Leila Haddad, dans la revue Ciel et Espace, signe un article intitulé L’espace : du mythe à la réalité. Le titre est construit en antithèse et renvoie au nom de la revue, opposant domaine terrestre et extra-terrestre.

  

   Après le lyrisme des premières lignes, « l’homme aux semelles de plomb, l’homme aux semelles de vent… », l’auteur nous rappelle brutalement aux réalités matérielles de la conquête spatiale et dévoile ainsi le but qu’elle poursuit : débusquer ce qui se cache derrière le mythe, montrer comment l’irrationnel sert de prétexte pour développer des ambitions très « terre à terre ».

   Cette démonstration est menée en trois phases : L. Haddad montre d’abord comment la science apporte à tous les hommes, qu’ils s’évadent seulement par l’esprit ou également par le corps, la possibilité de réaliser leur rêve. La double négation « nous ne pouvons pas ne pas… » présente en fait la conquête spatiale comme une obligation liée à notre histoire. En soulignant la dualité de la nature humaine – le lexique de la spiritualité s’oppose à celui de l’action- l’auteur pose comme postulat l’attirance de l’homme pour l’espace.

   L. Haddad, qui s’appuie sur des arguments d’autorité, des citations de scientifiques, démontre ensuite que les grands mythes de l’humanité et la science spatiale ont d’étroits rapports d’influences réciproques : sont ainsi associés le lexique de l’imaginaire à celui de la science, l’idée de perte à celle de gain, le domaine irrationnel du rêve à celui pratique du projet.

Mais le parallèle bute sur le mythe extrême de la nouvelle frontière dont l’auteur démontre l’impossibilité en rappelant la notion de « zone habitable » et le lien indéfectible de l’homme à la terre : le lexique souligne la situation paradoxale des stations orbitales « écosystèmes isolés » survivant grâce au «  cordon ombilical »  séparées mais liées…

   Elle en vient enfin au but de cet article, mettre au jour les intentions réelles de la Nasa. Le lexique se fait presque familier et même polémique. La multiplication des verbes d’action donne à voir les efforts de l’Agence spatiale pour nous convaincre.

Le connecteur « pourtant », la négation «n’est que la partie émergée de l’iceberg… », l’adverbe « autrement » martèlent ce qui pour L. Haddad est la réalité de la conquête spatiale : l’enjeu économique et stratégique.