Électronique de puissance

 

xxxxxxModule 5 : xxxxxxx "Conversion AC - DC "
Chapitre 5.2

 

Analyse des convertisseurs

Dans le chapitre précédent, nous avons étudié les structures des convertisseurs Pm et PDm en utilisant des hypothèses simplificatrices. Ces hypothèses étaient :

Ø      Hypothèse 1 : réseau alternatif d'impédance interne nulle
Ø      Hypothèse 2 : interrupteurs parfaits
Ø      Hypothèse 3 : intensité parfaitement continue  dans le réseau continu

Nous allons maintenant tenir compte des imperfections de la structure.

1 étude de l'intensité dans le réseau continu

1.1 Régimes de conduction

nous gardons les hypothèses 1 et 2 mais nous abandonnons l'hypothèse 3.

Le réseau continu est modélisé par un dipôle E-R-L suivant la fig.1 :

nous avons u = E+R.i+L.di/dt. Le courant étant périodique, la valeur moyenne de di/dt est nulle donc

Umoy = E + R.Imoy.

La structure impose i(t) ³ 0 donc Imoy ³ 0 soit Umoy ³ E.

Pour un angle de commande a variant de  0 à p, Umoy varie de Ud à -Ud 0. Si E = Cste, la condition

Umoy ³ E ne peut donc être réalisée pour toute valeur de a. Comme pour la structure hacheur, nous devons envisager deux régimes de fonctionnement :

Ø      conduction permanente : dans ce cas i(t) > 0; il y a toujours un redresseur passant dans chaque structure Pm et la tension u(t) est celle de la structure idéale; la forme d'onde de u est indépendante de i et sa valeur moyenne est Umoy = Ud.cos a; nous avons Umoy ³ E donc cos a > E/Umoy soit

a < arc cos(E/Umoy). Cette condition est nécessaire mais non suffisante car Imoy peut être positif sans que i soit toujours strictement positif.

Ø      conduction discontinue : chaque thyristor est amorcé en qa et se bloque en qe < qa +2.p/m ; de qe à qa +2.p/m, tous les thyristors sont bloqués donc i = 0 et u(t) = E.

La forme d'onde de u et sa valeur moyenne ne sont plus celles de la structure idéale; la tension u dépend de la commande et de la charge.

1.2 Régime de conduction continue

Dans ce cas, nous connaissons la tension u(t) qui est celle de la structure idéale étudiée au chapitre précédent.

Calcul direct du courant

Connaissant u(t), nous devons intégrer l'équation différentielle R.i+L.di/dt = u-E ou en utilisant la variable

q = 2.p.f, R.i(q)+X.di(q)/d q = u(q)- E en posant X = L.w.

Ø      Structure Pm : La tension u de fréquence m.f a pour valeur moyenne

  ; nous devons vérifier que la condition nécessaire de condition permanente Umoy > E est satisfaite. Si c'est le cas, nous pouvons poursuivre l'étude. T1 conduit sur l'intervalle ; on a alors u = v1.

L'équation donnant le courant est R.i(q)+X.di(q)/d q = Vmax.sinq - E. La solution de l'équation sans second membre R.i(q)+X.di(q)/d q = 0 est i1 = A.exp(-q/k) en posant k = X/R.

Pour chercher la solution particulière de l'équation avec second membre, nous décomposons celui-ci en deux termes; R.i(q)+X.di(q)/d q = Vmax.sinq  et R.i(q)+X.di(q)/d q = - E.

Le premier terme correspond à la réponse i2 en régime permanent d'un circuit R-L à un signal sinusoïdal. Nous pouvons dans ce cas utiliser la méthode complexe : ; nous en déduisons i2=I2max.sin(q - j).

Le deuxième terme correspond à la réponse i3 en régime permanent à la tension continue -E; nous en déduisons i3 = -E/R.

La solution est donc : .

Pour calculer la constante A, nous écrivons que i est de période 2.p/m soit i(qa1)= i(qe1) soit .

La conduction sera permanente si i(qa1) > 0.

Ø      Structure PDm : La tension u est de fréquence m.f ou 2.m.f suivant que m est pair ou impair et  ; nous devons vérifier que la condition nécessaire de condition permanente Umoy > E est satisfaite. Si c'est le cas, nous pouvons poursuivre l'étude.

v    Pour m pair, nous avons vu que la tension u(q) du PDm est 2 fois celle du montage Pm+. Sur l'intervalle de conduction de T1, R.i(q)+X.di(q)/d q = 2.Vmax.sinq - E.

