Électronique de puissance

 

xxxxxxModule 7 : xxxxxxx "Conversion DC - AC "
Chapitre 7.3

 

Onduleur monophasé de courant

L'onduleur monophasé de tension réalise la conversion d'une source de type branche courant continu vers une branche de type tension alternative. La commande de l'onduleur impose l'intensité dans la charge.

1 principes

La source est généralement constituée par un générateur de tension continue en série avec une inductance suffisante pour assurer un lissage quasi parfait du courant source.

La charge doit être une branche de type tension; le plus souvent un condensateur assure la continuité de la tension aux bornes de cette branche.

La commande de l'onduleur impose la forme du courant dans la charge et la charge impose la forme de la tension.

Ce type d'onduleur est moins souvent utilisé que l'onduleur de tension; il est réservé aux montages de forte puissance nécessitant l'emploi de thyristors car la structure facilite la commutation d'ouverture de ce composant .

2 Structure en pont

2.1 Montage

Le pont est formé par les quatre thyristors. L'inductance Ls assure le filtrage du courant source. La capacité C transforme la charge R ou R-L en branche tension.

Le courant is est supposé parfaitement continu mais sa valeur est fixée par la charge; la tension d'alimentation du pont n'est pas égale à E car la tension aux bornes de l'inductance de filtrage n'est pas nulle : Ls.dis/dt est une forme indéterminée car pour avoir is = Cste, il faut une inductance infinie.

2.2 Étude pour une charge purement résistante

A t = 0, nous commandons la fermeture de Th1 et Th2'; nous avons alors v1 = v'2 = 0 et v'1 = v2 = u; la tension aux bornes du condensateur doit être négative à t = 0 pour forcer le blocage de Th1' et Th2. Posons u(0)= -Uo < 0.

Pour t > 0 Th1 et Th2' conduisent donc Is = i1 = i = i'2 = Cste. i = ich + j = u/R+ C.du/dt ; nous en déduisons R.C.du/dt + u = R.Is = Cste.

La tension u étant alternative, u(T/2)= -u(0)=Uo. Nous pouvons en déduire l'expression de Uo

En t = T/2, u = Uo > 0; la commande à la fermeture de Th1' et Th2 provoque le blocage de Th1 et Th2'.

Sur [0 ; T/2] nous avons E = u + Ls.dis/dt ; sur [T/2 ; T] nous avons E = -u + Ls.dis/dt ; comme u est alternative Ls.dis(t+T/2)/dt = E + u(t+T/2) = E - u(t); le courant is est donc de période T/2. Pour calculer Is, nous écrivons que la tension moyenne aux bornes de Ls est nulle en régime périodique donc que sur

[0 ; T/2], Umoy = E; il vient :

Le courant fourni par la source est donc fonction de la charge R, de la tension d'alimentation, de la capacité C et de la fréquence de commande.

Exemple

Prenons E = 100 V , R = 10 W et commandons l'onduleur à la fréquence f = 500 Hz. Les thyristors utilisés ont un temps de blocage tq = 100 µs.

Nous devons choisir C  pour avoir R.C.Ln[2/(1+X) > tq avec X = exp(-T/2RC). Cette inégalité doit être résolue numériquement en essayant des valeurs de C; l'égalité est obtenue pour C = 14,45 µF ; pour assurer une marge de sécurité, nous prenons C = 22 µF.

Nous en déduisons X = 0,0106 ; Is = 17,6 A ; Uo = 172 V.

Sur [0 ; T/2] u = 176 - 348.exp(-t/t) ; ich = 17,6 - 34,8.exp(-t/t) ; j = 34,8.exp(-t/t) .

La fig.2 donne l'allure des graphes.

