ANALYSER POUR COMMUNIQUER : TD N°3
Chapitre 1. T.P. N°1
Chapitre 2. T.P. N°2
2.1. Document
2.2. Tableau de synthèse
2.3. Plan
2.4. Synthèse rédigée
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2.4. Synthèse rédigée

 

A l’heure où la pensée écologique est à la mode, tout le monde croit savoir ce qu’est un paysage. Mais si l’on veut en donner une définition, la complexité de la notion apparaît dans toute son ampleur. C’est cet aspect que met en valeur, en 1995, l’essai Le paysage de François Béguin, tandis que Michel Périgord, Le paysage en France, pour la collection « Que sais-je ? » associe plutôt paysage et géographie et l’Eau-forte de Johann Friedrich Schleuen, en 1756, paysage et histoire. L’éditorial du Monde, en 2002, s’inquiète de la manière dont on pense le paysage aujourd’hui. Marguerite Yourcenar, enfin, nous rappelle, dans le conte « Comment Wang Fô fut sauvé », que le paysage a toujours été l’inspiration des peintres et des sages. Peut-on, à travers ces diverses « visions », analyser véritablement la notion de paysage ? Est-ce du domaine, un peu intouchable, de l’œuvre d’art,  est-ce, au contraire, l’objet d’incessantes transformations, et quels sont nos moyens d’en percer les mystères ?

            A la lecture des documents, le paysage semble d’abord perçu comme le modèle des peintres. F. Béguin affirme ainsi que le mot sert à désigner «une manière de voir » et que nous percevons surtout « l’image que les lieux donnent d’eux-mêmes », à travers, par exemple, l’œuvre des « peintres  paysagistes » évoqués par Michel Périgord, ou bien des œuvres plus conventionnelles comme la représentation du château de Sans-Souci de Schleuen. Ce thème du paysage-inspiration est aussi celui de la nouvelle de Marguerite Yourcenar.
           Pour le peintre Wang Fô, il s’agit même plutôt du support d’un rêve éveillé dans lequel l’artiste transfigure la réalité…jusqu’à tromper le jeune empereur, cruellement déçu par la réalité le jour des ses seize ans lorsque s’ouvrent les portes de sa prison dorée. Ce rapport très fort à l’art est aussi évoqué par M. Périgord qui le qualifie même d’ « œuvre d’art…allant des paysages imaginaires aux paysages virtuels. ». Dans tous les cas, il y a l’idée que le paysage est lié par des relations mystérieuses et très profondes à l’homme qui l’habite.
           F. Béguin le voit comme « l’espèce de grande toile de fond qui accompagne nos déambulations à la surface de la terre… » et il pense même que les paysages participent activement au devenir des hommes en ouvrant « la vie sur des dimensions plus vastes que celles où se trouve généralement cantonnée l’activité humaine ». M. Périgord va encore plus loin lorsqu’il dit que s’est fondée « une véritable civilisation paysagère imprégnant profondément les strates de la société française ». Le paysage ne serait en effet pas seulement un sujet pour l’art ou le rêve, mais aussi  un objet de pouvoir et d’action.

            Ce pouvoir de l’homme sur le paysage apparaît d’abord dans les transformations dues à l’histoire. F. Béguin évoque ainsi les paysages constitués autour des monuments de l’antiquité et l’eau-forte de Schleuen témoigne également de la manière dont les puissants du monde ont crée des paysages à leur propre gloire. Mais F. Béguin souligne que les hommes n’avaient pas conscience des transformations qu’ils opéraient ainsi et que ce n’était pas leur motivation. Ce sont plutôt les observateurs du paysage (géographes, romanciers) qui ont fait émerger cette notion.
           En effet la main de l’homme bouleverse les paysages sans « la conscience des effets qu’ils provoquent et du monde hostile qu’ils construisent ». F.Béguin traduit longuement cette « inquiétude écologique » parlant « d’extension désordonnée, d’évolution brutale, de paysages anciens dévastés ». Avec un lexique très péjoratif, il met ainsi en évidence un véritable problème posé par l’évolution des sociétés industrielles, problème tellement aigu qu’il fait l’objet d’éditoriaux de grands journaux. Le journaliste de
la Revue des Deux-Mondes se demande ainsi « Comment en est-on arrivé là ? » et il proclame qu’ « il y a quelque chose de pourri au royaume du paysage en France ». Il ne nie pas que des changements soient nécessaires mais il affirme que l’on ne peut faire n’importe quoi au nom de la modernité. C’est aussi le point de vue de M. Périgord qui prend acte des innombrables mutations du paysage durant les quatre derniers siècles. Mais sa vision est moins pessimiste puisqu’il dit que les transformations se font « toujours avec préoccupation de favoriser l’émergence d’une certaine harmonie ».
           Les uns et les autres s’accordent ainsi pour dire que, au milieu des aléas de l’histoire et du progrès, le paysage reste un élément de stabilité et un facteur de liens. F. Béguin y voit « un patrimoine d’images partagées qui fonde une identité » et « un medium par rapport à l’immensité du monde naturel ». M. Périgord pense, lui, que « le paysage apparaît comme un élément de stabilité et de permanence » et la revue des Deux-Mondes décrit « un tout complexe et harmonieux » attirant toujours « les légions de touristes ».  Ce rôle important fait du paysage un sujet à la mode dont l’opinion publique se préoccupe et qui est l’objet de nombreuses investigations.

            Des tentatives de définition faites par F. Béguin et M. Périgord, il ressort que l’étude du paysage relève de multiples domaines. M. Périgord y voit la conséquence de « sensibilité sur un thème où interfèrent homme, nature, histoire », tandis que F. Béguin pense que « de multiples branches du savoir y contribuent ». Il énumère les actions nécessaires : savoir, connaître, évaluer, identifier. Il évoque les domaines concernés, littérature, peinture, philosophie et surtout la géographie qui semble être la science historique du paysage.
           L’auteur fait référence au rôle didactique de la géographie « qui peut nous apprendre comment les paysages se construisent et se transforment ». Le journaliste de la revue des Deux-Mondes évoque, lui aussi, cet aspect, parlant de « métaphore identitaire » entre le paysage et la géographie. Mais c’est M. Périgord qui met le plus en évidence le rôle incontournable et historique de la géographie dans l’étude du paysage.  Il montre comment les grands géographes sont passés d’une notion fragmentée en « paysages morphologiques, végétaux, agraires et urbains » à une approche plus globale de « savoir du paysage ». Lui aussi salue les progrès dans les moyens d’investigation, progrès qui permettent une nouvelle approche nécessaire.
           C’est ce que réclame l’éditorialiste de la revue des Deux-Mondes car, dit-il, la notion de paysage a évolué dans l’ambiguïté ; le paysage est soit surprotégé, soit détruit. Il faut donc « mettre en équation » tous les domaines concernés, « la culture et la nature, la politique et l’esthétique ». M. Périgord prête aux géographes ce talent de pouvoir mener « une véritable aventure à l’intérieur des sciences humaines ». Ils participent de plein droit aux politiques de gestion et d’aménagement des paysages. L’auteur souligne enfin, comme l’éditorialiste de la revue des Deux-Mondes, la nécessité pour la loi de fixer les pouvoirs des uns et des autres sur « l’objet » paysage. Car, dit F. Béguin, nos paysages sont fragiles et il n’est pas sûr que nous soyons capables d’en créer de nouveaux.    
 

           

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