Électrotechnique

 

xxModule 5 : xx "Machine synchrone "
Chapitre 5.2

 

Modélisation
 

1 Réaction d'induit

1.1 Champ créé par l'inducteur

L'inducteur est le rotor de la machine; il est alimenté par un courant d'excitation continu d'intensité Ie. Cette  armature à 2.p pôles tourne à la vitesse de synchronisme ns constante. Il crée un champ Be de direction radiale dans l'entrefer et tournant à la vitesse angulaire Ws = p.ws = 2.p.ns /60. Le flux par pôle correspondant Fe crée dans une phase du stator une f.é.m efficace ev liée au courant inducteur par la caractéristique à vide. Le flux est maximal dans une spire stator lorsque l'axe d'un pôle Nord passe sur l'axe d'une phase; la f.é.m. dans la spire (-dj /dt)  est en quadrature arrière sur le flux.

1.2 Champ créé par l'induit

L'induit est le stator de la machine portant un bobinage triphasé à 2.p pôles. Lorsque l'armature est parcourue par un système de courants triphasés équilibrés de fréquence f = w /2.p ,elle crée, d'après le théorème de Ferraris, un champ tournant Bs à la vitesse Ws = p.w . Ce champ de réaction d'induit modifie l'état magnétique en charge. Le stator est équivalent à un rotor fictif à 2.p pôles, alimenté en continu, et tournant à Ws = p.w. L'axe d'un pôle Nord de ce stator passe sur l'axe d'une phase lorsque le courant y est maximal.

1.3 Champ résultant en charge

Lorsque la machine fonctionne en génératrice à vide, la tension v aux bornes d'une phase est égale à la f.é.m. à vide ev créée par le champ inducteur.

Lorsque la machine fonctionne en charge, il existe deux champs de même nature, c'est à dire deux champs tournants à la vitesse Ws. Le flux en charge résulte de la composition de ces deux champs; la f.é.m. par phase en charge ech est donc fonction des courants induit et inducteur.

La tension aux bornes d'une phase est v = ech ± Rs.j (+ pour un moteur, - pour un générateur), avec Rs  résistance d'une phase stator et j  intensité du courant dans la phase .

Pour connaître la tension en charge, il est nécessaire de savoir relier ech aux courants d'induit et d'inducteur.

2 Conventions de signe

La machine synchrone est réversible, elle peut fonctionner en générateur ou en moteur; nous pouvons étudier son fonctionnement avec les conventions de signes correspondantes:

conventions en générateur ou alternateur

L'intensité dans une phase a le sens de la f.é.m.; nous avons v = ech - Rs.j; les puissances électriques active et réactive sont positives si elles sont fournies par la machine; la puissance mécanique est positive lorsqu'elle est fournie à la machine.                         

conventions en récepteur ou moteur

L'intensité dans une phase a le sens opposé à celui de la f.é.m.; nous avons v = ech + Rs.j; les puissances électriques active et réactive sont positives si elles sont reçues par la machine; la puissance mécanique est positive lorsqu'elle est fournie par la machine.

Nous utiliserons la convention qui correspond au fonctionnement réel de la machine; en cas de fonctionnement réversible, nous utiliserons la convention correspondant au fonctionnement prépondérant; il s'agit en général d'un moteur fonctionnant en alternateur durant les phases de freinage.

3 modèle linéaire

3.1 Établissement du modèle

Pour résoudre le problème de la réaction d'induit, nous supposons la machine non saturée; le flux par pôle en charge est alors la somme des flux créés par l'inducteur et l'induit et ces flux sont proportionnels aux courants créateurs.

L'état magnétique de la machine résulte de l'action de deux rotors:

v     le rotor réel créant le champ inducteur be; dans un diagramme temporel ce champ est en quadrature avant sur la f.é.m de phase à vide ev.

v     le rotor fictif (c'est à dire sans circuit magnétique réel) équivalent à l'induit créant le champ bs; dans un diagramme temporel ce champ est en phase avec l'intensité d'induit.   

Le champ résultant en un point de l'entrefer est la somme des deux champs be et bs de même direction radiale mais déphasés dans le temps. La somme doit être faite sur un diagramme temporel de Fresnel mais les phases des deux champs sont malheureusement liées à deux grandeurs ev et j qui n'existent jamais ensemble!

Envisageons ce qui se passe dans une phase:

v     le flux je créé par le courant inducteur Ie, induit dans une phase du stator la f.é.m ev .

v     le flux js créé par le rotor fictif dans une phase de l'induit est dû aux trois phases du stator. Ecrivons le flux embrassé par la phase 1: js1 = j11 + j12 + j13 ; js1 =L1.j1+M12.j2+M13.j3;

L1 est l'inductance propre de la phase 1, M12 et M13 sont les inductances mutuelles de la phase 1 avec respectivement les phases 2 et 3. La géométrie du bobinage est telle que M12 =  M13 = M ; il vient js1 = L1.j1+ M.(j2 + j3 ). En régime équilibré j1 +j2 + j3 = 0 d'où js1 = (L1 - M) .j1.

Le flux créé par l'induit dans une de ces phases est donc proportionnel à l'intensité du courant dans cette phase; nous appelons Ls = L1 - M inductance cyclique ou synchrone d'une phase stator. Tout se passe donc comme si l'inducteur avait l'inductance propre Ls correspondant à la f.é.m.  complexe

- j.Ls.w.J = - j.Xs.J, en appelant Xs = Ls.w la réactance cyclique ou synchrone.

Les f.é.m. créées par l'induit et l'inducteur s'ajoutent en tenant compte de leurs phases pour donner la f.é.m en charge ech.

