1 Principe
Le transformateur est une machine statique à induction magnétique transformant un système de tensions périodiques en un ou plusieurs systèmes de tensions de même fréquence.
Un transformateur monophasé est composé d'au moins deux bobines couplées magnétiquement.
La bobine qui reçoit l'énergie du réseau est l'enroulement primaire et celle qui alimente la charge est l'enroulement secondaire. Pour avoir une bonne transmission de l'énergie le couplage doit être aussi serré que possible; pour cela les deux bobines sont placées sur un même circuit magnétique de forte perméabilité relative. Pour minimiser les fuites magnétiques les deux bobines sont souvent placées l'une au dessus de l'autre.
La fig.1 représente un transformateur de type cuirassé pour lequel les deux bobines sont placées sur un noyau central.

Pour les transformateurs de forte puissance, on peut utiliser un circuit magnétique rectangulaire, les bobinages étant répartis par moitié sur chaque colonne et placés l'un au-dessus de l'autre.
Pour des raisons d'isolement entre les enroulements et le circuit magnétique, l'enroulement soumis à la plusfaible tension ( bobine BT) est le plus proche du noyau.
Pour avoir un schéma plus lisible, nous représentons les deux bobines séparées (fig.2). Définissons sur ce schéma les conventions de signes utilisées pour l'étude du transformateur:

è Orienter le flux j dans un sens arbitraire.
è Orienter les courants : le sens positif des courants correspond à celui qui fait circuler un flux positif. Nous utilisons la règle du tire-bouchon pour orienter les courants.
è Orienter les tensions : le primaire reçoit de l'énergie du réseau, nous utilisons donc une convention récepteur au primaire. Le secondaire fournit de l'énergie à la charge, nous utilisons donc une convention générateur au secondaire.
Lorsque nous ne représentons pas le bobinage développé mais que nous le schématisons sous forme du symbole d'une inductance, nous pouvons repérer le sens du courant donnant un flux positif en plaçant un point pour repérer la borne d'entrée de la bobine : un courant entrant par la borne repérée par le point crée des ampères-tours positifs et un courant sortant par cette borne crée des ampères-tours négatifs.
2 Transformateur parfait
2.1 Hypothèses
Nous dirons qu'un transformateur est parfait si:
è le circuit magnétique est parfait, c'est à dire linéaire, de réluctance nulle et sans pertes magnétiques.
è les bobinages sont parfaits: résistance nulle, fuites magnétiques nulles.
Le primaire du transformateur est alimenté par une tension sinusoïdale v1 de fréquence f. Le circuit étant linéaire, toutes les grandeurs sont sinusoïdales de fréquence f. La bobine primaire comporte n1 spires et la bobine secondaire n2 spires.
2.2 Équations du transformateur parfait
Soit les flux à travers la section droite du circuit, respectivement j dans le circuit magnétique, j1 dans la bobine primaire et j2 dans la bobine secondaire.
Les fuites étant nulles, il vient : j = j1 = j2.
La f.é.m. induite, comptée positivement dans le sens du courant, est:
v dans la bobine secondaire e2 = -n2.dj/dt

