Électronique de puissance

 

xxxxxxModule 4 : xxxxxxx "Alimentations continues "
Chapitre 4.3

 

Alimentation Flyback

1 Principe

La structure d'une alimentation flyback est donnée par la fig.1.

 

L'interrupteur K unidirectionnel en courant est commandé à la fréquence f = 1/T avec le rapport cyclique a : de 0 à a.T, K est fermé et de a.T à T, K est ouvert.

v Durant la phase de fermeture de K, la tension primaire v1 = E; compte tenu des sens d'enroulement marqués par les points sur les bobinages, la tension v2 est négative donc D est bloquée et la charge est alimentée par le condensateur C. Le courant i1 crée un flux j positif dans le transformateur.

v Lorsqu'on commande l'ouverture de K, Le courant i1s'annule; la continuité du flux donc des ampères-tours impose un courant i2 > 0 donc la conduction de D. Le secondaire recharge C tout en alimentant la charge en utilisant l'énergie magnétique stockée dans le transformateur.

Le flux est toujours positif ou nul; on a donc une alimentation asymétrique.

La démagnétisation se faisant par transfert d'énergie à la charge, l'alimentation flyback ne peut pas fonctionner à vide.

Le courant i2 peut s'annuler avant la fin de la période; le transformateur est donc complètement démagnétisé à chaque période; la démagnétisation peut être incomplète, le courant i2 restant alors positif de a.T à T.

Le transformateur fonctionne de façon particulière puisqu'il n'y a jamais à la fois présence des courants primaire et secondaire. L'énergie magnétique stockée durant la fermeture de K est restituée à la charge durant son ouverture; pour pouvoir transmettre une puissance importante, il faut donc stocker une énergie magnétique importante; ceci impose de créer un entrefer dans le circuit magnétique.

2 étude simplifiée

2.1 Hypothèses

Pour simplifier l'étude, on suppose :

v     les interrupteurs K et D parfaits : courant nul à l'état ouvert et tension nulle à l'état fermé
v     le filtrage parfait de la tension de sortie : vs(t) = Vs = Cste.

v     le transformateur parfait : circuit magnétique linéaire donc inductance constante des bobinages; inductances de fuites et résistances des bobinages nulles.

2.2 Démagnétisation complète

A t = 0, le transformateur est démagnétisé, les courants primaires et secondaires sont nuls.

Ø On commande la fermeture de K imposant vk = 0 donc v1 = E; le transformateur étant parfait,

v2 = -m.v1 = -m.E avec m = n2 / n1, rapport des nombres de spires respectivement au secondaire et au primaire. La diode D est donc bloquée et i2 = 0.

Soit L1 l'inductance du primaire, nous avons v1 = L1.di1/dt soit i1 = E.t /L1. Le flux dans la section droite du circuit magnétique est j = L1.i1/n1.

A la fin de la période de fermeture de K soit en t = a.T, le courant primaire est maximal et vaut  Î1 = E. a.T /L1 et l'énergie magnétique stockée dans le circuit magnétique est : .

Ø Pour t > a.T, on commande l'ouverture de K imposant i1 = 0. Le flux et l'énergie magnétique ne peuvent être discontinus; la relation liant le flux aux courants est  R.j = n1.iµ = n1.i1+n2.i2, R étant la réluctance du circuit magnétique et iµ le courant magnétisant; en posant t' = t- a.T , nous en déduisons  .La diode D doit donc conduire et la tension secondaire est v2 = vs; nous en déduisons

v1 = -n1.Vs/n2 et vk = E+ n1.Vs/n2 .

Soit L2 l'inductance du secondaire, compte tenu de la convention générateur au secondaire,

La démagnétisation étant complète, le courant i2 s'annule en t' = b'.T = (b-a).T avec .

Le primaire et le secondaire étant bobinés sur le même circuit magnétique, les inductances sont proportionnelles au carré du nombre de spire : ; en remplaçant L2 et Î1 par leur expression, il vient : .

Pour rester en démagnétisation complète, nous devons avoir b' < 1-a soit

L'allure des graphes est donné par la fig.2 :

Pour obtenir l'expression de la tension de sortie, nous pouvons écrire que la puissance Ps fournie à la charge est égale à la puissance Pe fournie par la source E, toutes les pertes étant négligées.

Nous avons Ps = Vs.Is = Vs²/Rch, pour une charge purement résistante. Pe = (E.i1)moy=E.i1moy.

