La BCE et la politique monétaire
Chapitre 1. Zone euro et globalisation
Chapitre 2. Eléments de théorie monétaire
Chapitre 3. Inflation/désinflation
Chapitre 4. La BCE et la stabilité
Chapitre 5. La politique monétaire
5.1. Ancrage nominal et cibles monétaires
5.2. Le contrôle de la liquidité bancaire
5.3. Les instruments de la politique monétaire
5.4. Efficacité de la politique monétaire
Chapitre 6. Exercices
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5.1. Ancrage nominal et cibles monétaires

 Les économistes appellent "ancrage nominal" un lien fort vers une grandeur exprimée en valeur, par exemple le niveau des prix, celui du taux de change dans une autre monnaie, celui d'un agrégat monétaire (une quantité de monnaie s'exprime en valeur, M3 pour la zone euro valait 7997 milliards d'euros en mars 2007) ou celui du PIB en monnaie courante. Une politique monétaire est fondée sur un ancrage nominal si par exemple elle poursuit un objectif intermédiaire de croissance du niveau des prix (cible d'inflation) ou un objectif intermédiare de croissance d'un agrégat de monnaie (M3 par exemple).

La BCE fonde ses décisisons sur deux "piliers" (qui sont en fait des signaux d'alerte).

Pour ne pas rompre avec les politiques monétaires qui étaient conduites en France et en Allemagne avant 1999, la BCE suit attentivement l'évolution de M3, mais non pas comme une cible précise, plutôt comme une référence, un repère. Partant d'une inflation souhaitée inférieure à 2 % et en acceptant une prévision de croissance potentielle du PIB de 2 à 2,5 %, la BCE considère depuis 1999 que M3 devrait augmenter chaque année en moyenne de 4 à 4,5 %. Les données statistiques montrent que cette référence a été le plus souvent dépassée. Cela s'explique par la présence d'un second pilier.

  • La BCE suit aussi des "indicateurs économiques et financiers" de la zone euro relatifs à l'évolution des prix et des coûts, à la politique budgétaire et à la balance des paiements de la zone euro.

Par exemple, la crise asiatique de 1998 ayant entrainé un risque de récession dans la zone euro et des besoins importants de liquidités sur les marchés financiers, la BCE a baissé les taux d'intérêt encourageant la croissance de M3. De même, pour permettre le fonctionnement normal des marchés financiers après les attentats de 2001, la BCE a permis une croissance rapide de M3.

Ces exemples montrent que la BCE n'est pas indifférente à l'évolution des indicateurs économiques autres que le taux d'inflation. Mais c'est parce que croissance de M3 nettement supérieure à la référence de 4,5 % n'a pas entraîné de dérapage inflationniste (voir le taux d'inflation de la période 1999-2007) que la BCE a décidé d'intervenir de cette manière sans engager des mesures réduisant la croissance de M3. Mais cela montre aussi que le lien logique faisant d'une croissance de la masse monétaire supérieure à celle du PIB une cause d'inflation est un lien faible. La masse monétaire a augmenté beaucoup plus vite que le PIB et l'inflation n'a pas suivi. Certains économistes en déduisent que c'est la certitude que la BCE empêchera tout dérapage inflationniste qui conduit les agents économiques à anticiper une inflation faible ce qui agit comme une contrainte aussi forte que la restriction du crédit.

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