Nous en déduisons e2/e1 = n2/n1 = m. Les bobines parfaites étant d'impédance interne nulle, il vient (fig.3):
v1 = - e1 et v2 = e2 . Nous avons donc v2/v1 = -e2 / e1 = -m. En valeur efficace: V2 / V1 = m , rapport du nombre de spires appelé rapport de transformation. Le signe - du rapport des tensions instantanées signifie qu'elles sont en opposition de phase.
Si m > 1, nous dirons que le transformateur est élévateur de tension; si m < 1, nous dirons qu'il est abaisseur de tension.
Ecrivons la loi d'Hopkinson: f.m.m. E = R.j = n1.j1 + n2.j2 . Le circuit magnétique étant parfait, sa réluctance étant nulle, il vient : j2/j1 = -n1/n2 = -1/m. Les intensités sont donc transformées dans le rapport inverse des tensions.
La puissance apparente primaire est S1= V1.J1 soit S1= (V2/m)(m.J2) = V2.J2 ; elle est donc égale à la puissance apparente secondaire S2. Toutes les pertes étant négligées, la puissance est intégralement transmise: P2 = P1; le facteur de puissance cosj = P/ S est donc le même au primaire et au secondaire.
Soit Bmax la valeur crête du champ magnétique dans le circuit de section droite d'aire S, nous appliquons le théorème de Boucherot ; il vient : V1= 4,44.n1.S.f.Bmax . Pour un transformateur donné n1 et S sont fixés, le champ Bmax, donc le flux Fmax, ne dépendent que de la tension efficace du réseau primaire et de sa fréquence:
Dans un transformateur parfait en régime sinusoïdal, nous dirons que le flux est forcé par la tension primaire ce qui veut dire qu'il ne dépend que de la valeur efficace et de la fréquence de cette tension.
Le secondaire étant à vide j2 = 0 donc le courant primaire j1 = -m.j2 est nul. Le secondaire étant en charge,
j2 ¹ 0 donc j1 ¹ 0 ; le courant secondaire crée un flux modifiant le flux à vide; comme celui-ci doit rester constant, le primaire appelle le courant nécessaire pour annuler les ampères-tours secondaires.
2.3 Transfert d'impédance
Le secondaire étant chargé par une impédance Zu , il vient: V2/J2 = Zu. Avec les relations de transformation :
(-m.V1) / (-J1/m)= Zu soit V1/J1 = Zu/m². Le réseau alimentant le primaire "voit" l'impédance Zu/m² dite impédance ramenée au primaire.
Inversement, une impédance Zp placée au primaire aura le même effet que l'impédance m².Zp placée au secondaire.
Le transformateur a donc la propriété de modifier l'impédance vue du primaire ou du secondaire ; cette propriété donne une application du transformateur en électronique pour adapter une charge à un générateur, par exemple l'impédance faible d'un haut-parleur au dernier étage amplificateur d'un poste radio.
Lorsque l'on transfère une impédance à travers un transformateur, il faut , pour avoir équivalence, la multiplier par le carré du rapport de transformation dans le sens de transfert.
3 Modèle du transformateur réel
3.1 Modélisation du transformateur
Dans le fonctionnement réel du transformateur, nous devons tenir compte de tous les défauts des bobines et du circuit magnétique. Nous utilisons les modèles définis lors de l'étude des circuits magnétiques. Il y a un seul circuit magnétique pour deux bobines donc son modèle n'apparaîtra qu'une fois dans le modèle du transformateur; l'énergie magnétisante devant être fournie même à vide, le circuit magnétique sera modélisé au primaire.
v la résistance R1 du bobinage
v l'inductance de fuites L1 de la bobine primaire
v les imperfections du circuit magnétique: le courant j10 est le courant sinusoïdal équivalent au courant réel à vide; Rw modélise les pertes de puissance active dans le fer et Lp la création du flux utile j dans le circuit magnétique.
è Au secondaire nous faisons apparaître les défauts de la bobine:
v la résistance du bobinage R2
v l'inductance de fuites de la bobine L2.
Les fuites étant modélisées, les f.é.m e1 et e2 sont créées par le même flux j commun aux deux bobines idéales; nous avons donc : e1 = -n1.dj/dt et e2 = -n2.dj /dt. Le couplage magnétique entre primaire et secondaire peut être modélisé par le transformateur parfait défini au paragraphe 2.
Ecrivons les équations du transformateur modélisé suivant la fig.4.a:
v au primaire: (1) V1 = (R1+ j.L1.w) J1-E1 ; (2) E1 = - j.n1.w.F ;
(3) J1 = J10+J1t = Jw + Jµ + J1t
La tension efficace V1 est différente de la f.é.m E1; le flux j n'est plus exactement forcé par le réseau primaire; en pratique la chute de tension dans le primaire est négligeable devant V1 donc le flux est quasi forcé. De (3) et (5) nous tirons l'équation J1 = J10 + J1t = J10 - m.J2 d'où l'équation aux ampères-tours (8) n1.J1 + n2.J2 = n1.J10 . J1t est le courant nécessaire pour annuler les ampères-tours secondaires; il n'apparaîtqu'en charge , nous l'appelons courant de travail.
Ce modèle équivalent permet théoriquement l'étude du transformateur; par exemple si nous fixons V2 , J2 et j2 = ( j2 ,v2 ) nous pouvons calculer toutes les autres grandeurs si nous connaissons toutes les grandeurs du schéma équivalent. Ce modèle n'est cependant pas exploitable en pratique car il est très difficile de mesurer toutes les impédances en particulier les inductances de fuites.
3.2 Modèle simplifié du transformateur dit "modèle de Kapp"
Lorsque le transformateur fonctionne en charge, le courant de travail est généralement grand devant le courant j10; nous modifions le modèle de la fig.4.a pour obtenir celui de la fig.4.b.

