Pour porter un jugement sur létendue de la désintermédiation, le recul de l'économioe d'endettement, les économistes mesurent le taux dintermédiation qui est le rapport des financements accordés par les intermédiaires financiers au total des financements obtenus par les agents non financiers (financements intermédiés et financements de marché). Le jugement est relativement nuancé car sil est évident que les grandes entreprises recourent de plus en plus aux émissions de titres (actions et obligations) et réduisent leurs dettes bancaires, en revanche pour lensemble des agents non financiers, le taux reste élevé : alors quau début des années 1990 il était voisin de 75 %, au début de la décennie suivante il atteint encore 66 %, et depuis cette date il sest redressé parce que le niveau très bas des taux dintérêt réels incite les entreprises à recourir à nouveau à lendettement.
En additionnant les dettes de tous les agents non financiers on obtient une mesure de lendettement intérieur total (EIT).
- Cet endettement est dabord constitué des crédits accordés par les institutions financières.
- Mais il est aussi le résultat des émissions de titres :
- en émettant une nouvelle action la société émettrice reconnaît quelle a une dette envers lactionnaire, le montant de la dette cest la valeur du titre et léchéance interviendra quand la société sera dissoute ; comme cette échéance est aléatoire cette dette nest pas comptée dans lendettement intérieur total
- en émettant une obligation la société reconnaît quelle a une dette envers le détenteur de lobligation, le montant de la dette est le nominal de lobligation (la valeur inscrite sur lobligation au moment de son émission) et léchéance est la date inscrite sur lobligation.
Lendettement intérieur total est mesuré en encours (le stock de la dette) cest-à-dire laddition de toutes les dettes qui nont pas encore été remboursées (à lexception de la dette envers les actionnaires). Voir cet indicateur et sa décomposition pour 2005.
Plus simplement on peut aussi observer que les crédits accordés par des Institutions financières représentaient en 2005 :
- 50 % des dettes des sociétés non financières
- 12 % des dettes des administrations publiques
- et bien entendu 100 % des dettes des ménages (qui ne peuvent pas émettre de titres). Le constat très généralement repris dune évolution nette vers la désintermédiation est très discutable.
Une étude récente de lINSEE (1) portant sur les pays européens montre que le financement intermédié joue encore un rôle essentiel.
« Pour parvenir à une mesure du taux dintermédiation en volume, les encours de titres sont corrigés de la valorisation boursière. Lidée est de capter uniquement, dans laugmentation de la capitalisation boursière, laspect "nouveau financement". Lécart obtenu entre lévaluation en valeur et celle quon préconise en volume montre limportance du biais induit par les effets de valorisation boursière. Lécart entre lapproche par loffre et lapproche par la demande révèle quune large part des financements "demandés" par les agents non financiers sont "offerts" par les intermédiaires financiers. Quant aux écarts entre les différents pays, ils ne se situent guère au niveau des financements externes (financements de marché/financements intermédiés) mais bien plus à celui des modalités même de lintermédiation, selon que lactivité des IF consiste davantage dans le crédit ou dans lachat de titres. Ces évaluations montrent que le degré dintermédiation financière des financements sest maintenu en Europe entre 1994 et 2001, dans une phase dactivité soutenue des marchés de capitaux. Cette évolution conforte lidée que le développement des marchés financiers ne saurait se faire au détriment de celui des intermédiaires financiers. »
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(1) Le financement des agents non financiers en Europe : le rôle des intermédiaires financiers demeure prépondérant, Gunther Capelle-Blancard et Jézabel Couppey-Soubeyran, Economie et statistiques n° 366, 2003