«  Les illusions du scrutin majoritaire »

«….  Pour la 14ème fois, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours, instauré en même temps que la 5 ème République, a permis de dégager une majorité parlementaire capable d’épauler l’action du pouvoir exécutif. C'est-à-dire, hormis les trois périodes de cohabitation des années 1980 et 1990, l’action du chef de l’Etat.

Comme François Mitterand en 1981, François Hollande peut donc remercier le «  grand Charles » dans sa détermination à mettre un terme au scrutin proportionnel qui avait largement nourri la confusion du «  régime des partis ».

Au soir du 17 juin, en effet, le Parti socialiste a obtenu 278 sièges de députés. Avec ses plus proches alliés, divers gauches et radicaux de gauche, il franchit largement la barre de la majorité absolue de 289 sièges.

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Cette force parlementaire est d’autant plus remarquable que, pour la première fois également sous la 5 ème République, la gauche est majoritaire au Sénat depuis l’automne 2011 .

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Le paradoxe du scrutin majoritaire n’en est pas moins évident.

La force de frappe parlementaire qu’il accorde au gouvernement peut-être promesse d’efficacité. Mais elle ne saurait masquer l’étroitesse de sa base politique réelle.

Les records d’abstention enregistrés au premier tour et, plus encore, au second tour des législatives relativisent l’adhésion du pays à l’équipe au pouvoir et à son programme. Le 17 juin, près d’un électeur sur deux s’est abstenu d’aller voter.

La conséquence de cette défection ou de cette indifférence électorale, est impressionnante.

Au premier tour du scrutin, celui où chaque parti se compte, le parti socialiste avait recueilli 29,2% des voix exprimées soit 16,4% des électeurs inscrits. Au soir du second, il rassemble à lui seul presque la moitié des députés…. »

Chronique par Gérard Courtois, extrait du Monde du 19 juin 2012