ANALYSER POUR COMMUNIQUER : TD N°3
Chapitre 1. T.P. N°1
1.1. Document
1.2. Tableau de synthèse
1.3. Plan
1.4. Synthèse rédigée
Chapitre 2. T.P. N°2
Page d'accueilTable des matièresNiveau supérieurPage précédenteBas de la pagePage suivante

1.4. Synthèse rédigée

 

La construction d’une autoroute est un des signes par lequel un pays montre qu’il rejoint le monde moderne. Cette symbolique a donc suscité intérêt et polémiques. Ainsi le philosophe Michel SERRE illustre-t-il sa pensée dans un dessin publié en 1977 aux Editions Glénat, tandis que Michel TOURNIER choisit de donner la parole à deux routiers dans une nouvelle du recueil Le Coq de bruyère, L’aire du muguet, éditée chez Gallimard en 1978. Si l’Encyclopédie Encarta adopte ton et vocabulaire techniques pour décrire en 2001, dans le chapitre « Transport », le phénomène autoroutier, elle en évoque cependant les effets pervers, développés auparavant, dans son essai De la modernité, par l’universitaire Jean CHESNEAU, en 1983. De son côté, le journal LE MONDE dénonce en 1993 la résurgence d’une violence qu’on croyait oubliée, celle des « pirates » de la route. Le phénomène autoroutier doit-il donc être compté au crédit ou au débit du monde moderne ? Car si l’autoroute est un monde clos, un univers de violence, elle est aussi porteuse de promesses pour l’avenir.

 

Tous les documents s’accordent à décrire l’autoroute comme un monde clos. J. CHESNEAU parle de système « hors-sol » et souligne, comme le document 5, son insertion impossible dans les paysages et les agglomérations qu’elle prétend relier.

Pierre, un des deux protagonistes de L’aire du muguet, proclame avec émotion « T’as changé de monde. T’es dans un nouveau. », monde à part dans lequel il s’immerge totalement. L’article du MONDE  présente au contraire l’autoroute comme un « théâtre d’opération » aux mains de pirates, semblable aux océans d’autrefois, et sur lequel il vaut mieux ne pas s’aventurer lorsqu’on est « étrangers ».

C’est que l’autoroute est un facteur de séparation entre ceux qui « en sont », routiers, pirates, et les autres, simples usagers. Même lorsqu’elle prétend reproduire « le flux…des activités humaines », elle ne charrie, comme le dénonce J. CHESNEAU, que des individus isolés dans leur véhicule, en proie à tous les soucis qu’ils croient fuir. Même Pierre, l’amoureux de l’autoroute, va mourir pour avoir voulu transgresser ses lois, pour avoir voulu en sortir hors des chemins balisés.

 

L’autoroute est ainsi représentée également comme un univers livré à la violence.

J. CHESNEAU dresse le portrait de  « l’usager prisonnier » d’un univers programmé et balisé, ne laissant aucune place à l’initiative personnelle, mais dans lequel on subit cependant individuellement les aléas de la circulation et des intempéries.

Il met aussi en évidence la violence latente que représente la cohabitation de grosses cylindrées, de poids lourds, avec des véhicules plus lents, plus légers ; sélection « sociale » mais aussi violence matérielle et physique en cas d’accidents.

De violence physique il en est encore question dans l’article du MONDE où le journaliste parle « d’agressions, de malfaiteurs, de victimes ». Il conclue en soulignant, avec ironie, l’impuissance des autorités qui conseillent de ne pas chercher à résister aux « pirates de la route ».

Le dessin de Michel SERRE symbolise à la fois tous ces types de violences : la violence du « non choix », de la contrainte puisque les véhicules ne peuvent que se jeter dans le vide ; la violence physique de la mort au pied de la falaise. Cela c’est « l’enfer ». C’est pourtant « le paradis » que promettait l’autoroute grimpant vers le ciel, large, droite dans une nature accidentée, chaque véhicule à sa place.

 

L’autoroute est  en effet, heureusement, porteuse de promesses.

J. CHESNEAU retourne sa comparaison négative avec les méfaits de la modernité en concluant sur des aspects positifs : « La modernité, c’est aussi la facilité, la simplicité, la commodité… » Il fait écho aux propos de Pierre, « c’est propre, c’est rapide… » et à « l’euphorie » des deux chauffeurs « à l’aube d’une journée qui promettait d’être superbe ».

Autant de qualités et d’avantages décrits dans le chapitre de l’Encyclopédie Encarta qui souligne tout particulièrement la motivation ayant prévalu à la construction de nombreuses autoroutes : il s’est agi d’abord de « désenclaver » en dépit quelquefois des considérations de rentabilité. C’est particulièrement le cas des pays montagneux comme la Suisse ou l’Autriche. L’autoroute se trouve ainsi avoir une fonction de lien pour les hommes.

Enfin l’autoroute est l’occasion pour le génie humain de s’exercer dans la construction d’ouvrages d’art de plus en plus audacieux (Encarta évoque les 17 km du tunnel sous le Saint-Gothard…) et qui jusque là ne s’étaient vus que sur le réseau ferré.

 

 

Page d'accueilTable des matièresNiveau supérieurPage précédenteHaut de la pagePage suivante