Nous pouvons alors donner le modèle dit linéaire ou de Behn-Eschenburg d'une phase stator,en utilisant la convention générateur.

Nous faisons apparaître (fig.1.a) :

v     la f.é.m. créée par l'inducteur ev dont la valeur efficace est reliée à l'intensité d'excitation Ie par la caractéristique à vide

v     l'inductance synchrone Ls modélisant la réaction magnétique d'induit.

v     la f.é.m en charge ech résultant de la composition des flux d'induit et d'inducteur

v     la résistance Rs d'une phase de l'induit. 

<3.2 Diagramme de fonctionnement en alternateur

Donnons nous un point de fonctionnement en charge caractérisé par les valeurs efficaces par phase V et J et par le déphasage j = (j ,v). Construisons le diagramme de Fresnel correspondant au modèle linéaire (fig.1.b). Nous portons OA représentant la tension v à l'échelle des tensions et OG représentant j à l'échelle des courants. Nous construisons AB représentant Rs.j  en phase avec j . OB représente la f.é.m. en charge ech. Construisons BC représentant Ls.w.J en quadrature avant sur  j ;  OC représente donc  la f.é.m. à vide ev.

Nous pouvons représenter sur ce même diagramme les vecteurs de Fresnel correspondant à la composition dans le temps des champs magnétiques. Le champ inducteur be est en quadrature avant sur la f.é.m. ev ; il est représenté par OF; le champ d'induit bs est en phase avec j, il est représenté par FD; le champ résultant est donc représenté  par OD; ce champ crée la f.é.m en charge, il est donc en quadrature avant sur ech.

Nous pouvons déduire de ce diagramme des équations liant les grandeurs:

·        en projection sur V, nous avons: Ev.cosqe = V +Rs.J.cosj +Xs.J.sinj

·        en projection sur la direction orthogonale à V, nous avons: Ev.sinqe = Xs.J.cosj -Rs.J.sinj     

Ces deux équations nous permettent de calculer deux grandeurs parmi les cinq inconnues :

Ev ,qe ,V ,J ,j.

3.3 Diagramme de fonctionnement en moteur

Sur la fig.2.a,  nous reprenons le modèle linéaire avec la convention récepteur.

Nous avons : Ech = V - Rs.J et Ev = Ech -j.Xs.J. A ce modèle correspond le diagramme de Fresnel de la fig.2.b.

Nous pouvons déduire de ce diagramme des équations liant les grandeurs:

·        en projection sur V, nous avons: Ev.cosqe = V -Rs.J.cosj -Xs.J.sinj

·        en projection sur la direction orthogonale à V, nous avons:

Ev.sinqe = Rs.J.sinj -Xs.J.cosj     

Pour la construction des vecteurs de Fresnel associés aux champs magnétiques, nous portons le champ inducteur be en OF en quadrature avant sur la f.é.m ev ; le changement de convention de sens de j, amène à porter la champ stator en opposition de phase avec j en FD; le champ résultant bch est en quadrature avant sur la f.é.m en charge.

3.4 Angle interne de la machine

Nous imposons la tension v à la machine en la couplant sur un réseau de puissance disponible très grande devant celle de la machine;

Ø      lorsque la machine est à vide, la f.é.m ev est égale à v; le champ rotor est donc en quadrature avant sur v; cette direction représente spatialement l'axe du rotor.

Ø      Si nous faisons débiter la machine dans le réseau, elle fonctionne en alternateur ; le diagramme de la fig.1.b montre la rotation de ev d'un angle qe dans le sens direct.

La direction du champ rotor tourne du même angle; spatialement cela veut dire que le rotor s'est décalé d'un angle mécanique q = qe / p en avançant dans le sens de rotation. Cet angle est appelé angle interne de la machine. Pour faire passer la machine en alternateur nous avons exercé un couple moteur sur l'arbre; ce couple tend à accélérer le rotor qui prend donc de l'avance sur le champ tournant stator de vitesse imposée par le réseau; le décalage qui en résulte entre ev et v provoque l'apparition d'un courant induit qui crée un couple résistant maintenant le synchronisme.

Ø Repartons du fonctionnement à vide et imposons un couple résistant sur l'arbre; le rotor va ralentir et se décaler en arrière ; nous retrouvons la position de la fig.2.b; la machine fonctionne en moteur et le courant induit crée le couple moteur nécessaire pour maintenir le synchronisme.

Nous retrouvons un angle interne  q = qe / p .

Nous pouvons observer physiquement ce décalage en devenant un observateur lié au champ tournant stator; en pratique nous éclairons le rotor avec un stroboscope donnant des éclairs à la fréquence statorique; celui-ci parait alors immobile; lorsque nous chargeons brusquement la machine en alternateur, nous voyons le mouvement du rotor dans le sens de rotation; après quelques oscillations, le rotor apparaît de nouveau fixe.

Si nous créons un couple résistant sur l'arbre, nous voyons de même le rotor se décaler en arrière.

Les oscillations mécaniques sont gênantes et doivent être amorties par un système d'amortisseurs Leblanc: on place sur le rotor des conducteurs radiaux court-circuités entre eux aux deux extrémités formant une cage. Cette cage est normalement fixe par rapport aux champs tournants donc aucune f.é.m n'est induite dans ses conducteurs; durant les phases d'oscillation, la cage se déplace par rapport aux champs; elle est le siège d'une f.é.m. induite qui crée un courant de court-circuit; d'après la loi de Lenz, ce courant crée un couple s'opposant au mouvement donc amortissant l'amplitude des oscillations.