La bobine représentant les imperfections du circuit magnétique a été transférée en tête du modèle.
Les différences avec le premier modèle sont :
v la chute de tension au primaire est (R1+jL1.w) J1t au lieu de (R1+jL1.w).J1 différence négligeable en charge.
v la bobine modélisant le circuit magnétique Rw, Lp est soumise à v1 au lieu de e1; le flux est forcé par la tension primaire.
Sur ce schéma, nous pouvons transférer l'impédance interne du primaire au secondaire en la multipliant par m². Le modèle équivalent obtenu, dit de Kapp est représenté sur la fig.4.c.

Nous associons l'impédance secondaire Z2= R2+ j.L2.w avec l'impédance ramenée du primaire
m².Z1= m².(R1+ j.L1.w) pour obtenir l'impédance totale ramenée au secondaire
Zs = Z2 + m².Z1 = (R2+ m².R1) + j.w.(L2+m².L1)=Rs+j.w.Ls.
Rs et Ls sont respectivement la résistance totale et l'inductance totale de fuites ramenées au secondaire.

Les équations de ce modèle équivalent sont: (9) V1= - E1 ; (10) Eth = -m.E1 ; (11) V2 = Eth - Zs.J2 .
L'équation (8) aux ampères-tours n'est pas modifiée.
Vu de la charge, le transformateur est un générateur de f.é.m eth et d'impédance interne zs; la f.é.m eth est égale à la tension secondaire à vide; l'impédance zs est l'impédance vue entre les bornes de sortie lorsque lesgénérateurs de tension sont éteints, c'est à dire pour v1 = 0 donc eth = 0; ces éléments sont ceux du générateur de Thévenin équivalent au transformateur et au réseau primaire vus de la charge.
Ce modèle permet de réaliser simplement le bilan de puissance: soit P2 et Q2 les puissances active et réactive fournies par le secondaire à la charge; les pertes au secondaire sont:
è pertes actives : pj = Rs.J2² = R2.J2² +m².R1.J2²= R2.J2² +R1.J1t² , valeur peu différente des pertes par effet Joule réelles R2.J2² +R1.J1² .
è pertes réactives qfui =Ls.w.J2² ,valeur peu différente de la puissance réactive nécessaire pour magnétiser les circuits de fuites.
è Le transformateur parfait TP est sans pertes.
Au primaire les pertes dans le circuit magnétique sont:
è pertes actives pfer =V1²/ Rw somme des pertes par hystérésis et par courant de Foucault.
è pertes réactives qfer =V1²/ Lp.w puissance réactive magnétisante.
En appliquant le théorème de Boucherot, nous trouvons les puissances primaires:
puissance active P1=P2 + pj + pfer et puissance réactive Q1= Q2 + qfui + qfer.
3.3 Détermination expérimentale des éléments du modèle de Kapp
L'utilisation du modèle nécessite la connaissance des valeurs de Rw , Lp , m , Rs, Xs; ces éléments sont mesurés à partir de deux essais:
essai à vide
Le transformateur est alimenté sous la tension efficace V10 , généralement égale à la tension nominale primaire; on mesure le courant efficace à vide J10 avec un ampèremètre RMS car ce courant n'est pas sinusoïdal (ce courant à vide est de l'ordre de 5 à 10 % du courant primaire nominal), la puissance primaire P10 et la tension efficace secondaire V20.
Le courant secondaire étant nul, V20= Eth = m.E1 = m.V10, d'où le rapport de transformation
m = V20/ V10.
La puissance secondaire est nulle et les pertes par effet Joule se réduisant à pj0 =R1.J10², la puissance