Nous en déduisons  

avec .

v     Pour m impair, la tension u est de fréquence 2.m.f donc de période angulaire p/m..

Envisageons le cas m = 3 qui est le seul à être utilisé en pratique. Dans ce cas, si T1 est amorcé en qa1 et conduit sur un intervalle de 2.p/3, T'1 est amorcé en qa'1= qa1+ p ; T'3 en qa'1-2.p/3= qa1+p/3 et T'2 en qa'1-4.p/3= qa1-p/3 

T'2 conduit donc avec T1 de qa1 à qa1+p/3, intervalle égal à une période; sur cette période u+ = v1 et u- = v2 donc u = u+ - u- = v1-v2= u12 soit u = Umax.sin(q+p/6)=Ö3.Vmax.sin(q+p/6). Donc sur l'intervalle de conduction de T1 et T'2, R.i(q)+X.di(q)/d q = )=Ö3.Vmax.sin(q+p/6)- E.

Nous en déduisons  avec .

Cette méthode directe donne l'expression exacte du courant mais est difficilement exploitable par exemple pour calculer l'ondulation crête à crête ou la valeur efficace du courant.

méthode harmonique

Quelle que soit la structure, la tension u indépendante du courant i, peut être décomposée en série de Fourier sous la forme . nous pouvons utiliser le théorème de superposition en décomposant u en un générateur continu Umoy en série avec des générateurs sinusoïdaux de fréquence m.f, 2.m.f, …, k.m.f,… Le circuit est alors modélisé sur la fig.2:

v     Le premier état est obtenu en ne gardant que les générateurs continus Umoy et E. En régime permanent continu, L se comporte comme un court-circuit donc Imoy = (Umoy-E)/R.

v     Les états suivants sont obtenus en gardant seulement un harmonique de u. En régime sinusoïdal à la fréquence k.m.f, , nous avons une impédance Zkm = R+j.k.m.w.L= R+j.k.m.X  soit .

De Ikm = Ukm/Zkm, nous tirons .

L'intensité est donc par superposition de ces états : .

L'intensité efficace est .

Les résultats sont assez difficiles à exploiter mais on peut souvent simplifier le calcul en utilisant l'approximation du premier harmonique. Si nous voulons un filtrage efficace, nous devons choisir une inductance telle que X >> R; dans ce cas Zkm est peut différent de k.m.X. Ikm » Ukm/k.m.X; lorsque k augmente, l'amplitude des harmoniques de la tension diminue et l'impédance augmentent; l'intensité correspondante diminue très rapidement et nous pouvons donc négliger les harmoniques devant le fondamental. Pour un montage Pm ou un PDm avec m pair, le fondamental de u est de fréquence m et pour un PDm avec m impair, le fondamental de u est de fréquence 2.m.f; nous pouvons écrire :  avec n = 1 pour une structure Pm ou PDm avec m pair et n = 2 pour une structure PDm avec n impair.

Nous en déduisons :

La condition nécessaire et suffisante pour que la conduction soit continue i > 0 donne Imin > 0 soit Imoy > Inm.

Cette méthode sera souvent employée pour X >> R.

1.3 Régime de conduction discontinue

Dans ce cas, la forme d'onde de u est liée à la charge; la seule méthode est donc de résoudre l'équation différentielle R.i(q)+X.di(q)/d q = u(q) - E.

Lorsque T1 s'amorce en qa1, tous les thyristors sont bloqués puisque i = 0 par définition de la conduction discontinue.

v     Pour une structure Pm : T1 conduit seul de qa1 à  b < qa1+ 2.p/m imposant u = v1=Vmax.sinq puis tous les thyristors sont bloqués de b à qa1+ 2.p/m avec u = E.

v     Pour une structure PDm avec m pair : la valeur généralement retenue est m = 2; dans ce cas T1 et T'2 conduisent de de qa1 à  b < qa1+ 2.p/m imposant u = 2.Vmax.sinq puis tous les thyristors sont bloqués de b à qa1+ 2.p/m avec u = E.

v     Pour une structure PDm avec m impair : la valeur généralement retenue est m = 3; dans ce cas T1 et T'2 conduisent de de qa1 à  b < qa1+ p/m imposant u = u12=Ö3.Vmax.sin(q+p/6) puis tous les thyristors sont bloqués de b à qa1+p/m avec u = E.