3.5 Détermination des éléments du modèle

Sur le modèle apparaissent les trois éléments ev, Rs , Xs.

Ø Pour connaître la f.é.m à vide nous utilisons la caractéristique à vide Ev(Ie) relevée dans un essai à vide en alternateur à vitesse nominale. 

Ø Pour connaître la résistance d'induit, nous la mesurons par une méthode volt-ampèremétrique;

si nous n'avons pas accès aux bornes des phases, nous mesurons la résistance entre bornes Rapp

du stator couplé; la résistance d'une phase est Rs = Rapp /2 pour un couplage étoile et Rs = 3.Rapp /2

pour un couplage triangle.

Ø Pour connaître la réactance synchrone, nous faisons un essai en alternateur à vitesse nominale et

stator en court-circuit. Nous faisons varier le courant inducteur et nous relevons l'intensité du courant

induit Jcc en fonction de l'intensité du courant inducteur Ie. Comme v = 0, le modèle donne:

Ev = (Rs + jXs).Jcc soit en valeurs efficaces: Ev =Jcc.Ö (Rs² +Xs² ) . La f.é.m. est donc proportionnelle

au courant de court-circuit; en fonctionnement linéaire Ev est proportionnelle à l'excitation donc le

graphe Jcc(Ie) est une droite passant par l'origine des axes. Pour une valeur de Ie, nous lisons Jcc sur le

graphe de court-circuit et Ev sur la caractéristique à vide; nous en déduisons :

Xs = Ö[(Ev /Jcc)² - Rs² ].

3.6 Validité du modèle

Prenons l'exemple d'un alternateur 600 V; 40 kVA ; stator couplé en étoile.  La résistance de l'induit est Rs = 0,5 W par phase.

La fig.3 représente à vitesse nominale la f.é.m à vide Ev par phase, l'intensité Jcc du courant par phase

en court-circuit et la réactance synchrone Xs en fonction de l'intensité d'excitation:

Ø      Dans la partie OM de la caractéristique à vide, la machine n'est pas saturée; la réactance synchrone

est constante de valeur Xs = 3,25 W. Dans ce domaine le modèle proposé est valable.

Ø      Dans la partie MN de la caractéristique à vide la machine commence à se saturer et Xs diminue

lorsque Ie augmente; le modèle proposé n'est plus un modèle linéaire puisque le composant Ls est

fonction du point de fonctionnement.

Nous devons alors adapter le modèle. Deux possibilités s'offrent à nous:     

v     considérer que la machine reste linéaire en adoptant comme caractéristique à vide l'extrapolation de

la partie linéaire, c'est à dire en lisant la f.é.m sur la caractéristique Esy en pointillés.

Le modèle reste alors linéaire avec Xs =3,25 W, valeur constante mais la f.é.m apparaissant dans le

modèle équivalent n'est plus la f.é.m à vide mais la f.é.m Esy , dite f.é.m. synchrone, modélisée par

extrapolation de la partie linéaire de la caractéristique à vide.

v     abandonner le modèle linéaire et adopter comme valeur de la réactance synchrone la valeur lue

sur le graphe Xs(Ie ), par exemple  Xs = 2,58 W pour Ie = 15A. 

Ø      Dans la partie NQ, la machine est saturée, nous devons abandonner le modèle linéaire et adapter Xs

à Ie par exemple Xs = 1,74 W pour Ie =25 A.

3.7 Prédéterminations

Il s'agit de relier l'intensité d'excitation aux grandeurs d'induit en ligne u, i, j = (j ,v) déphasage imposé par le récepteur. Nous utilisons le modèle linéaire  en raisonnant sur une phase.

Problème direct
 

Nous connaissons le point de fonctionnement de l'induit et nous cherchons le courant d'excitation.

è    Nous commençons par calculer les grandeurs efficaces par phase V et J en utilisation les relations imposées par le couplage : V =U/ Ö3 et J = I en étoile, V = U et J = I /Ö3 en triangle.

è    Nous adoptons comme valeur de Xs celle du modèle linéaire (partie OM de la caractéristique).

è    Nous choisissons les conventions de signes adaptées au fonctionnement.

è    Nous construisons le diagramme  suivant la fig.1.b en conventions générateur ou la fig.2.b en convention moteur; nous en déduisons la valeur efficace de la f.é.m Ev. Nous pouvons utiliser aussi le calcul en écrivant les coordonnées du point C en utilisant le théorème des projections: avec KF =1 pour un générateur et KF = -1 pour un récepteur, il vient :

Ev.cosqe = xc = V +KF.(Rs.J.cosj +Xs.J.sinj); Ev.sinqe  = yc =KF.( -Rs.J.sinj +Xs.J.cosj) ;  d'où la f.é.m efficace Ev = Ö(xc² +yc²).

è    Nous lisons alors sur la caractéristique à vide le courant d'excitation Ie correspondant à la f.é.m E. Trois cas peuvent se produire:

·        La valeur de Ie correspond à la partie OM de la caractéristique; nous sommes alors dans les conditions de validité du modèle et le résultat obtenu est conservé.

·        La valeur de Ie correspond à la partie MN, nous pouvons alors adopter comme valeur de Ie celle qui correspond à Ev = Esy sur la caractéristique de f.é.m synchrone.

·        La valeur de Ie correspond à la partie NQ, nous devons modifier la valeur de Xs en prenant la valeur calculée pour la valeur de Ie obtenue; nous effectuons ainsi des essais successifs jusqu'à obtenir une valeur de Ie quasi égale à celle ayant servi à calculer Xs.