P10 = P20+pj0+pfer est peu différente des pertes dans le fer. D'où la résistance Rw =V10²/P10; les pertes dans le fer sont proportionnelles au carré de la tension donc Rw est indépendante de la tension d'essai.
La puissance réactive primaire peut être calculée; le facteur de puissance à vide est :
cos j10 =P10 /(V10.J10); d'où Q10 =P10.tg j10. Cette puissance représente les pertes réactives qfer dans le fer car la puissance réactive de fuites primaire est négligeable.
Nous en déduisons Lp.w = V10²/Q10. En raison de la saturation du circuit magnétique cette réactance dépend du flux donc de la tension d'essai V10. Nous la considérerons constante pour de petites variations de V10 autour de sa valeur nominale.
essai en court-circuit
Nous alimentons le primaire par un alternostat et nous réglons la tension primaire V1cc pour obtenir un courant primaire de court-circuit J1cc voisin du courant nominal. Nous mesurons J1cc , V1cc , P1cc .
Le courant secondaire peut être mesuré avec un ampèremètre mais il faut être sur que l'impédance de l'appareil est négligeable devant l'impédance interne du transformateur.
La puissance secondaire étant nulle, au primaire P1cc = pfercc + pjcc .Les pertes dans le fer étant proportionnelles au carré de la tension et V1cc n'excédant pas 10% de la tension nominale, elles sont négligeables devant les pertes par effet Joule; nous en déduisons P1cc = pjcc = Rs.J2cc². La réduction de la tension rend négligeable le courant magnétisant, d'autant plus que le circuit magnétique étant peu saturé dans cet essai, l'inductance magnétisante Lp est plus forte que sous tension nominale; donc J2cc est peu différent
de J1cc / m. Nous obtenons: Rs=P1cc/ J2cc² = m².P1cc / J1cc² .
La f.é.m efficace secondaire est Ethcc = m.E1cc = m.V1cc; V2cc étant nulle, le module de l'impédance totale ramenée au secondaire est Zs =Ethcc/ J2cc soit Zs = Ö(Rs²+Xs² ) = m.V1cc /J2cc = m².V1cc /J1cc ;
nous connaissons Zs et Rs donc la réactance de fuites Xs = Ls.w = Ö(Zs² - Rs² ) .
Pour calculer la réactance de fuites, nous pouvons aussi calculer la puissance réactive Q1cc; les pertes fer réactives sous tension réduite étant négligeables, il vient Q1cc = Xs . J2cc² .
En résumé : Cliquez ici pour dérouler le scénario de modélisation
4 Fonctionnement en charge
Nous utilisons le modèle de Kapp (fig.4.c). Nous avons donc une f.é.m efficace E1 égale à la tension d'alimentation primaire V1; la f.é.m secondaire est Eth = m.V1. A tension primaire constante cette f.é.m est constante; la tension secondaire V2 = Eth - Zs.J2 dépend donc du courant de charge en module et phase.
A vide la tension secondaire efficace est V20 = Eth = m.V1; en charge la tension est différente de cette valeur.
La chute de tension en charge est la différence des tensions efficaces secondaires à vide et en charge pour
une même tension primaire: DV2 = V20 - V2 = m.V1 - V2.
Nous ne pouvons directement exploiter (11) V2 = Eth - Zs J2 pour trouver une relation sur les modules car nous ne connaissons pas la phase de Eth. Nous allons raisonner graphiquement.
4.1 Diagramme de Kapp
Donnons nous les valeurs efficaces V2, J2 et le déphasage j2 =(j2,v2) imposé par la charge.