D'après la forme du graphe, nous avons i1 moy = a. Î1/2 =  E. a².T /2.L1 d'où .

Nous constatons que la tension de sortie dépend du montage, du rapport cyclique de commande mais aussi de la résistance de charge; si nous voulons une tension de sortie constante, il faudra disposer d'une boucle de régulation faisant varier le rapport cyclique en fonction de la charge.

2.3 Démagnétisation incomplète

Dans ce cas le flux reste toujours strictement positif ainsi que la somme des ampères-tours: n1.i1+n2.i2 > 0.

Ø A t = 0, on commande la fermeture de K imposant vk = 0 donc v1 = E; le transformateur étant parfait,

v2 = -m.v1 = -m.E. La diode D est donc bloquée et i2 = 0.

Nous avons v1 = L1.di1/dt soit i1 = E.t /L1+A. Au début de cette phase de magnétisation, le flux est minimal ainsi que le courant; nous avons donc i1 = E.t /L1+i1m.

A la fin de la période de fermeture de K soit en t = a.T, le courant primaire est maximal et vaut 

i1M = E. a.T /L1 + i1m . Nous en déduisons Di1 = i1M-i1m= E. a.T /L1 .

Ø Pour t > a.T, on commande l'ouverture de K imposant i1 = 0. Le flux et l'énergie magnétique ne peuvent être discontinus ;en posant t' = t- a.T , nous en déduisons  .La diode D doit donc conduire et la tension secondaire est v2 = vs; nous en déduisons v1 = -n1.Vs/n2 et vk = E+ n1.Vs/n2 .

Soit L2 l'inductance du secondaire, compte tenu de la convention générateur au secondaire,

La démagnétisation étant incomplète, nous avons en t = T soit t' = (1-a).T

. Nous en déduisons ; en égalant les deux expressions de Di1, il vient vs= m.a.E/(1-a).

L'allure des graphes est donné par la fig.3 :

nous constatons qu'en démagnétisation incomplète, la tension de sortie ne dépend plus du courant de charge.

En égalant les puissances fournie par la source et consommée par la charge, nous avons ; nous en déduisons i1moy = m.a.Is/(1-a); cette relation combinée avec celle de Di1, permet de calculer les extremums du courant primaire donc du courant secondaire.

3 choix des composants

Nous nous fixons la tension d'alimentation E, la tension vs et le courant Is en sortie, la fréquence de découpage f et l'ondulation maximale DVs de la tension de sortie.

Par exemple E = 24 V ; vs = 12 V ;  Is = 1 A ; f  = 50 kHz et DVs = 0,6 V.

3.1 Inductances

 

Démagnétisation complète

Nous avons ; si nous nous fixons une valeur du rapport cyclique a, nous pouvons en déduire l'inductance primaire L1 et la valeur crête du courant primaire Î1= a.E/L1.f.

Avec les valeurs de l'exemple et a = 50 %, il vient L1 = 120 µH et Î1= 2 A.

Le temps de conduction de la diode est b'.T = L2.I2/vs ; la continuité de l'énergie magnétique en t = a.T impose ; nous en déduisons .

Nous nous fixons b' tel que a+b' < 1 pour rester en démagnétisation complète et nous calculons L2 et Î2.

Dans l'exemple avec b' = 40 %, il vient L2 = 19,2 µH et Î2 = 5 A.

Nous pouvons en déduire le rapport de transformation . Dans l'exemple m = 0,4.

Démagnétisation incomplète

Nous devons nous fixer le rapport cyclique a et l'ondulation Di1 du courant primaire.

Nous en déduisons L1= a.T.E/ Di1; de la relation vs= m.a.E/(1-a), nous déduisons le rapport de transformation m et la valeur de l'inductance secondaire L2 = m².L1.

Nous pouvons alors calculer la valeur moyenne du courant primaire i1moy = m.a.Is/(1-a); avec nous calculons les extremum du courant primaire et ceux du courant secondaire en divisant par m.

Dans l'exemple étudié, prenons a = 50 % et Di1 = 0,5 A. Nous en déduisons L1 = 480 µH ; m = 0,5 ; L2 = 120 µH ; i1moy = 0,5 A ; i1M = 1,25 A ; i1m = 0,75 A ; i2M = 2,5 A et i2m=1,5 A.

Nous constatons que le fonctionnement en démagnétisation incomplète demande des inductances plus fortes que celui en démagnétisation complète.