 

Nous constatons que les thyristors sont soumis à un fort taux de croissance du courant à l'amorçage; nous devons placer une inductance en série avec chaque thyristor pour limiter ce taux de croissance à une valeur inférieure au (di/dt)max du thyristor. Lors de l'amorçage de Th1, cette inductance interdit la discontinuité de i1; le courant source ne pouvant être discontinu, Th2 continue à conduire durant le temps nécessaire à la croissance de i1 de 0 à Is. De même Th'1 et Th'2 conduisent simultanément. A chaque commutation les quatre thyristors conduisent simultanément et court-circuitent la source.


2.3 Étude sur charge R-L

La charge est rarement une résistance pure, le plus souvent elle peut être modélisée par un dipôle R-L. Pour 0 < t < T/2, les équations du montage sont :

Avec les équations (2) et (4), nous exprimons Uo et Io en fonction de Is. Il vient:

Exemple

Prenons E = 100 V , R = 10 W , L = 1 mH et l'onduleur étant commandé à la fréquence f = 500 Hz. Les thyristors utilisés ont un temps de blocage tq = 100 µs.

Pour rester en régime apériodique, nous devons choisir C > 40 µF; prenons C = 47 µF.

Nous calculons :


La fig.3 donne l'allure des grandeurs.

 


Nous constatons qu'après son blocage, Th1 est soumis à une tension négative durant tinv = 256 µs > tq donc que le blocage s'effectue normalement.

2.4 Conclusions

Ce type de montage a l'avantage de la simplicité car le blocage de chaque thyristor d'un bras est forcé par l'amorçage de l'autre thyristor du même bras.

Il a plusieurs inconvénients :

Ø      il faut un condensateur de capacité élevée soumis à une tension alternative et parcouru par un courant de valeur efficace importante ( près de 8 A dans l'exemple du paragraphe 2.2).

Ø      quand R diminue, le temps tinv diminue et nous risquons de ne plus pouvoir bloquer les thyristors, en particulier dans le cas d'un court-circuit de la charge. Pour une charge R-L on risque de passer en régime oscillant faiblement amorti avec des valeurs élevées de la tension maximale aux bornes de la charge.

Ø      le courant dans la charge dépend de la capacité C choisie et de la charge; l'onduleur n'impose ni la tension ni le courant charge.

3 structure en pont avec diodes d'isolement

3.1 Structure

Pour éviter que le courant dans la charge dépende de celle-ci et pour limiter le courant dans les capacités, on peut utiliser le montage ci-dessous :

La structure permet de ne mettre en service les condensateurs que durant la commutation des thyristors.

3.2 Analyse sur charge R - L

Nous supposons le courant Is parfaitement lissé par Ls.

v     A t = 0-, Th2, D2, D1' et Th1' conduisent seuls. Les condensateurs sont isolés : j = j' = 0. On a ich = -Is . Pour pouvoir bloquer les thyristors les condensateurs doivent être chargés négativement : v = v' = -Vo.

v     A t = 0, on amorce Th1 et Th2'. On a donc v1 = v'2 = 0 et v2 = v'1 = -Vo ; Th2 et Th1' sont donc bloqués en t = 0+ . L'inductance L de la charge interdit la discontinuité de ich donc ich(0+)= -Is . Les diodes D2 et D'1 doivent donc continuer à conduire.

u = -R.Is et vd1 = v - u = R.Is - Vo ; si R.Is < Vo , D1 et D'2 restent bloquées.

v     Première phase de commutation : les interrupteurs fermés imposent j = j' = Is . j = C.dv/dt donc

v = v' = Is.t/C-Vo . A l'instant t1 tel que v(t1) = -R.Is ,vd1 = 0 donc D1 conduit. Nous avons t1 = C.Vo/Is - R.C .

v     Deuxième phase de commutation à t1+  , D1 et D2' conduisent; comme ich(t1+)= -Is ,D1' et D2 conduisent toujours .

A la fin de cette phase, Th1,D1,D2' et Th2' conduisent et v = Cste; en régime permanent, on aura

Vo = v(t'2). Le thyristor Th2, après son blocage reste sous tension négative tant que v est négative soit, pour R = 0, durant tinv = t1 = C.Vo/Is =1/w=Ö(2.L.C). Ce temps est indépendant du courant dans la charge.