Nous pouvons rassembler tous ces cas en disant que de qa1 à  b  la tension u est de la forme

u =a.Vmax.sin(q+g) avec a = 1 et g = 0 pour la structure Pm, a = 2 et g = 0 pour une structure PD2, a=Ö3  et g = p/6 pour une structure PD3.

Comme au paragraphe 1.2.1, la solution de l'équation différentielle est :

. La constante A se calcule en écrivant que i(qa1) = 0; nous en déduisons .

L'angle d'extinction b se calcule par la résolution de i(b) = 0; cette résolution ne peut se faire que de manière numérique en essayant des valeurs successives de q pour trouver l'angle où i s'annule ou de manière graphique en traçant i(q).

La tension charge est u= a.Vmax.sin(q+g) de qa1 à  b  et  u = E de qa1 à qa1+b.p/m instant d'amorçage du thyristor suivant avec b = 2 pour une structure Pm ou PD2 et b = 1 pour une structure PD3. En intégrant u sur cet intervalle qa1 à qa1+b.p/m, nous obtenons la valeur moyenne de u :

1.4 Caractéristiques de charge

La caractéristique de charge représente pour le réseau continu le graphe de la tension moyenne Umoy en fonction de l'intensité moyenne Imoy pour une valeur constante de l'angle de retard à l'amorçage.

En conduction continue, la tension Umoy est indépendante de la charge donc, le graphe Umoy(Imoy) est une droite horizontale.

En conduction discontinue, la durée de conduction de chaque interrupteur donc la tension de sortie dépendent du courant de charge.

Pour étudier la caractéristique, nous négligeons la résistance R de la charge. L'équation de charge est donc X.di/dq = u - E soit en valeur moyenne Umoy = E.

Ø      Structure Pm : en conduction discontinue, T1 conduit de qa1 = a+p/2-p/m à b , avec b < qa1 +2p/m. Sur cet intervalle u = v1=Vmax.sinq . X.di/dq = Vmax.sinq - E donne par intégration X.i = A - Vmax.cosq - E. q . En écrivant que i est nul en qa1, il vient : X.i = Vmax.(cosqa1 -cos q)+E.( qa1 -q ).

La valeur de b est telle que i(b) = 0 soit Vmax.(cosqa1 -cos b)+E.( qa1 - b ) = 0.

De b à qa1 +2p/m , tous les thyristors sont bloqués donc u = E et i = 0.

Calculons la valeur moyenne de i sur l'intervalle [qa1 ; qa1 +2p/m]:

Cherchons la limite de conduction discontinue; dans ce cas b = qa1 +2p/m et i(qa1).

La tension moyenne est Umoy = E = (m/p).sin(p/m).Vmax.cos a. En remplaçant dans l'expression de Imoy ,b et E par ces valeurs, nous obtenons la valeur critique du courant moyen :

; si Imoy < Icr la conduction est discontinue et si Imoy ³ Icr la conduction est continue.

Pour normaliser les graphes, nous adoptons les variables x = X.Imoy/Vmax et y = Umoy/Vmax.

Le graphe y(x) à a = Cste est la courbe de charge de la structure.

Pour a et m donnés, nous calculons xcr = X.Icr/Vmax . Pour x ³ xcr, la conduction est continue et y = ycr= (m/p).sin(p/m).cos a. Pour x < xcr , nous pouvons nous donner une valeur de y comprise entre  ycr , Vmax.(cosqa1 -cos b)+E.( qa1 - b ) = 0 soit cosqa1 -cos b+y.( qa1 - b ) = 0 permet de calculer b ; avec b et y, on peut calculer x.

Les courbes de charges de la structure P2 et celles de la structure P3 sont représentées en fin de chapitre.

Ø      Structure PDm :

Pour une structure PD2, nous savons que uPD2 = 2.uP2 ; la tension composée u12 = v1-v2 ; v2 est en retard de 2.p/m = p sur v1 donc u12 = 2.v1.

Si nous posons x = X.Imoy/U12max et y = Umoy/ U12max, les courbes de charge y(x) du montage P2 sont identiques à celle du montage P2 représentées sur la fig.3.