3.2 Condensateur de filtrage

Le condensateur de sortie alimente la charge pendant la durée de blocage toffd de la diode D.

Le courant de charge étant constant, nous avons durant cette phase ic = - Is = C.dvs/dt; nous en déduisons la variation de tension durant cette phase -Is. toffd / C ; le condensateur est donc lié à l'ondulation de la tension de sortie par C = Is. toffd /DVs .

En démagnétisation complète la diode D est bloquée durant la phase de fermeture de K qui dure de 0 à aT et durant la phase où K et D sont bloqués durant de (a+b')T à T; nous avons donc toffd = (1-b').T.

En démagnétisation incomplète, D est bloquée uniquement de 0 à aT donc toffd = (1-a).T.

Avec les valeurs de l'exemple, nous trouvons C = 20 µF en démagnétisation complète et C = 17 µF en démagnétisation incomplète.

 
3.3 Interrupteur K

L'interrupteur K est unidirectionnel en tension et en courant. On choisira un transistor de type MOS pour les tensions d'alimentations faibles à moyennes (12 à 400 V) et de type bipolaire pour les tensions supérieures. Il doit pouvoir supporter la tension E+vs /m au blocage et le courant Î1 en saturation.

Dans l'exemple, nous avons :

Ø      en démagnétisation complète : tension maximale 54 V, courant maximal 2 A

Ø      en démagnétisation incomplète : tension maximale 48 V, courant maximal 1,25 A.

 Facteur de dimensionnement de l'interrupteur :

Le facteur de dimensionnement du transistor est .

Dans tous les cas Vkmax = E+vs/m et Puissance contrôlée = Vs.Is = E.i1moy.Nous en déduisons

Ø      En démagnétisation complète:Ikmax = a1/2 et d'où

A résistance de charge constante, nous voyons que nous avons intérêt à choisir une valeur de a aussi grande que possible tout en respectant la condition pour rester en démagnétisation complète. Avec les valeurs de l'exemple, nous avons Fd = 9.

Ø      En démagnétisation incomplète :  d'où .

Le premier terme est minimal pour a = 50 % et vaut alors 4. Le deuxième terme est d'autant plus faible que l'ondulation est petite devant la valeur moyenne du courant. Dans l'exemple Fd = 5.

3.4 Diode

La diode doit supporter la tension vs+m.E au blocage; le courant moyen dans le condensateur étant nul, nous avons un courant moyen dans la diode égal à Is et un courant crête égal à I2max. Cette diode doit être suffisamment rapide pour s'adapter à la fréquence de découpage.

Nous pouvons utiliser une diode Schottky qui est très rapide et qui a une chute de tension plus faible qu'une diode à jonction PN; on diminue ainsi les pertes dans la diode donc on augmente le rendement de l'alimentation.

Dans l'exemple, le courant moyen dans la diode est de 1 A;

Ø      en démagnétisation complète : tension maximale 31,2 V, courant maximal 5 A

Ø      en démagnétisation incomplète : tension maximale 36 V, courant maximal 2,5 A.

 

4 Effet des inductances de fuites

Les inductances de fuites du transformateur doivent être prises en compte dans le choix des composants; par définition ces inductances au primaire et au secondaire ne sont pas couplées; durant la phase de fermeture de K, l'inductance de fuites primaire est magnétisée; à l'ouverture de K, l'énergie stockée ne peut être évacuée au secondaire et sera dissipée dans l'interrupteur.


On peut modéliser le transformateur par :

v     l'inductance magnétisante Lµ égale à l'inductance primaire L1 si on néglige les fuites

v     les inductances de fuites primaire Lf1 et secondaire Lf2

v     un transformateur parfait de rapport m = n2/n1 imposant compte tenu du sens de couplage : e2 = -m.e1 et

i1t = -m.i2 . Nnous avons donc i1 = iµ + i1t = iµ-m.i2.

4.1 Étude sans circuit d'aide à la commutation

On suppose que sur la fig.4 le condensateur C' est débranché.

Étudions l'ouverture de K en t = a.T soit en t' = t- a.T = 0; à t' = 0-, K est fermé, D est bloquée. i1(0)=Î1.

L'interrupteur impose la vitesse de décroissance du courant : i1(0)=Î1(1-t'/tf).

La diode D conduit donc , il vient : ;

avec di1/dt'=-Î1/tf, il vient : .