 

Problème inverse

Nous connaissons les grandeurs d'induit I et j et l'intensité du courant inducteur Ie.

è    nous calculons l'intensité par phase J et la réactance synchrone Xs pour le courant Ie donné; nous lisons Ev(Ie) sur la caractéristique à vide.                                                 

è    des équations donnant xc et yc nous pouvons déduire la valeur de V; si nous voulons travailler graphiquement, nous nous donnons la direction xx' de la tension V et un point A quelconque sur cette direction; nous traçons alors les vecteurs AB et BC du diagramme de la fig.1.b ou 2.b. Le cercle de centre C et de rayon Ev coupe l'axe xx' en O origine de V: V correspond à  OA.

è    nous calculons la tension U en ligne en utilisant la relation de couplage.

3.8 Modèle simplifié

Dans la plus part des machines, la résistance par phase est petite devant la réactance synchrone; le modèle étudié ne donnant pas des résultats très fiables en raison des adaptations à utiliser, nous pouvons négliger la résistance d'induit. Cette approximation va permettre une utilisation beaucoup plus simple du modèle et du diagramme associé. L'équation de la machine devient : V = Ev ± j Xs.J.

fonctionnement en alternateur

Le diagramme de la fig.1.b se simplifie suivant la fig.4:

OO' représente la tension v et O'A représente Xs.J en quadrature avant sur le courant. OA représente donc la f.é.m Ev . Traçons les axes O'x et O'y avec Ox colinéaire à v et projetons orthogonalement A en K sur O'x et en H sur O'y. O'y étant orthogonal à v et O'A à j, l'angle orienté (O'A,O'y) = j =( j , v). Nous en déduisons que la mesure algébrique O'H représente à l'échelle des tensions Xs.J.cosj. Nous pouvons écrire Xs.J.cosj = (Xs /3.V).3.V.J.cosj =(Xs /3.V).P où P représente la puissance électrique fournie par l'alternateur . De même la mesure algébrique O'K représente à l'échelle des tensions

Xs.J.sinj =(Xs /3.V).3.V.J.sinj soit (Xs /3.V).Q où Q représente la puissance réactive fournie.

Le diagramme ainsi simplifié est dit diagramme bipolaire car il possède deux points ou pôles à partir desquels nous pouvons lire toutes les grandeurs:

Ø      pôle O : nous lisons à l'échelle des tensions a V /cm:

v     la tension par phase V= a.OO'
v     la f.é.m à vide Ev = a.OA

Ø      pôle O' : nous lisons :

v     Xs.J = a.O'A soit en posant b = a /Xs échelle des intensités en A /cm, J = b.O'A
v     le déphasage j = ( j , v) =( O'A,O'y)
v     en posant c =3.V.a /Xs échelle de puissance en watt / cm ou en var /cm, nous lisons : P = c.O'H et Q = .O'K.

Cette possibilité de mesurer toutes les grandeurs sur le diagramme simplifié montre son intérêt.

Dans ce diagramme toute droite Dp parallèle à la tension V correspond à des points de fonctionnement A tels que O'H = Cste dont tels que la puissance active soit constante; nous appelons Dp droite d'équi-puissance.     

Les axes O'x et O'y découpent le plan en quatre quadrants; les quadrants Q1 et Q2 correspondent à P >0 c'est à dire fournie par l'alternateur; les quadrants Q3 et Q4 correspondent à P < 0 c'est à dire absorbée par la machine qui fonctionne en moteur. De même Q1 et Q4 correspondent à Q > 0 donc fournie par la machine et Q2 et Q3 à Q < 0 donc absorbée par la machine.

fonctionnement en moteur

Le diagramme de la fig.5 donne le diagramme bipolaire en négligeant Rs

Comme pour l'alternateur O'A représente l'intensité J à l'échelle b A / cm, O'H représente la puissance active absorbée P à l'échelle c W /cm et O'K représente la puissance réactive absorbée Q à l'échelle c

var /cm.

Le système d'axes O'x,O'y divise le plan en quatre quadrants; dans les quadrants Q1 et Q2 la puissance P est positive donc absorbée; dans Q3 et Q4, P est négative donc fournie, la machine fonctionne en alternateur. Dans Q1 et Q4,  Q >0, le moteur absorbe de la puissance réactive donc se comporte comme un circuit inductif. Dans Q2 et Q3, Q < 0 donc le moteur fournit de la puissance réactive et se comporte comme un circuit capacitif.

Sans se préoccuper des conventions, nous raisonnons en terme de puissance fournie ou absorbée; en comparant les diagrammes simplifiés des fig.4 et 5 nous obtenons le schéma ci-dessous:

3.9 Conclusion sur le modèle linéaire

Ø      Ce modèle n'est valable que dans un fonctionnement non saturé de la machine synchrone, fonctionnement qui est rarement utilisé en pratique. Les adaptations que nous avons décrites lorsque la machine est saturée ne donnent pas des résultats très convaincants.

Ø      Ce modèle n'est applicable qu'aux machines à pôles lisses; en effet la magnétisation due aux ampères-tours d'induit est fonction de la position des rotors réel (Rr) et fictif (Rf); le fer du stator et celui du rotor réel sont matérialisés fig.8 par un remplissage en pointillés.

Lorsque ses rotors sont superposés, le circuit des lignes de champ d'induit suit les pôles du rotor réel et donc est de faible réluctance (fig.8.a) Lorsque les deux rotors sont en quadrature, c'est à dire lorsque l'axe du rotor fictif est sur la ligne neutre du rotor réel à pôles saillants, les lignes de champ suivent un trajet important dans l'air donc la réluctance est élevée et le champ d'induit faible (fig.8.b). La méthode de Behn- Eschenburg ne prend pas en compte ce phénomène donc donne des résultats encore plus erronés pour un alternateur à pôles saillants qu'à pôles lisses.

