Délibérer
Chapitre 1. Nous définissons
Chapitre 2. Testez-vous
Chapitre 3. La méthode
Chapitre 4. Exercez-vous
4.1. Exercice de niveau 1
4.2. Exercice de niveau 2
4.3. Exercice de niveau 3
4.3.1. EXERCICE
4.3.2. Questions
4.3.3. Corrigé
Chapitre 5. Vous retenez
Page d'accueil Table des matières Niveau supérieur Page précédente Bas de la page Page suivante

4.3.3. Corrigé

Discussion du projet de loi portant abolition de la peine de mort
Discours de Robert Badinter à l'Assemblée nationale, le 17 septembre 1981

Pour afficher le texte commenté, cliquez ici

La situation de communication

  • Qui ? A qui ? Quoi ? Où ? Ce texte relève du genre délibératif :
    - Il concerne les assemblées où l’on prend des décisions selon les règles de la démocratie. Robert Badinter, Ministre de la Justice s’adresse aux députés de l’Assemblée nationale.
    - Objectif : vote pour ou contre la peine de mort. L’enjeu est politique, mais ce vote s’adresse à la délibération de chaque député qui devra se prononcer sur le sujet.
  • La présence des acteurs du débat dans le discours s’appuie sur :
    - Les pronoms personnels de la première personne (Je = R. Badinter) accompagnés de verbes de parole (couleur verte) : « je l’ai déjà dit », « je rappelle », et de la deuxième personne du pluriel (= les députés de l’Assemblée Nationale) : « Vous voterez l’abolition de la peine de mort »,
    - La première personne du pluriel « Nous », « nôtre » (= le locuteur + l’Assemblée nationale) : complicité suggérée par ce « nous », vs le pronom indéfini « On » (= les adversaires à l’abolition de la peine de mort) et expressions synonymes : « certains voient » ; « pensent-ils » (couleur jaune). Ces termes font entendre les arguments de la thèse adverse.

Les stratégies argumentatives

  • La disqualification de la thèse adverse (couleur jaune) :
    - Des verbes : « On a négligé » , « on a refusé » , « on a occulté » , « on ne s’est jamais interrogé »,
    - Des adjectifs évaluatifs :« l’une et l’autre de ces affirmations me paraissent erronées »,
    - Le conditionnel modal : « la guillotine , pensent-ils, protégerait éventuellement la démocratie au lieu de la déshonorer » ; « la justice tuerait moins par vengeance que par prudence »,
    - Les expressions fortement connotées … : « la justice d’élimination » (expression employée 4 fois),
    - Des substantifs dévalorisants : « anti-justice » (les modalisateurs).
  • La qualification des arguments du Garde des Sceaux :
    - Les arguments d’autorité : la citation de Jean Jaurès au début du discours, les références aux institutions religieuses et aux Associations internationales,
    - Les références aux valeurs du vrai (vs faux) ; de la raison vs l’irrationnel (en caractères gras dans le texte) / le recours aux valeurs du juste ( vs injuste), et de la morale : le sens de l’humain,
    - L'appel à une démarche de clairvoyance et de lucidité : « Il faut savoir dans quelle voie on s’engage » ; « Pour qui veut s’interroger loyalement »…vs un jugement passionnel : « justice d’angoisse et de mort ».

Recours à la concession ?

Rappel : la concession est une construction logique qui consiste à feindre d’approuver -ou approuve- un argument de l’adversaire pour mieux présenter un argument décisif.

Les deux paragraphes concernés (voir texte commenté) sont signalés comme structure concessive dans le corps du texte : « Du malheur et de la souffrance des victimes, j’ai beaucoup plus que ceux qui s’en réclament, souvent mesuré dans ma vie l’étendue […] Mais cette sensibilité et ce combat ne sauraient impliquer la nécessaire mise à mort du coupable ».

Trois arguments en faveur de la peine de mort

  • Valeur pragmatique :
    La guillotine protégerait la démocratie au lieu de la déshonorer.
    L’assassin doit mourir car ainsi il ne récidivera pas.
  • Valeur morale :
    Répondre au malheur et à la souffrance des victimes.

Trois arguments pour l’abolition de la peine de mort

  • Valeur pragmatique :
    Aucune corrélation entre présence ou absence de la peine de mort et la courbe de criminalité sanglante.
  • Valeur morale (arguments d’autorité) :
    - Citation de Jean Jaurès « La peine de mort est contraire à ce que l'humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêve de plus noble. Elle est contraire à la fois à l'esprit du christianisme et à l'esprit de la révolution »,
    - Références aux institutions religieuses, Associations internationales, Ligue des droits de l’homme,
    - Foi en l’homme : il n’est point d’homme en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement (présenté sous forme de vérité générale).

 

Les risques encourus dans cet exercice sont de ne pas suffisamment prendre en compte l’opposition entre les arguments rationnels et les arguments affectifs. En outre, il est nécessaire d’identifier le recours à la concession, qui fait entendre les arguments adverses pour mieux ensuite les invalider.

 

Page d'accueil Table des matières Niveau supérieur Page précédente Haut de la page Page suivante