Pour une structure PD3, nous devons refaire les calculs puisque uPD3 est de fréquence 6.f et uP3 est de fréquence 3.f.

En conduction continue, la valeur moyenne de la tension est indépendante du courant et vaut

en conduction discontinue, T1 conduit avec T'2 de qa1 = a+p/2-p/m à b , avec b < qa1 +p/m. Sur cet intervalle u = u12=U12max.sin(q+p/6) .

X.di/dq = U12max.sin(q+p/6)- E donne par intégration X.i = A - U12max.cos(q +p/6) - E. q .

enécrivant que i est nul en qa1, il vient : X.i = U12max.[cos(qa1 +p/6) -cos (q +p/6)]+E.( qa1 -q ).

La valeur de b est telle que i(b) = 0 soit U12max.[cos(qa1 +p/6) -cos (b +p/6)]+E.( qa1 -b )= 0.

De b à qa1 +p/m , tous les thyristors sont bloqués donc u = E et i = 0.

Calculons la valeur moyenne de i sur l'intervalle [qa1 ; qa1 +p/m]:

cherchons la limite de conduction discontinue; dans ce cas b = qa1 +p/m et i(qa1)

La tension moyenne est Umoy = E = 2.(m/p).sin(p/m).Vmax.cos a. En remplaçant dans l'expression de Imoy ,b et E par ces valeurs, nous obtenons la valeur critique du courant moyen : ; si Imoy < Icr la conduction est discontinue et si Imoy ³ Icr la conduction est continue.

En posant x = X.Imoy/ U12max et y = Umoy/ U12max ,le graphe y(x) à a = Cste est la courbe de charge de la structure. Les courbes de charges de la structure PD3 sont données en fin de chapitre.

Ø      Utilisation des courbes de charge : nous avons deux cas suivant le type de charge :

v     pour un chargeur de batterie ou une cuve à électrolyse, la f.é.m E est indépendante du courant de charge. Dans ce cas, la valeur de y est constante. Nous pouvons en déduire pour chaque valeur du courant l'angle de retard à l'amorçage.

Prenons par exemple un montage P2 avec V = 85 V et E = 48 V.

Nous avons y = 48/85.Ö2=0,4. Pour cette valeur de y, le graphe de la fig.3 nous donne une valeur critique de x égale à xcr = 0,5. Si nous voulons rester en conduction continue pour un courant de charge supérieur ou égal à Icr = 10 A, nous devons choisir une inductance de filtrage L telle que X = L.w = xcr .Vmax / Icr = 6 W soit à f = 50 Hz, L = 19 mH.

En conduction permanente Umoy = E = (2.Vmax/p).cosa donne a = 51,2 °.

Si nous réglons a = 60 °, la graphe de charge nous indique que pour y = 0,4 nous sommes en conduction discontinue avec x de l'ordre de 0,32 soit I = 6,4 A.

v     pour la commande d'une machine à courant continu les variables Umoy = E et I sont indépendantes; l'intensité moyenne en régime permanent est proportionnelle au couple résistant. Le réglage de a fait varier Umoy = E donc la vitesse de la machine.

Nous pouvons dans ce cas fonctionner en conduction permanente pour tout régime, il suffit pour cela que x reste supérieur à la valeur maximale de xcr obtenue pour a = 90°. nous devons ensuite calculer l'inductance L pour avoir x > xcr pour la valeur minimale de I, c'est à dire lorsque la machine fonctionne à vide.

Prenons par exemple un montage PD3 alimenté par un réseau 220/380 V ; 50 Hz. Nous avons

U12max = 380.Ö3 = 658 V. Le moteur consomme à vide un courant Imin = 5 A.

Le graphe de la fig.6 nous donne xcr = 0,0889 pour a = 90° ; nous devons avoir X = L.w > xcrmax.U12max / Imin soit X > 12 W soit à f = 50 Hz, L > 38 mH. Prenons L = 40 mH ; x = 0,019 . I.

Pour a = 60 ° et I = 10 A, nous avons x = 0,19 et nous lisons y = 0,077 donc E = 51 V.

Comme lors de l'étude du hacheur, nous constatons que nous avons intérêt à fonctionner en conduction continue pour avoir une vitesse quasi indépendante de la charge du moteur (en réalité E = Umoy - R.I » Umoy). en conduction discontinue et à a = Cste, nous voyons que E donc la vitesse varient fortement avec I.