 

4 Modèle de Potier

Pour tenir compte de la saturation magnétique de la machine, nous abandonnons l'addition des flux; nous allons composer les f.m.m. de l'induit et de l'inducteur pour lire le flux résultant en charge sur la caractéristique réluctive de la machine.

Ceci suppose que la machine soit à pôles lisses puisque l'effet de la f.m.m. de l'induit dépend de la position du rotor fictif par rapport au rotor réel donc de la charge de la machine.

4.1 Décomposition des flux de la machine synchrone

Nous abandonnons les notions de flux d'inducteur et d'induit.

Nous considérons (fig. 9):

v    le flux jc commun à l'induit et à l'inducteur

v     le flux de fuites jfs de l'induit ( stator), c'est à dire le flux embrassé par les seuls conducteurs du stator

v     le flux de fuites jfr de l'inducteur (rotor), c'est à dire le flux embrassé par les seuls conducteurs du rotor.

Lorsque la machine est à vide, le courant stator j est nul ainsi que jfs; le flux commun est créé par la f.m.m. du rotor; la caractéristique à vide lie alors ce flux au courant d'excitation de la machine en tenant compte de son état magnétique réel.                                                          

La machine étant en charge, le flux commun est créé par le rotor réel et le rotor fictif; la machine étant à pôles lisses, les lignes de champ du rotor fictif suivent un chemin semblable à celles du rotor réel. Ce flux peut donc être lu sur la caractéristique réluctive de la machine pour une f.m.m. égale à la composition des f.m.m. de l'induit et de l'inducteur.

Donnons au rotor fictif le même bobinage qu'au rotor réel; il doit être parcouru par un courant continu d'intensité Iefic pour produire un champ équivalent à l'induit. Nous définissons le coefficient d'équivalence comme le rapport de ce courant à l'intensité efficace J dans une phase du stator : a = Iefic / J. L'effet magnétique des deux rotors est alors identique à celui qu'aurait le seul rotor réel parcouru par le courant continu résultant de la superposition des intensités Ie et a.J. Pour tenir compte du décalage spatial des deux rotors, nous devons faire une addition vectorielle des courants en les portant chacun en phase avec l'axe de son rotor. Nous obtenons donc le courant équivalent à faire circuler dans le seul rotor réel pour obtenir le flux commun en charge . Ce courant équivalent crée le flux jc donc dans une phase du stator la f.é.m efficace Ec =2,22.K.N.f.Fc. La machine ayant un seul rotor identique à celui de l'essai à vide, cette f.é.m sera lue sur la caractéristique à vide pour le courant équivalent Iec.

En charge, le flux total embrassé par une phase stator résulte de la composition du flux commun jc et du flux de fuites du stator jfs . Ce flux de fuites est créé dans la phase 1 parcourue par le courant j1; il est composé par:

v     les fuites d'encoches représentées sur la fig.9; le trajet des lignes de champ correspondantes est principalement dans l'air avec une partie commune aux lignes du champ commun dans les dents du stator et sous les encoches. Nous pouvons considérer que ce chemin de fuites est peu saturé donc ce flux est un flux de fuites propre proportionnel au courant créateur de la forme Lfe1.j1.

v     le flux d'induction mutuelle résultant du couplage des encoches des trois phases, flux ayant un chemin semblable au précédent; nous pouvons l'exprimer sous la forme Mfe12.j2 + Mfe13.j3 =Mfe.(j2 + j3) puisque les phases 2 et 3 occupent des positions symétriques par rapport à la phase 1.

v     les fuites autour des têtes de bobinage de la phase 1, c'est à dire autour des connexions frontales des barres sur les faces avant et arrière de la machine; le trajet des lignes de champ est dans l'air; ce flux s'exprime sous la forme Lfb1.j1.

v     le flux d'induction mutuelle résultant de l'enchevêtrement des têtes de bobines des  trois phases; ce flux circulant dans l'air s'exprime sous la forme: Mfb12.j2 + Mfb13.j3 = Mfb.( j2 + j3)                                                                                   

Tous ces flux ont des chemins différents ou se superposent dans des parties non saturables; nous pouvons donc les ajouter pour obtenir le flux de fuite total:

jf1 = (Lfe1+Lfb1) .j1 + (Mfe+Mfb).( j2 + j3 ) ; en régime équilibré  j2 + j3 = -j1 d'où:

jf1  = (Lfe1+Lfb1- Mfe-Mfb).j1 = Lfs.j1. Le flux de fuites est donc proportionnel au courant dans la phase. Nous appelons Lfs inductance cyclique de fuites d'une phase stator et l = Lfs.w réactance cyclique de fuites d'une phase stator.

Les flux jf et jc ayant des trajets quasi indépendants, nous pouvons les ajouter pour obtenir le flux total, malgré la saturation. Il vient js = jf  + jc ; la f.é.m résultante dans une phase est donc

ech = -djf  /dt - djc  /dt = -Lfs.dj /dt + ec.

4.2 Modèle de Potier de l'alternateur

Nous pouvons alors donner un schéma équivalent d'une phase stator.

Ce modèle a la même structure que le modèle linéaire mais ses éléments en sont différents :

v     la f.é.m. ec est créée par la résultante vectorielle des f.m.m. rotor et stator: 

v     la réactance de fuites Lfs . w = l n'a rien avoir avec la réactance synchrone Xs et sa valeur est beaucoup plus faible.