Si on ne néglige pas R, le calcul est plus complexe. La valeur de Is n'est pas imposée et les temps de commutation dépendent de Is. Pour exprimer le courant source, on écrit que valeur moyenne sur une demie période de la tension aux bornes de la source de courant E - Ls est égale à E.

 

Exemple

Reprenons les valeurs du paragraphe 2.3 : E = 100 V , R = 10 W , L = 1 mH et l'onduleur étant commandé à la fréquence f = 500 Hz. Les thyristors utilisés ont un temps de blocage tq = 100 µs.

Pour être en régime oscillant, nous devons avoir C < 2.L/R² soit C < 20 µF ; si nous négligeons R, nous devons avoir tinv = t1 = Ö(2.L.C) > tq soit C > 5 µF. Prenons C = 10 µF.
Nous calculons Is =13,4 A ; Vo = 152 V ; t1 = 13,4 µs ; t'2 = 471 µs ; tinv = 110 µs.

La fig.6 donne l'allure des grandeurs durant la commutation.

3.3 Conclusions

L'introduction des diodes de séparation :

Ø      a l'inconvénient de :

v     nécessiter deux condensateurs
v     nécessiter quatre diodes ce qui augmente la chute de tension, phénomène surtout sensible en basse tension

Ø      a l'avantage de :

v     diminuer la capacité nécessaire pour assurer le blocage
v     réduire le courant efficace dans les condensateurs qui ne sont utilisés que durant les commutations.
v     assurer un meilleur pouvoir de coupure, en particulier si R tend vers 0, le temps pendant lequel chaque thyristor est soumis à la tension inverse tend vers Ö(2.L.C), valeur indépendante du courant charge.

 

4 structure parallèle

4.1 Montage

La charge est alimentée à travers un transformateur à point milieu. Le condensateur assure la compatibilité des branches source et charge; il permet aussi le blocage des thyristors :

4.2 Analyse sur charge R-L

Nous supposons :

v     le courant source parfaitement lissé : is = Is = Cste.
v     le transformateur parfait; chaque enroulement primaire a n1 spires et l'enroulement secondaire n2 spires.
v     la charge modélisée par une résistance R en série avec une inductance L.

Les équations du montage sont :

Supposons qu'à t = 0-, Th2 soit passant et que C soit chargé négativement sous v = -Vo.

A t = 0, nous amorçons Th1 donc v1 = 0 et v2 = v < 0. L'amorçage de Th1 force le blocage de Th2.

De (5) et (8), nous tirons (13) u = m.v/2. En dérivant (7) et en utilisant (9) et (13), il vient

Pour faire le calcul, nous nous donnons à priori une valeur de Is; nous en déduisons A, B, A', B', A" et B" . Nous calculons le second membre de l'expression ci-dessus et nous le comparons à m.E. Nous essayons des valeurs successives de Is jusqu'à obtenir l'égalité.

Exemple

Prenons E = 6 V ; f = 500 Hz ; R = 10 W ; L = 5 mH ; C = 20 µF et m = 5.

Nous calculons Is = 6,39 A ; A = -1,75 A ; B = -3,82 A; A" = -486 V ; B" = 200 V.

La fig.8 donne l'allure des grandeurs.

4.3 Conclusions

Ø      Avantages :

v     structure simple avec seulement deux interrupteurs
v     transformateur d'isolement et d'adaptation de la tension intégré à la structure

Ø      Inconvénients :

v     nécessite un condensateur de capacité élevé, soumis à une forte tension et parcouru par un courant efficace de l'ordre de Is
v     La tension et le courant dans la charge dépendent de la charge
v     les thyristors sont soumis à un fort di/dt à l'amorçage; il faut ajouter une inductance en série avec chaque thyristor pour limiter cette contrainte
v     le temps durant lequel chaque thyristor reste sous tension inverse dépend de la charge

5 structure à résonance parallèle

5.1 Structure

La source est une branche de type courant; la  charge est un circuit résonant parallèle ; la structure de l'onduleur est en pont.