2 phénomène d'empiétement

2.1 Définition

De l'étude structurelle, nous conservons les hypothèses 2 (interrupteurs parfaits) et 3 (courant de charge parfaitement lissé) mais nous abandonnons l'hypothèse d'un réseau alternatif idéal d'impédance interne nulle.

Nous prenons en compte l'inductance de ligne en négligeant la résistance. Cette inductance est le plus souvent principalement due à l'inductance totale de fuites du transformateur d'alimentation. La présence de cette inductance interdit la discontinuité du courant de ligne.

Étudions la structure Pm avec ces hypothèses.

2.2 Analyse du fonctionnement

Envisageons la commutation de blocage de T1. Sur la fig.3, l'impédance du réseau est modélisée par la réactance Xs.

T2 est amorcé en qa2 = a+p/2+p/m.; en q-a2  T1 conduit seul donc j1 = I = Cste. Xs.dj1/dt = 0 donc u = v1.

En q+a2  T2 conduit donc vt2 =0. L'inductance de ligne interdit la discontinuité des courants donc j2(q+a2) = 0 et j1(q+a2)= I. T1 et T2 conduisent simultanément donc vt1 = vt2 = 0.

Les intervalles de conduction de T1 et T2 ont donc une partie commune; on dira que la conduction de T1 empiéte sur celle de T2.

Les équations du réseau sont : (1) v1-Xs.dj1/dq = u ; (2) v2-Xs.dj2/dq = u ; (3) j1 + j2 = I = Cste.

En dérivant cette équation, il vient (4) dj1/dq + dj2/dq = 0. En ajoutant les équations (1) et (2) et en utilisant (4), il vient (5) : u = (v1 + v2 )/2.

Durant l'empiétement, la tension de sortie est égale à la moyenne des tensions des phases conduisant simultanément.

En soustrayant (2) de (1) et en utilisant (4), il vient (6) : 2.Xs.dj1/dq = v1 - v2 .

.

en intégrant (6) et en posant .

La constante A se calcule avec j1(q+a2)= I = Is.sin(a+p/2) + A; .

La commutation se termine par le blocage de T1 en qa2+ µ lorsque le courant j1 s'annule.

De l'expression du courant, nous tirons . en tenant compte de l'expression de Is et de la valeur de la tension moyenne Ud, du redresseur Pm à diode, nous pouvons écrire

Le graphe des grandeurs durant la commutation est représenté sur la fig.4 :

2.3 Chute de tension due à l'empiétement

Sur la fig.4, nous constatons que durant l'empiétement la tension de sortie u = (v1 + v2 )/2 est inférieure à la tension de sortie de la structure idéale uidé = v2. Le phénomène crée donc une diminution de la tension de sortie; en valeur moyenne la chute de tension est :

.

De (1) ,(2) et (4), nous tirons (v2 - v1 )/2 = Xs.dj2/dq d'où :

en conduction permanente, nous aurons :

;

pour un angle de commande constant, nous aurons Umoy = a - b.I.

En conduction discontinue, il n'y a pas d'empiétement puisque chaque thyristor se bloque avant l'amorçage du suivant.

2.4 Empiétement à n thyristors dans une structure Pm

 

Principe

Pour une structure Pm avec m > 2, il faut envisager le cas où µ > 2.p/m. Dans ce cas, T1 n'est toujours pas bloqué lorsque T3 s'amorce.

v     Si 2.p/m < µ : à chaque amorçage on a 2 thyristors passants puis un  seul après la fin de l'empiétement.
v     Si 2.p/m < µ < 4.p/m à chaque amorçage on a 3 puis deux thyristors passants

On peut envisager de même les divers cas jusqu'à un empiétement tel que l'on a tous les thyristors passants simultanément.

Comme la durée de l'empiétement augmente avec l'inductance de ligne et avec le courant moyen débité et que l'intervalle entre deux amorçages diminue lorsque m augmente, on devra envisager la conduction simultanée de plus de deux thyristors pour :

v     des valeurs de m élevées généralement m = 6 ou m = 12

v     une source d'inductance élevée, par exemple lorsque le redresseur est alimenté par un autotransformateur
v     un courant de charge élevé, par exemple dans les applications en métallurgie
Analyse du fonctionnement

Pour une structure Pm envisageons que lors de l'amorçage de Tn, les thyristors TN-1, …, T2 et T1 conduisent simultanément. Les équations du montage sont :

(9) v1-Xs.dj1/dq = u ; v2-Xs.dj2/dq = u ; ... ; vn-Xs.djn/dq = u ; (10) j1 + j2 +…+ jn = I = Cste.

