Discours  de Bernard Kouchner, Secrétaire d’Etat à la Santé et à l’Action sociale. Plan de lutte contre le tabagisme. Conférence  de presse,  le mercredi 2 mai 1999, à 11h 30   
      Dans notre pays, le tabagisme est l’ennemi n°1  de la santé publique, la première cause de la mortalité évitable. On déplore  ainsi chaque année en France 60 000 décès prématurés, soit un décès sur  neuf, directement causé par ce fléau. Un fumeur régulier sur deux, s’il a  commencé dès l’adolescence, mourra victime du tabac. Parmi ces fumeurs, 50  % décéderont avant 70 ans. Chez les hommes de 45 à 65 ans, un décès sur trois  est dû au tabac. 
         
Ce  fléau frappe tout particulièrement les adolescents, en moyenne dès l’âge de 14  ans. Près de 60 % fument à 18 ans, contre seulement 25 à 30 % des adolescents des pays scandinaves. Les adolescentes consomment de plus en plus, désormais davantage que les garçons,  et s’exposent à des risques spécifiques, liés notamment à la prise concomitante  de contraceptifs oraux […]
  
Les méfaits du tabagisme passif, notamment en termes de carcinogénèse, sont établis  par d’importantes études épidémiologiques aux Etats-Unis comme en Europe. Le  tabac est un facteur de risque majeur de mort subite du nourrisson, d’asthme et  de bronchiolite. […]
  
Cette hécatombe peut être évitée, au moins partiellement par nos décisions  d’aujourd’hui. […] 
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Qui  parle ? A qui ? (en jaune)
  Observez  le paratexte. Certes tout le monde sait que Bernard Kouchner est médecin. Mais le paratexte nous apprend qu’il parle en tant que Secrétaire  d’état à la santé et à l’action sociale et qu’il s’adresse à la presse. Mais s’adresse-t-il selon vous,  exclusivement à la presse ?
  
    = Non. Par delà le contact direct, il vise un  auditoire plus large : tous ceux qui   sont victimes du tabagisme. (les adolescents ; les hommes de 45 à  65 ans…les filles ; les garçons)
    
  Son but ? Chercher à convaincre l’auditoire  présent et potentiel du bien-fondé des mesures qu’il va prendre contre le  tabagisme
  
Le  jeu des réseaux lexicaux (en rouge et vert) : 
  Deux réseaux lexicaux s’entrecroisent :
  
    - Celui de la mort annoncée ou effective (en rouge) :  « décès » ; « décéderont » ; « mort  subite » ; « hécatombe ». 
 
    
  
Notez la  gradation du réseau lexical avec la présence du terme « hécatombe »  qui insiste sur le nombre très important de décès provoqués par le  tabagisme ; ce terme a force de conviction ! Et il situe le  texte au seuil de la démarche de persuasion : en effet Bernard Kouchner veut provoquer un effet de  crainte chez l’auditeur en jouant sur une des trois voies argumentatives le pathos c’est-à dire l’émotion
  -  Celui  de la médecine (en vert), lequel corrobore et valide scientifiquement l’idée de danger mortel du tabac : « tabagisme passif » ;  « carcinogénèse » ; « études épidémiologiques » ;  « asthme » ; « bronchiolites »
 
Les éléments  textuels de type informatif (en bleu) : 
          Les chiffres , les  pourcentages : « près de 60% fument à 18 ans » ;  « 50% décèderont avant 70 ans » ; « un décès sur  trois »
Les type  d’arguments mis en œuvre : 
  Kouchner a recours à une  argumentation de type empirique  (cf la partie Méthode, chap. 3.4.2.). c'est-à-dire qu’il convoque des arguments fondés sur l’expérience, sur  l’observation de la réalité. Ce sont les conséquences néfastes du tabagisme qui  sont exposés dans le discours de Bernard Kouchner. C’est un argument pragmatique,  visant l’action sur le réel.
  
Ce type d’arguments est particulièrement  efficace quand vous voulez convaincre rapidement de la nécessité  de tel ou tel choix. 
  
    Solliciter les  conséquences nuisibles d’un phénomène ou d’une décision est une stratégie qui  pèse sur l’interlocuteur puisqu’il peut  partager avec vous ce qui est le fruit de l’observation et de l’ expérience.
QUELLES TECHNIQUES ARGUMENTATIVES EST-IL BON DE RETENIR dans le cadre d’une  intervention que vous avez à assurer et concernant par exemple un fait de  société, ou un discours que vous avez à prononcer pendant vos  études, ou dans votre vie professionnelle. 
  
 
    Notez  que le ministre s’appuie, pour CONVAINCRE, sur des données médicales et  mathématiques, à portée scientifique   (il s’adresse au logos, argumentation logique)  données dans lesquelles il introduit des termes comme « fléau »,  « hécatombe »  termes propres  à intervenir sur l’émotion des auditeurs ou lecteurs (le pathos). 
  L’argumentation de type empirique est concrète et efficace.