Traçons le diagramme de Fresnel au secondaire du modèle de Kapp; portons l'intensité secondaire suivantl'origine des phases; à l'échelle des tensions, nous traçons : OA représentant Rs.J2 en phase avec J2 , AB
représentant Xs.J2 en quadrature avant sur le courant, BC représentant la tension secondaire en avance de j2sur l'intensité. OC représente alors la f.é.m eth ; nous en déduisons donc V1 = Eth/m. Le cercle de centre C et de rayon CO coupe BC en H; la mesure algébrique de HB orientée dans le sens de BC représente la chute de tension DV2 .
Dans ce diagramme le triangle OAB est appelé triangle de Kapp; l'angle (OA,OB) est égal à l'argument de l'impédance Zs c'est à dire au déphasage primaire j1cc en court-circuit.
4.2 Diagramme simplifié
En réalité la chute de tension est faible devant V2; les dimensions du triangle de Kapp sont petites devant celle de OC et BC. Pour des grandeurs voisines des valeurs nominales, elles représentent quelques % de BC;il est impossible en pratique de construire, avec une bonne précision, le diagramme de la fig.5.
Projetons orthogonalement O en K' sur la droite BC. L'arc OH est de longueur faible devant le rayon du cercle; les points H et K' sont voisins et nous pouvons dire en première approximation que la chute de tension est représentée par la mesure algébrique K'B. L'angle (CO,CB) est négligeable donc les directions de OC et BC sont quasiment parallèles. Si nous projetons orthogonalement B sur OC, nous obtenons le point K; le quadrilatère OKBK' est approximativement un rectangle donc: OK est quasi égal à HB ; en première approximation, nous pouvons dire que la chute de tension en charge est représentée par la mesure algébrique OK. Avec cette hypothèse nous pouvons simplifier la construction du graphe de la fig.6, le diagramme ainsi obtenu est dit diagramme de Kapp simplifié .
Si nous voulons nous affranchir de l'imprécision graphique, nous pouvons déduire du graphe une formule donnant la chute de tension. OK représente la projection de OB sur Oy :

Cette formule approchée est valable tant que DV2 << V2.

4.3 Correction de la formule approchée
Lorsque J2 augmente les dimensions du triangle de Kapp augmentent et l'approximation retenue est de moins en moins justifiée. Nous pouvons améliorer le calcul de la chute de tension en tenant compte de l'angle y.
Sur la fig.5, dans le triangle rectangle OK'C :