En dérivant cette équations, il vient : (11) dj1/dq + dj2/dq +…+ djn/dq = 0.

En ajoutant les équations (9) et en utilisant (11), il vient (12) : u = (v1 + v2 +…+vn)/n.

Durant l'empiétement, la tension de sortie est égale à la moyenne des tensions des phases conduisant simultanément. Notons que si n = m, u = 0 puisque la somme des m tensions de phases est nulle en régime équilibré.

Caractéristique de charge

Etudions la caractéristique de charge dans le cas où n redresseurs conduisent. A l'instant qan où TN est amorcé, T1, T2, …, TN conduisent. En négligeant la résistance R de la charge, les équations du réseau sont vk-Xs.djk/dq = u avec k variant de 1 à n. Avec jk (qak) = 0, il vient

La troisième intégrale est donc nulle et il vient :

La caractéristique de charge Umoy(Imoy) est donc une droite de pente -m.Xs/[n.(n-1).p].

Lorsque I augmente on a d'abord n = 2 donc une pente -m.Xs/2.p puis n = 3 donc une pente -m.Xs/6.p

Prenons par exemple un redresseur P6 à diodes alimenté sous Vmax = 50 V avec une inductance de ligne

L = 1 mH soit une réactance X = 0,31 W.

v     Si on néglige l'empiétement, on a Umoy idéal = (6/p).sin(p/6). Vmax = 47,7 V.

v     Si on a empiétement à deux diodes, la durée d'empiétement est donnée par l'équation (7) avec a = 0 soit 1-cosµ = I/Is avec Is= ( Vmax /Xs).sin(p/6)=80 A. L'angle d'empiétement µ ne doit pas dépasser la durée de conduction d'une diode soit µ < 60 °. Pour cette valeur de µ, nous en déduisons I < 40 A. I variant de 0 à 40 A, une ou deux diodes conduisent et la caractéristique de charge a pour pente -m.Xs/2.p = 0,3 W; nous en déduisons Umoy = 47,7 - 0,3.I. La tension moyenne varie de 47,7 à 35,7 V.

v     Si on a un empiétement avec plus de deux diodes conductrices, le calcul des courants devient complexe et il est difficile de calculer l'angle de conduction de chaque diode.

On peut utiliser la simulation numérique du circuit pour déterminer le nombre maximal de diodes pouvant conduire. Pour deux ou trois diodes conduisant, la pente de la caractéristique de charge est -Xs/.p = 0,1 W; nous en déduisons Umoy = A - 0,1.I.

Pour I = 40 A on a Umoy = 35,7 V donc A = 41,5 V.

2.5 Empiétement à n thyristors dans une structure PDm

L'étude est plus complexe et le résultat dépend des valeurs de m.

Ø      Structure PD2 : sans empiétement , T1 est amorcé en a, T2 en p+a; la conduction de T'1 étant décalée de p par rapport à celle de T1, T'1 est amorcé avec T'2 et T'2 avec T1.

Avec empiétement, T1 continue à conduire à l'amorçage de T2; comme T'1 est amorcé au même instant, T'2 continue à conduire avec T'1 par phénomène d'empiétement de la structure Pm-. A chaque commutation les quatre thyristors conduisent et u = 0.

Dans cette structure u- = -u+ donc la tension u = 2.u+ et la chute de tension par empiétement est deux fois plus forte que pour la structure P2 et vaut 2.Xs.I/p .

Ø      Structure PD3 : sans empiétement , chaque thyristor conduit pendant 120°. T1 est amorcé en a+30° , T2 en a+150°, et T3 en a+270° ou a-90°; T'1 est amorcé en a+30°+180° soit a+210° , T'2 en a+330 ou a-30°, et T3 en a+90°. lorsque T2 est amorcé, T'3 conduit.