5.2 Analyse

De 0 à T/2 , Th1 et Th2' sont passants donc i = is ; de T/2 à T, Th2 et Th1' sont passants donc i = -is.

Si nous supposons le courant source constant, de 0 à T/2, nous avons : i = Is = ir + iL + ic ; u = R.i = L.diL/dt et ic = C.du/dt. Nous en déduisons

5.3 Méthode du premier harmonique

Dans les montages à résonance, on cherche à obtenir des grandeurs dans la charge quasi sinusoïdales; la fréquence f de commande de l'onduleur est telle que w =2.p.f soit peu différente de la pulsation de résonance wo et l'amortissement est faible. Les grandeurs de la charge sont donc peu différentes de leur fondamental de fréquence f.

A la fréquence f, l'admittance du circuit résonnant est :

Lorsque Th1 est amorcé en 0, la tension appliquée à Th2 est u(0); si nous voulons forcer le blocage de Th2, il faut que u(0) soit négative. Le déphasage j1 doit être négatif et la charge globalement capacitive; nous devons donc avoir w > wo. Le thyristor Th2 reste sous tension négative pour q = w.t variant de 0 à |j1| ce temps doit être supérieur au temps de blocage tq des thyristors nous devons donc avoir  |j1| >2.p.tq/T.

Exemple

Pour une fréquence de commande f = 500 Hz et un temps tq =100 µs, nous devons avoir |j1| > 0,314 rd soit |j1| > 18°. La fig.10 donne les valeurs de y = P/(E²/R) et de |j1| en fonction de x pour deux coefficients d'amortissement z = 0,1 et z = 0,25.


5.4 Démarrage de l'onduleur

A la mise sous tension is est nul et le condensateur déchargé. Si on amorce Th1 et Th2' on risque de ne pouvoir les bloquer; le courant i sera continu et la source sera mise en court-circuit. Il faut au démarrage :

Ø      soit charger C positivement .

Le circuit de la fig.11 peut être utilisé :

Le condensateur Caux est chargé à travers Eaux et Raux. On amorce le thyristor auxiliaire Thaux. Caux se décharge dans le circuit oscillant de l'onduleur à travers Laux qui limite le courant de décharge et crée une oscillation qui bloque Thaux après une période d'oscillation, le courant de décharge passant par 0. Le circuit oscillant soumis à un échelon de tension démarre et on peut débloquer Th1 et Th2 lorsque u passe par 0.

Ø      soit établir le courant is dans l'inductance;

le circuit de la fig.12 peut être utilisé :


L'amorçage du thyristor Thaux fait osciller le circuit Ls-Caux amorti par Raux. Lorsque is atteint une valeur suffisante, on commande Th1 et Th2; comme u = 0 et que Caux est chargé positivement Thaux se bloque; le circuit oscillant R-L-C soumis à l'échelon de courant is entre en oscillation.

5.5 Conclusions

L'onduleur à résonance parallèle est moins souvent utilisé que celui à résonance série:

Ø      les thyristors sont soumis à un fort di/dt à l'amorçage qui nécessite une inductance de limitation.
Ø      la mise en service nécessite un circuit auxiliaire
Ø      si le signal de commande n'est pas de rapport cyclique 50%, il se crée une composante continue dans R et L; cette composante est très gênante si on utilise un transformateur pour alimenter la charge
Ø      si on court-circuite R, la tension u s'annule et on ne peut plus bloquer les thyristors créant un court-circuit de la source
Ø      on ne peut arrêter l'oscillation en bloquant les impulsions de commande des thyristors car ceux passants à cet instant resteraient conducteurs et on aurait court-circuit de la source; le seul moyen d'arrêter le fonctionnement est de couper l'alimentation.