Le travail des enfants
Les droits de l'Homme - José FERON - Dessins de PLANTU - Hachette 1987 -
Questions
- Décrivez les deux vignettes.
- Quelles relations ces deux vignettes entretiennent-elles ?
- Identifiez-vous des thèses ?
- Quelle est l’intention de Plantu ?
Corrigé
La description des vignettes
Analyser un dessin fait appel non seulement à sa dimension narrative mais aussi à l’étude graphique : compositions, lignes, angles de vue.
Que décrivent les deux dessins de Plantu ?
- Scène 1 :
- les personnages : une famille : père, mère, petit garçon. Un ange jouant du luth ; on distingue des notes de musique.
- les objets : à droite, un sapin de Noël. Dans les bras des parents , un cadeau pour l’enfant « le petit bricoleur ». Détails des outils qui sont contenus dans la boite. Ce dessin évoque un moment joyeux (voir le sourire des personnges) : Noël et ses cadeaux,
- le graphisme : la verticalité des lignes , ainsi que la dynamique du mouvement de l’enfant courant vers les outils de bricolage, outils pour jouer,
- la couleur claire.
- Scène 2 , deux parties dans l’image :
- l’arrière-plan situe le contexte :
- en ligne verticale, l’on voit une forme grise, une usine avec une cheminée qui laisse passer une fumée blanche qui envahit le ciel,
- en ligne horizontale, des enfants en file indienne tenant chacun un marteau et se dirigeant vers l’usine, courbés, tête basse.
- le plan avant met en scène deux personnages : un homme et un enfant :
- l’homme semble donner un ordre menaçant à un enfant en lui tendant un marteau,
- l’enfant a une attitude inquiète ou d’incompréhension. La main et le doigt de l’homme désignent l’usine et renvoient le spectateur vers l’arrière–plan : le travail à l’usine des enfants,
- couleur sombre du dessin.
Dans un texte, ces remarques renvoient au thème, au propos, à la structure du texte.
Quelles relations entretiennent ces deux scènes ?
Plantu instaure une lecture comparée des deux scènes :
- relations de ressemblance :
- retour du personnage de l’enfant,
- présence du marteau,
- même disposition des personnages , en verticale, à gauche de l’image,
- même disposition des objets à droite, en verticale : le sapin ; l’usine prolongée par la fumée.
- relations d’opposition :
- les personnages :
- enfant souriant vs enfants inquiets, soumis,
- adultes : parents souriants, bienveillants vs homme anonyme et menaçant,
- les objets :
- le sapin de Noël vs l’usine,
- le marteau dans boîte de jeu vs marteau, outil de travail pour l’enfant.
Dans un texte, ces remarques équivalent à l’études des connecteurs logiques et à la progression des idées.
Les thèses en présence ?
Ces deux dessins opposent deux conditions de vie de l’enfant :
- l’enfant heureux pour qui un marteau fait partie d’une panoplie de jeu.
- l’enfant malheureux, exploité, pour qui le marteau est l’instrument du travail forcé, de l’esclavage de l’enfant.
Par cette juxtaposition d’images, Plantu dénonce l’exploitation des enfants dans certains pays du monde
et leur inégalité de traitement.
Sa thèse : il faut respecter les droits de l’homme, plus précisément les droits de l’enfant.
Thèse réfutée : l’enfant est un travailleur comme un autre et un outil de production.
L’intention de Plantu ?
Son dessein (son intention) est de faire réagir le destinataire et de soulever son indignation
face à l’exploitation de l’enfant. Le registre est polémique. L’enfant ne dispose pas des mêmes droits partout :
libre vs opprimé ; jeu vs travail forcé .
Risque encouru dans l’analyse
Le risque encouru serait de ne s'en tenir qu'à la dénonciation « du travail des enfants » (information donnée par le paratexte), sans voir la mise en évidence des contradictions de notre monde et l’intention de Plantu de montrer la coexistence de deux univers dont chacun semble ignorer l’existence de l’autre.
Ce qui est implicitement dénoncé, c’est l’indifférence de nos sociétés (qui revendiquent le respect des droits de l’homme !), leur indifférence, donc, face à des pays où les droits de l’homme sont bafoués.
Le titre « le travail des enfants » est polysémique. Ce titre ne s’applique pas de la même façon pour les deux scènes. Il est pris au sens propre dans la vignette 2, et de façon ironique dans la vignette 1. Dans les pays des droits de l’homme, les symboles du travail (le marteau) sont des jouets ; de faux marteaux ; le travail des enfants, c’est en fait, jouer.