Ce modèle est dit de Potier; le coefficient d'équivalence a et la réactance de fuites l sont appelés coefficients de Potier.

Construisons le diagramme de Fresnel correspondant à ce modèle:

 

Connaissant V, J et j = (j ,v), nous choisissons une échelle a V/ cm; à cette échelle, nous construisons OA représentant v, AB représentant Rs.J en phase avec J et BC représentant l.J en quadrature avant sur  j. Le vecteur OC représente donc la f.é.m Ec. Sur la caractéristique à vide nous lisons l'intensité équivalente Iec correspondant à cette f.é.m. Ce courant est en phase avec le flux jc qu'il crée et donc en quadrature avant sur la f.é.m ec = -djc /dt. Choisissons une échelle be pour représenter les intensités dans le rotor; à cette échelle OD représente Iec ; l'intensité du courant inducteur est donnée par . Nous construisons donc DF représentant -aJ, parallèle à J et de sens opposé; le vecteur OF représente le courant inducteur à l'échelle be.

Si nous faisons tourner le diagramme des courants rotor de - p/2, OD devient OD' en phase avec OC, DF devient D'F' en phase avec BC; le courant inducteur est représenté par OF'. Translatons le triangle OD'F' suivant OC jusqu'à amener D' en C; le triangle O'CG est alors obtenu; O'C représente  Iec , CG représente -a.J et O'G représente Ie (fig.12).

Ce nouveau diagramme sera utilisé en pratique; il a l'avantage d'une construction plus simple donc plus précise que celui de la fig.11: nous n'avons plus besoin de construire l'angle droit COD et DF parallèle à J, nous utilisons des directions déjà tracées. Il a l'inconvénient de faire perdre la notion de composition spatiale des rotors.

4.3 Modèle de Potier du moteur synchrone

La décomposition des flux et la définition des coefficients de Potier reste la même; sur le modèle équivalent de la fig.10, nous inversons le sens de l'intensité j pour prendre les conventions moteur; les équations du modèle deviennent: Ec = V - (Rs +j.l).J ; le sens du courant induit étant inversé l'équation de composition des f.m.m. donne  vectoriellement :   . Nous en déduisons le diagramme de Fresnel de la fig.13.

Comme pour le fonctionnement en alternateur, nous pouvons tracer plus facilement le diagramme des courants inducteurs en le faisant tourner de -p /2 puis en le translatant pour amener le point D en C. Nous obtenons le diagramme de la fig.14.

En rabattant le triangle des courants (fig.12 ou fig.14), nous voyons que quel que soit le fonctionnement le vecteur CG est colinéaire et de même sens que le vecteur BC.   

4.4 Détermination des coefficients de Potier

Pour construire le diagramme de Potier, nous avons besoin de connaître:

v     la caractéristique à vide liant Ec à Iec identique à celle liant Ev à Ie;

v     la résistance Rs d'une phase stator.

v     les coefficients de Potier a et l.

Les deux premiers éléments sont obtenus comme dans le modèle linéaire.

Pour connaître les coefficients de Potier, nous faisons un essai en alternateur sur charge purement inductive, c'est à dire j = ( j ,v) = p /2. Cette charge peut être une inductance triphasée mais la résistance des bobines fausse la mesure (cosj = 0,1 à 0,2 au lieu de 0); nous préférerons utiliser le réseau EDF comme charge. Nous verrons plus loin comment réaliser pratiquement l'essai.

Traçons fig.15 le diagramme de Potier pour cette charge :

Les directions de v et ec sont quasi parallèles et nous pouvons en déduire que Ec = V + l.J arithmétiquement et non plus vectoriellement. Nous avons de même Ie = Iec + a J.

Traçons sur un même graphe et pour une même vitesse, la caractéristique à vide Co représentant Ev(Ie) identique à  Ec(Iec) et la caractéristique par phase en réactif Ci représentant V(Ie) à Jréac =  Cste et  j = p /2 (fig.16).

 

Supposons les coefficients de Potier connus. Soit un point M de Ci de coordonnées (Ie ,V); pour ce point en réactif, nous avons la f.é.m Ec donnée par Ec = V + l .Jréac. La f.é.m. représentée sur la figure correspond sur  Co au point P donc au courant équivalent Iec représenté par OK. La relation Ie = Iec + a.Jréac se traduit par :

OL = OK+KL; KL représente donc a.Jréac à l'échelle des courants rotor.

Le triangle MNP a donc pour côtés MN représentant a.Jréac à l'échelle des abscisses et NP représentant l .Jréac à l'échelle des ordonnées. Le long de Ci, Jréac est constant donc les dimensions du triangle dit triangle de Potier sont invariables; lorsque M décrit la courbe Ci le triangle de Potier se translate sans déformation.

Nous pouvons utiliser ce résultat pour obtenir les coefficients de Potier.

méthode de Potier

Avec les mêmes échelles, nous traçons sur une feuille de papier millimétré la caractéristique à vide Co dans des axes Ooxo et Ooyo et sur une feuille de papier calque la caractéristique Ci à Jréac = Cste dans des axes Oixi et Oiyi. Nous plaçons le calque sur la feuille en superposant les axes puis nous faisons glisser le calque en gardant parallèles les deux systèmes d'axes jusqu'à ce que Ci se superpose à Co. Nous avons dû pour cela amener M en P (fig.16); nous avons effectué une translation MN vers la droite et NP vers le haut; l'origine Oi a subi la même translation par rapport à Oo. Nous mesurons donc sur les axes du graphe de Co l'abscisse de Oi égale à -a.Jréac et l'ordonnée de Oi égale à l.Jréac. Nous en déduisons a et l.