A la chute approchée s'ajoute un terme correctif toujours positif qui vient corriger le défaut constaté au début de ce paragraphe.
La chute de tension en charge peut être déterminée de façon approchée par la construction du diagramme de Kapp simplifié; l'expressionon de cette chute de tension est :
DV2app= (Rs.J2.cosj2 + Xs.J2.sinj2)
Une valeur plus exacte de cette chute de tension peut-être obtenue en ajoutant à la valeur approchée ci-dessus, le terme correctif: [(Rs.sinj2 - Xs.cosj2).J2]² /(2.m.V1).
4.4 Prédétermination du fonctionnement en charge
Problème direct
Nous nous donnons les grandeurs secondaires V2, J2, j2 et nous voulons calculer la tension primaire V1.
En utilisant le calcul simplifié nous calculons la chute de tension approchée DV2app puis la tension primaire
V1=( V2 + DV2app ) / m.
Si nous voulons une valeur plus exacte, nous devons calculer le terme correctif, mais nous ne connaissons pas la valeur de V1 apparaissant dans ce terme. Nous pouvons dans un premier temps utiliser la valeur de V1 approchée; si nous trouvons une valeur sensiblement différente de la valeur approchée, nous recalculons le terme correctif en utilisant la valeur corrigée de V1 et nous recommençons par itérations successives, jusqu'à obtention d'une valeur quasi égale à celle utilisée dans le terme correctif.
Problème inverse
Nous nous donnons V1, J2,j2 et nous voulons calculer V2. Nous calculons la chute de tension approchée ou corrigée suivant la précision requise et nous en déduisons V2 = m.V1 - DV2.
Dans les deux cas, le bilan de puissance (paragraphe 3.2) permet de calculer les puissances active P1, réactive Q1 au primaire; nous en déduisons la puissance apparente S1 = Ö(P1² + Q1² ) , le courant primaire
J1 = S1 / V1 et le facteur de puissance primaire cosj1 = P1 / S1.
4.5 Caractéristiques du transformateur
Parmi les paramètres de fonctionnement V1, J1, j1, V2 , J2, j2 , seulement trois sont indépendants.
Nous pouvons définir les caractéristiques du transformateur:
caractéristiques externes V2(J2) à V1 et j2 constants
Les tensions primaire et secondaire étant liées, étudions la chute de tension en fonction de J2 et j2 en nous limitant au calcul approché. Le triangle de Kapp OAB est indépendant du déphasage, lorsque J2 varie il se modifie homothétiquement, l'angle (OA,OB) = arg Zs= jcc est le déphasage mesuré en court-circuit.

Pour un courant donné, la chute de tension est fonction du rapport entre j2 et jcc; nous traçons les diagrammes de Kapp simplifiés pour diverses valeurs du déphasage et dans chaque cas pour deux courants J2 (triangle de Kapp OAB, chute de tension OK) et J'2 > J2 (triangle OA'B', chute de tension OK'). Pour j2 =0,
la chute de tension est égale à Rs.J2; elle est donc positive et croissante en fonction du courant.
v Pour j2 > 0 (fig.7.a) , la chute de tension est positive, croissante avec J2. Elle croit d'abord avec j2, est maximale pour j2 = jcc , puis pour jcc < j2 < p/2 est décroissante lorsque j2 croît.
v Pour j2 < 0 , la chute de tension d'abord est positive pour jcc -p/2 < j2 , elle s'annule, quel que soit lecourant J2 pour j2 = jcc -p/2 puis devient négative (fig.7.b), c'est à dire que la tension en charge est plus grande qu'à vide .
Connaissant la variation de la chute de tension, nous pouvons donner l'allure des caractéristiques externes du transformateur (fig.8).