Nous avons vk = E - e1 - Lf1.di1/dt soit, en négligeant Lf2/m² devant Lµ et en appelant l'inductance de fuites totales ramenée au primaire Lf = Lf1+Lf2/m²:  

Les inductances de fuites, créent donc une surtension Lf1/tf aux bornes de l'interrupteur.

Avec les valeurs de l'exemple en démagnétisation complète m = 0,4 ; L1=120 µH ; L2=20 µH, Î1 = 2 A. Prenons un temps d'ouverture tf = 0,1 µs et des inductances de fuites égales à 5 % des inductances principales : Lf1 = 6 µH , Lf2 = 1 µH; Lf = 12,25 µH; la surtension est donc de 245 V pour une tension de blocage de 54 V.

La valeur très élevée de cette surtension impose d'utiliser un circuit d'aide à la commutation.

4.2 Étude avec circuit d'aide à la commutation

Plaçons un condensateur de capacité C' en parallèle sur l'interrupteur.

A l'ouverture de K, on a trois phases :

Ø      première phase : durant le temps d'ouverture tf, le courant est commuté de K à C'; à la fin de cette phase

j = Î1 et jk = 0. On peut considérer que durant cette phase, le courant magnétisant iµ n'a pas varié; la tension e1 est donc nulle ainsi que e2 et D est bloquée donc i2=0 et i1 = iµ.

Ø      deuxième phase : tant que D est bloquée, i1 = iµ quasi constant donc C' se charge à courant Î1 constant la tension vk augmente linéairement; e1 est peu différente de E-vk et e2 de m.(vk-E); D est bloquée tant que e2 < vs soit tant que vk < E+vs/m.

Ø      troisième phase : D conduit en t' = 0; à cet instant i1 = iµ = Î1 et vk = E+vs/m.

Les équations du montage sont : j = i1 = C'.dvk/dt' ; E = vk+Lf1.di1/dt'+Lµ.diµ/dt';e2 = -m.e1= -m.Lµ.diµ/dt' = vs+Lf2.di2/dt' ; i1 = iµ + i1t = iµ-m.i2.

On en déduit  ; en négligeant Lf2/m² devant Lµ , nous obtenons .

La solution est de la forme vk = A.cosw.t' + B.sinw.t' + Vkbloc ; i1 = C'.w.B. cosw.t'

Avec vk(t'=0)=Vkbloc et i1(t'=0)=Î1, nous avons A = 0 et B = Î1/C'.w .

La tension maximale aux bornes de l'interrupteur est Vkbloc + Î1/C'.w   ; la surtension est : .

Plus la capacité est grande, plus la surtension est faible; on doit cependant limiter la valeur de C' pour limiter la durée de la deuxième phase (E+vs/m).C'/Î1 à une valeur faible devant la période de découpage. De plus, à la fermeture de K, le condensateur chargé sous Vkbloc se décharge dans l'interrupteur; pour limiter la pointe de courant qui en résulte, on doit placer une résistance R' en série; la surintensité sera limitée à Vkbloc/R' et le temps de décharge de l'ordre de 5.R'.C' doit rester faible devant le temps de fermeture de K.

Dans l'exemple en démagnétisation complète, si on veut limiter la surtension à 50 V, on doit avoir C' > 19,6 nF; en prenant C' = 22 nF et Vkbloc = 54 V; la phase 2 du blocage dure 0,6 µs pour une période de 20 µs. En limitant la surintensité à 2 A, on a R' = 27 W et un temps de décharge de 3 µs. Les temps de commutation étant un peu forts, il faut diminuer C donc admettre une surtension plus grande.

La surtension à la coupure due aux inductances de fuites est une des principales limitations de l'utilisation de la structure flyback pour les fortes puissances.

5 principes de commande

5.1 Commande en mode tension

La commande de l'interrupteur fonctionne à fréquence de découpage fixe et à rapport cyclique a variable; pour réguler la tension de sortie vs, on compare sa valeur à celle de la référence de tension; l'erreur qui en résulte fait varier le rapport cyclique.

Lorsque l'alimentation comporte plusieurs sorties de tensions différentes, on ne peut en réguler précisément qu'une seule; pour que toutes les sorties soient régulées, il faut que les couplages des enroulements secondaires soient serrés afin qu'ils aient tous la même inductance de fuite ramenée au primaire.

Ce type de commande est simple à réaliser et la régulation ne pose pas de problèmes de stabilité car on peut montrer que le système est du premier ordre.