méthode de jarret

Nous n'avons besoin dans cette méthode que des deux points M et M' de Ci. Le point M' correspond à V = 0 donc à un essai en court-circuit pour l'intensité Jcc = Jréac. Ce point correspond à la valeur du courant d'excitation Iecc qui peut être lu sur la caractéristique en court-circuit utilisée dans le modèle linéaire pour déterminer la réactance synchrone. Au point M' le triangle de Potier est représenté par M'N'P'; la caractéristique Co étant linéaire près de l'origine, elle est confondue avec le segment OP'. Le point M est connu mais le triangle MNP est inconnu; construisons un triangle MQP égal au triangle M'OP'; pour cela nous portons horizontalement MQ = M'O = Iecc . Traçons la droite D passant par Q et parallèle à OP', c'est à dire à la partie non saturée de Co; cette droite coupe Co en P. Les triangles OP'M' et QPM sont égaux; si nous traçons les hauteurs P'N' et PN elles sont égales; N est donc le troisième point du triangle de Potier.

En résumé pour cette méthode:

v     essais nécessaires: essai à vide [Co]; essai en court-circuit [Ccc = Jcc(Ie)] ;

un point en réactif V, Jréac, Ieréac, j =p / 2.                             

v     tracés : dans des axes Ie , Ev nous traçons Co; nous plaçons le point M = (Ieréac,V) . Nous lisons sur Ccc le courant Iecc correspondant à Jcc = Jréac et nous portons sur une horizontale passant par M et vers la gauche MQ égal à Iecc à l'échelle des abscisses; par Q nous traçons D parallèle à la partie linéaire de Co ; cette droite coupe Co en P. Nous projetons P orthogonalement en N sur QM.

v     calculs : à l'échelle des abscisses NM représente a.Jréac d'où nous tirons le nombre a ; à l'échelle des ordonnées NP représente l.Jréac d'où nous tirons l en ohms.

4.5 Prédéterminations

Problème direct

Nous connaissons les grandeurs d'induit en ligne U et I, le déphasage j introduit par la charge

v     nous calculons les grandeurs efficaces par phase V et J par les relations de couplage.

v     nous construisons le diagramme de Potier suivant la fig.12 si la machine fonctionne en alternateur et suivant la fig.14 si la machine fonctionne en moteur. A l'échelle des tensions, nous construisons OA représentant V, AB représentant Rs.J , BC représentant l.J ; nous en déduisons Ec représenté par OC. Sur la caractéristique à vide, nous lisons le courant équivalent Iec correspondant. A l'échelle des courants rotors, nous représentons Iec par O'C et -a.J par CG en phase avec BC; nous en déduisons le courant d'excitation Ie représenté par O'G.

Problème inverse

Nous connaissons I, j, Ie et nous cherchons U. Faisons le calcul pour un fonctionnement alternateur; en moteur la tension est généralement imposée par le réseau donc connue.

v     nous calculons J en fonction du couplage.

v     nous traçons un axe x'x représentant la direction de v (fig.17)

 

 

 

 

 

 

v     nous prenons un point A sur cet axe et à l'échelle des tensions nous construisons AB déphasé de j en arrière sur Ax représentant Rs.J et BC en quadrature avant sur AB représentant l.J. A l'échelle des courants inducteurs, nous représentons -a.J par CG en phase avec BC.

v     le courant inducteur Ie correspond à l'échelle à une longueur L. Le point O' est donc sur le cercle de centre G et de rayon L que nous traçons.

v     prenons un point O'1 sur ce cercle; O'1C représente alors Iec ; nous en déduisons Ec sur la caractéristique à vide; et nous portons Ec à l'échelle des tensions en O1C colinéaire à O'1C. Si le point O'1 choisi correspond au point réel, O1A doit représenter V porté par l'axe x'x donc O1 doit être sur l'axe x'x. Si ce n'est pas le cas, nous choisissons un autre point O'2 sur le cercle et nous recommençons pour obtenir un point O2. Nous traçons ainsi le lieu géométrique des points Oi origine de V; l'intersection de ce lieu avec l'axe x'x donne le point O cherché et OA représente V.

4.6 Critique de la méthode

La méthode de Potier pour le calcul des coefficients a et l montre que les graphes à vide et en réactif ne peuvent se superposer exactement par translation; ceci veut dire que les coefficients de Potier ne sont pas exactement constants; dans la composition des flux, nous avons considéré les flux jc et jfs  indépendants et le circuit de fuites non saturable; ceci n'est vrai que si la machine n'est pas très saturée; en saturation forte le trajet commun aux flux dans les dents et sous les dents  correspond à un matériau saturé et la réluctance n'est plus négligeable devant celle de l'air. En forte saturation la méthode de Potier est critiquable mais donne des résultats convenables.

La méthode  n'est applicable qu'aux alternateurs à pôles lisses. Pour les machines à pôles saillants la méthode peut être adaptée en décomposant le flux de réaction d'induit en deux flux:

Ø      le flux longitudinal empruntant le même trajet que le flux inducteur c'est à dire créé par un rotor fictif longitudinal confondu avec le rotor réel.

Ø      le flux transversal empruntant un trajet entre les pôles du rotor réel, c'est à dire créé par un rotor transversal décalé d'un demi pas polaire sur le rotor réel.