5 Pertes et rendement
5.1 Pertes du transformateur
Nous avons déjà fait le bilan de puissance du transformateur; rappelons que:
è les pertes dans le fer pfer se décomposent en pertes par hystérésis et en pertes par courants de Foucault:
pfer = ph + pcf =a.f.Bmax² + b.f².Bmax² . Dans l'hypothèse de Kapp donc du flux forcé, Bmax est proportionnel à
V1 /f donc : pfer = a'.V1² / f + b'.V1² ; ces pertes sont imposées par le réseau primaire et proportionnelles au carré de la tension primaire, pour une fréquence donnée: pfer = k.V1².
è les pertes par effet Joule pj = R1.J1² + R2.J2² ; dans l'hypothèse de Kapp, pj = Rs.J2²; elles sont proportionnelles au carré de l'intensité secondaire.
5.2 Rendement du transformateur
La puissance utile est la puissance secondaire P2 = V2.J2.cosj2. La puissance absorbée est la puissanceprimaire P1= P2 + pfer + pj.
Le rendement est: h = P2 / P1 = V2.J2.cosj2 / (V2.J2.cosj2 + k..V1² + Rs.J2² ).
Le rendement croit rapidement lorsque P2 varie de 0 à 20 ou 30% de la charge nominale; il est ensuite quasi
constant jusqu'à 110% de P2nom puis décroît légèrement. Le rendement maximal peut dépasser 95%.
Si nous négligeons la chute de tension en charge, pour V2 = Cste, V1=Cste.
è Pour V2 et J2 constants, le rendement est fonction du facteur de puissance; les pertes étant constantes, il sera d'autant meilleur que la puissance P2 sera grande; le rendement est maximal pour une charge résistive cos j2=1.
è Pour V2 et j2 constants, le rendement est fonction de J2:
h = V2.J2.cosj2 / (V2.J2.cosj2 + k.V2² + Rs.J2² ).)=A/(A+B/J2+C.J2).
Le dénominateur est seul fonction de J2 par l'intermédiaire de deux termes, B/J2 et C.J2, dont le produit B.Cest constant; il sera donc minimum pour B/J2= C.J2 donc pour pfer = pj; le rendement est alors maximal.
5.3 Mesure du rendement
è La méthode directe consistant à mesurer P1 et P2 dans un essai en charge est peu employée; elle est imprécise et difficile à réaliser pour les transformateurs de puissance élevée.
è La méthode de pertes séparées est la plus utilisée; les pertes sont mesurées:
dans un essai à vide sous la tension V1 donnant les pertes dans le fer
dans un essai en court-circuit sous le courant J2 donnant les pertes par effet Joule.
è La méthode de récupération peut être utilisée, si l'on dispose de deux transformateurs identiques.
Ces deux transformateurs T et T' sont couplés en parallèle au primaire et au secondaire; un transformateur auxiliaire T", alimenté par un alternostat, permet de charger les transformateurs (fig.9).

L'interrupteur K est ouvert à la mise sous tension; nous réglons V"2 = 0 et nous vérifions que la tension est nulle aux bornes de K; nous avons alors couplé les bornes homologues de T et T' et nous pouvons fermer K.
Les deux transformateurs sont alimentés sous la même tension et sont parcourus par le même courant secondaire; leurs pertes sont donc identiques.
Le transformateur T reçoit au primaire la puissance P1; il fournit au secondaire la puissance
P2 = P1-pertesT = P1- pfer -pj.
Le transformateur T' reçoit au secondaire la puissance P'2 = P2+P", P" étant la puissance fournie par T". T' restitue donc au réseau P'1=P'2 - pfer -pj = P1+ P" -2.(pfer +pj).
Le modèleéquivalent vu des secondaires est donné par la fig.10 : 
Nous avons V2 = m.V1 -Zs.J2 , V2 = m.V1 + Zs.J'2 , V"2 = V2 - V'2 = 2.Zs.J2 .
La puissance complexe fournie par T" est P" =V"2.J2*= 2.Zs.J2² d'où la puissance active
P" = partie réelle(P")= P" =2.Rs. J2².
Il vient P" = 2.pj et P = P1-P'1=2.pfer. Le réseau ne doit fournir que les pertes de T,T',T" et de l'alternostat. En mesurant P et P" nous connaissons respectivement les pertes dans le fer et par effet Joule d'un transformateur. Ce montage a l'inconvénient d'être plus complexe que celui des pertes séparées mais a l'avantage de mesurer les pertes dans les conditions réelles de charge.
En ajoutant une impédance en série entre l'alternostat et T" ou un régulateur d'induction en cascade entre l'alternostat et T", il est possible de régler le déphasage entre v2 et j2, donc de réaliser l'essai en charge de T.
6 Couplage en parallèle de transformateurs
6.1 Principe
Nous avons vu qu'un transformateur fonctionnant avec une puissance inférieure au quart de sa valeur nominale a un rendement qui diminue rapidement. Lorsque la puissance d'une installation varie de 0 à P, il est préférable de disposer de n transformateurs de puissance nominale P/n que l'on met en service suivant la puissance appelée. La tension de la charge étant généralement imposée, les transformateurs doivent être couplés en parallèle, c'est à dire que les primaires d'une part et les secondaires d'autre part sont couplés en parallèle.
Ce mode d'alimentation permet également d'assurer une continuité de service en cas de défaillance d'un des transformateurs et facilite la maintenance.
La fig.11.a représente le couplage en parallèle de deux transformateurs et la fig.11.b le schéma équivalent au montage, vu de la charge. Les primaires sont alimentés par le réseau de tension v1= v'1= v"1; la charge est alimentée sous la tension v2 = v'2 = v"2; elle absorbe le courant j2 avec le facteur de puissance cosj2.

