Initiation à la négociation

Quelques règles de conduite

Les vendeurs et les acheteurs « adoptent des règles de conduite qui sont comme le positif et le négatif de la même photographie ».

Il n'est pas inutile de connaître quelques aspects de la formation spécialisée que reçoivent les vendeurs. Les idées qui figurent dans la colonne de gauche sont tirées de l'ouvrage de Jean JARDIN « Techniques de l'Achat industriel ». Je me suis efforcé, dans celle de droite, d'en déduire ce que devrait être l'attitude correspondante des acheteurs.

Ce que l'on apprend au vendeur

Attitude corrélative de l'acheteur

1- Se présenter en ami

Sans aller jusqu'à montrer une attitude dominatrice, ne pas être l'initiateur du contact amical qui servirait le vendeur. Il suffit à l'acheteur d'être courtois et de bien recevoir le vendeur tout en gardant une distance réfléchie. « Le vendeur n'est pas sûr de vendre, alors que l'acheteur pourra toujours acheter, d'une façon ou d'une autre ». Pol DERRIEN estime qu'il faut « « s'efforcer à n'être jamais personne et à bien le rester » ». A l'inverse, de la technique du vendeur qui essaie dès l'abord de pénétrer « en ami » dans la discussion, l'acheteur a intérêt à opposer, une certaine « froideur amicale », véritable mélange d'une note d'insensibilité (apparente) et un intérêt potentiel déguisé...

2- Être conscient à tout instant que le vendeur est un spécialiste en présence d'un Acheteur polyvalent

C'est vrai ! D'où le conseil que l'on ne saurait trop donner aux acheteurs de préparer leurs « dossiers de négociation » (recherche comparée auprès d'autres fournisseurs, connaissance du marché conjoncturel, des spécifications techniques du produit, de l'existence des produits de substitution, adaptation au langage spécifique, etc...). Bref, acquisition d'un certain « vernis technique » susceptible de dérouter le vendeur.

3- Pour cette raison, exploiter cette supériorité et saisir toute occasion de déborder l'acheteur sur le terrain de la technicité

Il peut être utile également de s'informer préalablement sur les pouvoirs du vendeur et de leurs limites, sur son ancienneté dans l'entreprise qui l'emploie, sur son passé professionnel. On apprendra peut-être que notre vendeur de matériel de reproduction était auparavant chargé de la vente de véhicules de tourisme. Lui aussi a acquis ce « vernis technique » indispensable à sa nouvelle fonction. Sachant cela, il devient plus aisé, pour l'acheteur de déborder son partenaire sur le savoir de sa technicité !

4- Essayer de connaître le plus tôt possible les motivations de l'acheteur pour offrir un service en vue de vendre un produit

Éviter d'être en situation d'urgence d'achat. Ne jamais, en tout cas, le laisser paraître. Ne pas donner l'impression d'être intéressé par le produit proposé. Rechercher ses points faibles. Parler du prix. Jouer les autres paramètres de l'achat.

5- L'acheteur n'est qu'un intermédiaire. A travers lui, il faut viser le véritable utilisateur et le mettre en scène

Seul l'acheteur/décideur est en position forte. Se méfier des prescripteurs qui peuvent avoir une influence sur le choix des produits. Centralisez l'achat. Négociez vous-même avec les éléments de votre entourage. Ne permettez pas les négociations parallèles clandestines. Gardez le pouvoir de décision, qu'il soit reconnu et réel, et que les vendeurs le sachent. Méfiez-vous des détenteurs de vétos partiels qui, dans certaines collectivités, deviennent quelquefois plus puissants que le décideur.

Tout peut dépendre de la position de l'acheteur dans la hiérarchie de son organisation. L'idéal est qu'il participe à l'élaboration de la politique de l'entreprise et que sa fonction soit reconnue comme devant lui permettre d'être maître de ses actes.

Les vendeurs essaieront par tous moyens d'affaiblir cette position de force qui les gêne. Argument d'influence à ne pas sous estimer !

6- Créer un climat psychologique émotionnel. C'est toujours possible. L'important est de choisir l'instant où l'acheteur peut y être sensible.

L'acheteur doit pouvoir reconnaître et maîtriser deux situations différentes.

  1. Le vendeur cherche à négocier dans un contexte psychologique favorable. Cela n'est pas un inconvénient, et l'acheteur doit s'employer lui aussi à jouer du même climat.

  2. Le vendeur recherche l'effet émotionnel pour en tirer avantage. L'acheteur doit se méfier de cette technique et surtout ne pas l'utiliser lui-même. Faire vibrer la corde sensible relève soit d'une position de faiblesse (j'ai tout essayé, il ne me reste plus que cette voie), soit d'une manœuvre qui ne s'inscrit pas dans une négociation de bon niveau.

7- Au besoin, ne pas hésiter à dramatiser si l'on sent l'acheteur vulnérable

Il vaudrait mieux, évidemment, ne pas se mettre en position de vulnérabilité. En tout cas, rester insensible à toute tentative de dramatisation.

Garder son calme, quelles que soient les actions et réactions du partenaire.

Ne pas négocier en état de faiblesse. Cela implique:

  • Une parfaite santé, une bonne connaissance du dossier et des techniques de négociation, l'absence d'urgence d'achat.

  • Avoir toujours l'air de considérer son interlocuteur comme quelqu'un d'important tout en lui donnant l'impression de l'être davantage...

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