Le flux longitudinal se compose avec le flux inducteur comme dans la méthode de Potier; le rotor réel et le rotor fictif longitudinal sont remplacés par un seul rotor réel parcouru par un courant équivalent résultant de la composition de f.m.m des deux rotors. Le flux transversal correspond à des lignes de champ ayant une grande partie dans l'air donc à un circuit non saturable; ce flux crée dans l'induit une f.é.m d'auto-induction de forme Et = j.Lt.w.J.cosj; Lt.w est la réactance transversale constante.

La f.é.m d'une phase rotor résulte donc de la composition vectorielle des f.é.m ec créée par les rotors réel et longitudinal, et créée par le rotor transversal, ef créée par le flux de  fuites l.j. Cette méthode est trop complexe pour être décrite en détail ici.

5 Caractéristiques de la machine synchrone

Le point de fonctionnement est caractérisé par les grandeurs efficaces d'induit U et I, le déphasage j introduit par la charge, l'intensité du courant d'excitation Ie et la fréquence f reliée à la vitesse. Si nous fixons trois de ces grandeurs, nous pouvons tracer le graphe de variation des deux autres grandeurs.  En général f est fixée.

Le diagramme simplifié du modèle linéaire permet d'obtenir rapidement l'allure de ces caractéristiques.

5.1 Caractéristiques en alternateur
 

 

Caractéristiques externes

Si nous fixons Ie et j nous pouvons tracer la caractéristique externe U(I) :

 
Caractéristiques de réglage

Si nous fixons U et j nous pouvons tracer la caractéristique de réglage I(Ie).

5.2 Caractéristiques en moteur

En général la tension U et la fréquence f sont imposées par le réseau; nous pouvons tracer comme en alternateur les caractéristiques de réglage I(Ie ) à U et j constants; si nous utilisons le diagramme simplifié, la caractéristique en moteur pour le déphasage j  est identique à celle en alternateur pour le déphasage -j .

Nous pouvons aussi tracer des caractéristiques à couple utile constant. La vitesse de synchronisme étant constante la puissance utile est alors constante. Si nous considérons que le rendement est constant, la puissance absorbée est aussi constante et avec le modèle linéaire simplifié, le point de fonctionnement A se déplace sur une droite d'équipuissance lorsque l'intensité du courant inducteur varie. Etudions les caractéristiques I(Ie) dans ces conditions. Pour les faibles valeurs de Ie , j > 0, nous sommes limités par la valeur minimale de l'excitation ou par la valeur maximale de I; si nous augmentons Ie , pour j  =0 le courant d'induit est minimal puis nous avons j  <0; pour les fortes valeurs de l'excitation, nous sommes limités par la valeur maximale de Ie ou de I.

Sur la fig.20 nous traçons trois caractéristiques à puissance constante pour la machine étudiée dans les exemples en limitant I à 2.In = 80 A.

Ces caractéristiques à puissance constante sont appelées courbes de Mordey ou en raison de leur forme courbes " en V ".


5.3 Couple de la machine synchrone

En utilisant le modèle linéaire en convention récepteur, nous avons V = E + (Rs + j.Xs).J. Les déphasages sont :

(j , v) = j ; (j , e) = y et (e, v) = q . La puissance électromagnétique complexe est : Pem = Pem + j.Qem =  3.E.J*.

Nous pouvons donner plusieurs expressions des puissances :

Ø      avec J = (J Ð 0 ) et E = (E Ðy ), il vient Pem = 3.E.J.cos y + j.3.E.J. sin y

Ø      Remplaçons E par V - (Rs + j.Xs).J avec V = ( V Ð j ) et J.J* =  J² , il vient :

Pem = 3.V.J.cosj  - 3.Rs.J² = Pa - pjs et Qem = 3.V.J.sinj  -3.Xs.J² .

Ø      Remplaçons J par ( V - E) /  (Rs + jXs) soit J* par ( V* - E*) /  (Rs - j.Xs), il vient :

Pem  = (3.V.E.Xs.sin q + 3.V.E.Rs.cos q - 3.Rs.E² ) / (Rs² + Xs² ) et

Qem  = (3.V.E.Xs.cos q - 3.V.E.Rs.sin q - 3.Xs.E² ) / (Rs² + Xs² ).

Si nous négligeons la résistance du stator, nous obtenons :

Pem = 3.V.J.cos j = 3.E.J.cos y = 3.V.E.sin q / Xs.

Le moment du couple électromagntique est Tem = Pem / Ws, en appelant Ws  = 2.p.f / p la vitesse de synchronisme. En prenant l'expression de Pem en fonction de V et E, il vient :

 la f.é.m. étant de la forme E = 2,22.K.N.f.F , le moment du couple dépend de la tension d'induit, du flux donc du courant d'excitation, de la fréquence et de l'angle interne q.

Lorsque nous fixons la tension, la fréquence et le courant d'excitation, le couple est de la forme Tem = Kt.sinq

Partant d'un fonctionnement à vide en régime permanent Tem = Tr = 0 donc q = 0. Si nous augmentons le couple résistant, la relation fondamentale de la dynamique donne : J.dW/dt = Tem - Tr  < 0 ; la machine ralentit donc l'angle interne augmente; tant que q < 90°, sinq augmente avec l'angle interne et le fonctionnement est stable car l'augmentation du couple résistant est compensée par celle du couple moteur.

Lorsque l'angle interne dépasse 90°, l'augmentation de cet angle fait diminuer sinq donc le couple moteur. Le fonctionnement devient instable et le moteur cale.

Pour un fonctionnement sur un réseau de tension et de fréquence imposé, la valeur du courant d'excitation fixe le couple maximal de la machine 3.V.E(Ie) / 2.p.f.Ls ; le fonctionnement de la machine est stable tant que l'angle interne électrique est compris entre -90° et + 90°.