6.2 Conditions de couplage
Pour éviter un court-circuit des secondaires à vide, les f.é.m secondaires doivent être égales; en valeurs efficaces on en déduit : m'.V'1= m".V"1; les tensions primaires étant égales, les rapports de transformation doivent être égaux. Les deux f.é.m doivent être en phase; pour cela nous devons coupler les bornes homologues repérées par les points sur fig.11.a.
Pour vérifier ces conditions, nous couplons les primaires et nous relions une borne secondaire de T' avec une de T"; nous mesurons la tension entre les deux autres bornes; cette tension doit être nulle ou négligeable devant la tension secondaire. Si c'est le cas nous pouvons relier les deux bornes secondaires; sinon il faut permuter les bornes primaires d'un des transformateurs.
6.3 Répartition de la charge
Supposons parfaitement réalisées l'égalité des f.é.m secondaires; l'égalité des tensions secondaires implique l'égalité des chutes de tensions: Z's.J'2 = Z"s.J"2 ; les courants se répartissent proportionnellement aux impédances internes.
La loi des noeuds impose : J2 = J'2 + J"2 ; des deux relations, nous déduisons:

7 Établissement du régime sinusoïdal permanent
Étudions un transformateur parfait alimenté par un réseau sinusoïdal. Pour t < 0, le transformateur n'est pas connecté au réseau : v1 = v2 = 0 ; j1 =0; le flux forcé par la tension est nul.
A t = 0 nous alimentons le transformateur sous la tension primaire v1= V1m.sin(w.t-y). Le transformateur étant parfait dj/dt = v1/n1. En intégrant, il vient
j = - (V1m / n1.w ).cos(w.t - y) + A ; posons Fm = V1m / n1.w, valeur crête du flux en régime sinusoïdal permanent. Calculons la constante d'intégration A; à t =0 , j1= 0 donc l'excitation magnétique h est nulle et le flux est égal au flux rémanent que nous négligeons. Il vient :
j(0) = 0 = A - Fm.cos y ; d'où j = Fm.[cosy - cos(w.t-y) ]. La valeur maximale de ce flux transitoire est Fm.[cosy +1 ] ; le cas le plus défavorable se produit lorsque nous mettons le transformateur sous tension à l'instant où la tension v1 est nulle; nous avons alors y = 0 d'où un flux maximal égal à 2.Fm . Le flux Fm est choisi pour placer le circuit magnétique en légère saturation. Un flux double produit une très forte saturation donc un courant magnétisant très élevé. Ce courant peut dépasser le courant nominal primaire de régime permanent.
En réalité les pertes dans le fer qui augmentent comme le carré de l'induction amortissent rapidement cette pointe d'intensité à la mise sous tension.
Nous devons cependant prendre ce phénomène en compte:
v lors de l'essai à vide, il est nécessaire de court-circuiter le circuit de mesure de l'intensité
primaire à la mise sous tension; sans cela la pointe de courant peut détériorer les appareils.
v lors du choix d'un fusible au primaire , nous devons utiliser des fusibles à fusion retardée.
Notons que l'on peut éliminer le régime transitoire si y = p / 2, c'est à dire si nous mettons le transformateur sous tension lorsque la tension primaire est maximale.