Envisageons un empiétement à deux thyristors dans chaque Pm. Les commutations des deux structures Pm+ et Pm- étant décalées de 60 °, nous devons envisager deux cas :

v     l'angle d'empiétement µ < 60 °. lorsque T2 est amorcé, T'3 conduit depuis 60 ° donc l'empiétement de T'2 sur T'3 est terminé; on a donc T1, T2 et T'3 passants soit u+ = (v1+v2)/ 2 ; u- = v3 ; u = u+ - u- = (v1+v2-2.v3)/2 = -3.v3/2 puisque v1+v2+v3 = 0 pour un réseau triphasé équilibré. La structure P3+ commutant indépendamment de la structure P3-, nous pouvons utiliser les résultats du Pm obtenus au paragraphe 2.4 pour calculer l'angle d'empiétement et la chute de tension. Comme il y empiétement sur le P3+ et le P3-, on aura en valeur moyenne UmoyPD3 = 2. UmoyP3 = 2(UmoyP3 idéal -Duemp P3)
 
v     l'angle d'empiétement µ > 60 °. lorsque T2 est amorcé, T1 conduit par empiétement dans la structure P3+ et la commutation de T'2 à T'3 n'est pas finie dans la structure P3-. On a donc au moment de l'amorçage de T2, T1, T'2 et T'3 passants soit u+ = v1 ; u- = (v2+v3)/2 ;

u = u+ - u- = (2.v1-v2-v3)/2 = 3.v1/2. On a de plus vt2+vt'2+u = 0; comme T'2 conduit, vt'2= 0 donc

vt2= - u = -3.v1/2; pour a = 0, en a+150° = 150 °, v1> 0 donc vt2 < 0 et il est impossible d'amorcer T2. On ne pourra donc amorcer un thyristor de la structure P3+ que lorsque la structure P3- aura fini de commuter. On ne peut plus assimiler la structure PD3 à deux structures P3 fonctionnant indépendamment.

Le calcul devient alors complexe et demande le plus souvent des outils de simulation.
En pratique, ces cas arrivera peu fréquemment, les valeurs de l'angle d'empiétement étant de l'ordre d'une dizaine de degrés.

3 chute de tension en charge

En plus de l'inductance de ligne créant une chute de tension par empiétement, nous devons tenir compte de la résistance de ligne et des pertes dans les thyristors. Nous supposons toujours la conduction permanente et le courant parfaitement lissé dans le réseau continu.
 
3.1 Structure Pm

La fig.5 schématise le modèle utilisé.

On suppose que le phénomène d'empiétement se limite à la conduction de deux thyristors au maximum.

T2 est amorcé en qa2 = a+p/2+p/m.; en q-a2  T1 conduit seul donc j1 = I = Cste. En q+a2  T2 conduit donc

vt2 = 0. L'inductance de ligne interdit la discontinuité des courants donc j2(q+a2) = 0 et j1(q+a2) = I.

T1 et T2 conduisent simultanément de qa2 à qa2 + m donc vt1 = VF -RF. j1, vt2 = VF -RF. j2 , en appelant VF la tension de seuil d'un thyristor et RF sa résistance dynamique. Les équations du réseau sont : (13) v1-Xs.dj1/dq -(Rs+ RF).j1-VF = u ; (14) v2-Xs.dj2/dq -(Rs+ RF).j2-VF = u ; (15) j1 + j2 = I = Cste.

En dérivant cette équation, il vient (16) dj1/dq + dj2/dq = 0. En ajoutant les équations (13) et (14) et en utilisant (15), il vient (17) : u = (v1 + v2 )/2-(Rs+ RF).I/2- VF .

De qa2 +µ à qa2 +2.p/m , T2 conduit seul donc j2 = I =Cste et u = v2 -(Rs+ RF).I- VF.

En considérant que l'angle d'empiétement n'est quasiment pas modifié par les chutes de tension résistives, on retrouve

v     d'une part la chute de tension due à l'empiétement calculée au paragraphe 2.3 :

v     d'autre par la chute due à la résistance de ligne et au thyristor; cette chute vaut

dur = (Rs+ RF).I/2+ VF  de qa2 à qa2 + m et dur = (Rs+ RF).I+ VF de qa2 +µ à qa2 +2.p/m.

En valeur moyenne, .

nous en déduisons l'expression de la tension moyenne :

3.2 Structure PDm

Si on se limite à un empiétement à deux redresseurs avec µ < p/m, les structures Pm+ et Pm- fonctionnent séparément et la chute de tension de la structure PDm est deux fois celle de la structure Pm.

