Le financement de l'économie
Chapitre 1. Modalités du financement
Chapitre 2. Le financement intermédié
Chapitre 3. Le financement de marché
Chapitre 4. Rôle des marchés financiers
Chapitre 5. Transformations des banques
Chapitre 6. Transformations des marchés
Chapitre 7. Financement de marché ou financement intermédié
7.1. Marchés des actions, des obligations et marchés dérivés
7.2. Marché monétaire
7.3. L'indispensable intermédiation
Chapitre 8. Exercices
Page d'accueilTable des matièresNiveau supérieurPage précédenteBas de la pagePage suivante

7.3. L'indispensable intermédiation

 Pour porter un jugement sur l’étendue de la désintermédiation, le recul de l'économioe d'endettement, les économistes mesurent le taux d’intermédiation qui est le rapport des financements accordés par les intermédiaires financiers au total des financements obtenus par les agents non financiers (financements intermédiés et financements de marché). Le jugement est relativement nuancé car s’il est évident que les grandes entreprises recourent de plus en plus aux émissions de titres (actions et obligations) et réduisent leurs dettes bancaires, en revanche pour l’ensemble des agents non financiers, le taux reste élevé : alors qu’au début des années 1990 il était voisin de 75 %, au début de la décennie suivante il atteint encore 66 %, et depuis cette date il s’est redressé parce que le niveau très bas des taux d’intérêt réels incite les entreprises à recourir à nouveau à l’endettement.

En additionnant les dettes de tous les agents non financiers on obtient une mesure de l’endettement intérieur total (EIT).

  • Cet endettement est d’abord constitué des crédits accordés par les institutions financières.
  • Mais il est aussi le résultat des émissions de titres :
    • en émettant une nouvelle action la société émettrice reconnaît qu’elle a une dette envers l’actionnaire, le montant de la dette c’est la valeur du titre et l’échéance interviendra quand la société sera dissoute ; comme cette échéance est aléatoire cette dette n’est pas comptée dans l’endettement intérieur total
    • en émettant une obligation la société reconnaît qu’elle a une dette envers le détenteur de l’obligation, le montant de la dette est le nominal de l’obligation (la valeur inscrite sur l’obligation au moment de son émission) et l’échéance est la date inscrite sur l’obligation.

L’endettement intérieur total est mesuré en encours (le stock de la dette) c’est-à-dire l’addition de toutes les dettes qui n’ont pas encore été remboursées (à l’exception de la dette envers les actionnaires). Voir cet indicateur et sa décomposition pour 2005.

Plus simplement on peut aussi observer que les crédits accordés par des Institutions financières représentaient en 2005 :

  • 50 % des dettes des sociétés non financières
  • 12 % des dettes des administrations publiques
  • et bien entendu 100 % des dettes des ménages (qui ne peuvent pas émettre de titres). Le constat très généralement repris d’une évolution nette vers la désintermédiation est très discutable.

Une étude récente de l’INSEE (1) portant sur les pays européens montre que le financement intermédié joue encore un rôle essentiel.
« Pour parvenir à une mesure du taux d’intermédiation en volume, les encours de titres sont corrigés de la valorisation boursière. L’idée est de capter uniquement, dans l’augmentation de la capitalisation boursière, l’aspect "nouveau financement". L’écart obtenu entre l’évaluation en valeur et celle qu’on préconise en volume montre l’importance du biais induit par les effets de valorisation boursière. L’écart entre l’approche par l’offre et l’approche par la demande révèle qu’une large part des financements "demandés" par les agents non financiers sont "offerts" par les intermédiaires financiers. Quant aux écarts entre les différents pays, ils ne se situent guère au niveau des financements externes (financements de marché/financements intermédiés) mais bien plus à celui des modalités même de l’intermédiation, selon que l’activité des IF consiste davantage dans le crédit ou dans l’achat de titres. Ces évaluations montrent que le degré d’intermédiation financière des financements s’est maintenu en Europe entre 1994 et 2001, dans une phase d’activité soutenue des marchés de capitaux. Cette évolution conforte l’idée que le développement des marchés financiers ne saurait se faire au détriment de celui des intermédiaires financiers. »

_________________

(1) Le financement des agents non financiers en Europe : le rôle des intermédiaires financiers demeure prépondérant, Gunther Capelle-Blancard et Jézabel Couppey-Soubeyran, Economie et statistiques n° 366, 2003

Page d'accueilTable des matièresNiveau supérieurPage précédenteHaut de la pagePage suivante