La décision d'une mobilité et la préparation au départ

Chapitre 6. Minimiser le risque d'échec de l'expatriation : les conseils d'un expert

Une meilleure préparation à l’expatriation serait-elle la solution aux échecs qui
surviennent trop souvent ?

Pour répondre à cette question, nous avons interviewé Sylvie Aderibigbe , ancienne expatriée désormais reconvertie en coach. Elle est également auteur du livre « Your path to work life balance for expatriates ».

Quelles sont, pour vous, les principales causes d’échec de l’expatriation ?

« Un manque de recherche et de planifications, ainsi qu’une mentalité peu ouverte sur le nouveau pays. En effet, peu de personnes font une recherche plus approfondie des aspects culturels, des us et coutumes du pays dans lequel ils vont se rendre. On ne pense qu’à planifier les aspects pratiques alors que la culture est un aspect essentiel ».

Selon vous, pour quel type d’expatrié cette expérience est-elle la plus
difficile à vivre ?


« Pour la famille et les époux qui suivent. Il faut savoir que le salarié expatrié va se mettre à travailler beaucoup plus que dans son pays d’origine. Par conséquent, il passe plus de temps au travail qu’en famille. De plus, la famille ne connaît souvent pas les us et coutumes du pays qui l’accueillent et ne sait pas comment se construire un réseau social. La barrière de la langue est aussi présente. La famille se sent donc en décalage, certains souffrent même du choc culturel. D’autres souhaitent trouver leurs repères, des points d’ancrages qui les rassurent comme un travail ou une activité qui puisse donner un sens à leur expérience, ce qui n’est pas toujours simple. »

D’après vous, quelle est la plus grosse difficulté rencontrée lors de
l’expatriation ?

« Ce sont surtout les aspects émotionnels qui résultent du choc culturel. D’autant plus que pour les conjoints qui suivent, tout a été laissé de côté pour l’autre et rien n’est planifié pour soi ».

Avez-vous connu des déceptions lors de votre propre expérience ?

« Oui, du point de vue du logement, j’ai emménagé dans des endroits que je n’avais pas visités. Du point de vue financier, le système britannique était moins strict qu’en France, j’ai donc dû m’adapter. J’ai aussi eu droit aux stéréotypes au travail. Etant enseignante en langues, on me collait le cliché de la française sexy. Par conséquent, je devais redoubler d’effort dans mon comportement et dans ma façon de m’habiller pour compenser ce préjugé auquel je devais faire face. Malheureusement, j’ai également eu droit à des insultes racistes sur un de mes lieux de travails. »

A votre avis, une meilleure préparation est-elle la seule solution envisageable
pour éviter ces échecs ?

« Je ne pense pas que ce soit la seule solution, mais c’est une solution qui permet d’anticiper tous les aspects de l’expatriation et ainsi s’éviter des déceptions ».

Propos recueillis par Chloé Diquéro .