loi consacre ainsi le principe duniversalité, puisque cette loi unique sapplique à une entité dénommée « établissements de crédit », définie comme une personne morale qui effectue à titre de profession habituelle des opérations de banque, ces opérations comprenant la réception de fonds du public, les opérations de crédit, ainsi que la mise à la disposition de la clientèle ou la gestion de moyens de paiement.