4 Butées de l'angle d'amorçage

L'angle de retard à l'amorçage a peut théoriquement varier de 0 à 180°. Si on tient compte des temps de commutation des thyristors, on doit restreindre en pratique cet intervalle.

4.1 Butée en redresseur

Avant l'amorçage de T1, le thyristor Tm conduit donc la tension aux bornes de T1 est :

vt1 = v1 - vm =Vmax.[sin(q)-sin(q +2. p/m)]=-2.Vmax.sin(p /m).cos(q+p/m). A l'instant d'amorçage de T1 qa1 =p/2+a-p/m, cette tension est vt1 =2.Vmax.sin(p /m).sin(a).

Lorsquea tend vers 0, la tension vt1 tend aussi vers 0. Or pour qu'un thyristor s'amorce il faut appliquer un courant de gâchette lorsque le thyristor est polarisé en direct. Si l'impulsion de commande est brève, le thyristor T1 ne s'amorce pas et Tm continue à conduire pour assurer la continuité du courant de charge.

Ce phénomène conduit généralement au blocage du pont; il est donc sans danger pour la charge. Lorsque plusieurs thyristors sont couplés en parallèle dans chaque phase pour pouvoir fournir un courant élevé, certains thyristors du groupe peuvent s'amorcer et d'autres rester bloqués; il y a alors surcharge des thyristors amorcés.

Pour éviter ce problème de raté d'amorçage, l'angle de retard à l'amorçage est limité à une valeur minimale appelée butée en redresseur; la valeur de la butée est généralement de 8 à 10°.

4.2 Butée en onduleur

T1 se bloque en qe1 =p/2+a-p/m+µ, µ étant l'angle d'empiétement. Après cet instant T2 conduit et T1 est soumis à la tension vt1 = v1 - v2 =Vmax.[sin(q)-sin(q -2. p/m)]=2.Vmax.sin(p /m).cos(q-p/m). cette tension est négative en qe1 et redevient positive en 3.p/2+p/m. Le thyristor T1 est donc soumis à une tension négative durant qinv =3.p/2+p/m -(p/2+a-p/m+µ,)=p-a-µ. Le temps durant lequel T1 est sous tension inverse est

tinv = (p - a - µ) /2.p.f. Nous savons que pour bloquer un thyristor, il faut maintenir une tension inverse pendant un temps supérieur au temps de blocage tq.

Lorsque a tend vers 180°, le temps tinv tend vers 0 donc devient inférieur à tq et T1 se réamorce spontanément dès que la tension vt1 redevient positive.

Envisageons ce qui se passe lorsque le blocage de T1 ne se produit pas. Cela revient à passer brusquement d'un angle a proche de 180° à un angle a = 0. La tension moyenne aux bornes de la charge

Umoy = Ud.cos a, passe donc brutalement de - Ud à + Ud. En valeurs moyennes, nous avons I = (Umoy-E)/R. Prenons par exemple Ud = 100 V et R = 0,1W. Pour un fonctionnement en onduleur avec I = 50 A, nous avons avec Umoy = -100 V, E = -105 V; lorsque T1 ne se bloque pas, Umoy = +100 V donc I = 2 500 A. En raison des inductances de ligne et de charge, le courant i ne peut être discontinu donc il passe progressivement de 50 à 2 500 A.

Si l'inductance de charge est élevée, le courant de charge croît lentement et il est possible de reprendre le contrôle du montage en diminuant l'angle a, avant la destruction des redresseurs.

Si l'inductance de charge est faible, le thyristor T1 peut être rapidement détruit.

La fig.6 donne un exemple de blocage raté pour un redresseur P2. Pour la valeur a de l'angle de retard, le blocage s'effectue normalement; en augmentant l'angle de retard de a à a', on a T1 se réamorce spontanément provoquant l'augmentation rapide du courant de charge.

Pour éviter les blocages ratés, on doit limiter la valeur maximale de a à une valeur appelée butée en onduleur. Pour un thyristor de temps de blocage tq = 100 µs fonctionnant à 50 Hz, on doit respecter 

qinv > 0,031 rad soit qinv > 1,8°. Si l'angle d'empiétement est µ = 10°, on doit avoir a < 168,2°.

en pratique la butée en onduleur est de l'ordre de 150°.

Annexes : courbes de charge