Son inconvénient est de ne pas contrôler le courant dans l'interrupteur K

5.2 Commande en mode courant

La commande fonctionne à fréquence fixe, le rapport cyclique étant fonction d'une référence de courant crête dans l'interrupteur K. A chaque fin de période, l'interrupteur K est fermé; le courant i1 augmente; quand il atteint la valeur Iref, on commande l'ouverture de K. La régulation se fait par la variation de Iref en fonction de l'erreur sur la tension de sortie. Si la tension de sortie diminue, cela veut dire qu'à chaque période de conduction de K on stocke une énergie magnétique insuffisante, il faut donc augmenter la référence de courant.

On peut ainsi protéger l'interrupteur K contre les surintensités en limitant la valeur de Iref.

Ce mode de commande peut devenir instable.

Sur la fig.5.a, on a tracé la réponse en courant pour un rapport cyclique a < 50 % et pour une référence de courant donnée. La période est fixée par la commande et les pentes de croissance et de décroissance de i1 par les inductances des bobinages. Supposons qu'une perturbation entraîne une augmentation du courant minimal.

Le système réagit suivant le graphe en trait épais; on constante que le système est stable puisque au bout de quelques périodes, le courant reprend le fonctionnement normal.


Sur la fig.5.b, on a tracé les mêmes graphes pour un rapport cyclique a > 50 % ; on constate alors une instabilité de fonctionnement car la perturbation s'amplifie.

Dans ce cas, on peut stabiliser le système en créant une référence de courant en forme de dent de scie (fig.5.c); certains circuits intégrés de commande, dits à compensation de pente, permettent le fonctionnement pour toute valeur de a.

5.3 Commande à fourchette de courant

On peut adapter le mode courant en gardant le blocage de K commandé lorsque le courant primaire atteint une valeur maximale égale à une référence de courant et en refermant K lorsque le courant magnétisant s'annule. On est alors à la limite de la démagnétisation complète.

Ce type de fonctionnement a l'avantage de fermer K et d'ouvrir D à courant nul donc avec des pertes de commutation limitées.

L'inconvénient est d'avoir une ondulation forte du courant magnétisant donc un facteur de dimensionnement de K élevé et de faire fonctionner le montage à fréquence variable ce qui complique le calcul des composants et rend plus difficile le filtrage de la tension de sortie.

6 dimensionnement de l'alimentation

6.1 Données de base

On se fixe :

v     le mode de fonctionnement en démagnétisation complète ou incomplète; en démagnétisation incomplète on aura pour le courant une valeur crête et une ondulation plus faible, un meilleur facteur de dimensionnement de K, un filtrage plus simple de la tension de sortie mais des inductances primaire et secondaires plus élevées donc un circuit magnétique plus volumineux. Le fonctionnement en démagnétisation incomplète est généralement utilisé pour des puissances de sortie supérieures à 100 W.

v     la tension d'alimentation et sa plage de variation : Emin £ E £ Emax

v     la tension vs et la puissance Ps de la sortie ou de chacune des sorties

v     l'ondulation crête à crête maximale en sortie DVs

v     le rendement h estimé ( de 75 à 85 %)

v     la fréquence de découpage f : plus la fréquence sera élevée, plus le transformateur sera petit mais plus on aura de pertes magnétiques et de pertes de commutation dans le transistor K. Lorsque K supporte une tension faible à moyenne (moins de 400 V), on peut choisir un transistor MOS et une fréquence de découpage allant jusqu'à 100 kHz; pour des tensions plus élevées, on doit choisir un transistor bipolaire et une fréquence de découpage de 20 à 50 kHz.

v     la valeur maximale du rapport cyclique : de 45 à 50 %

v     pour un fonctionnement en démagnétisation incomplète, l'ondulation crête à crête Di1 du courant magnétisant.

Le courant moyen en entrée est I1moy = Ps/ h.Emin ; pour avoir un bon facteur de dimensionnement, on choisit Di1/ I1moy de l'ordre de 0,5 à 2. Plus ce rapport sera faible plus le facteur de dimensionnement sera faible mais plus l'inductance magnétisante sera élevée donc plus le transformateur sera volumineux

6.2 Étapes du calcul

 

Étape 1:calcul de l'inductance primaire

v     en démagnétisation complète, on a calcule la puissance en entrée Pe = Ps/h, Ps étant la somme des puissances de toutes les sorties  et on en déduit

v     en démagnétisation incomplète, on a

 
Étape 2 : sélection du circuit magnétique
A l'aide des notices constructeurs, on sélectionne un circuit magnétique en fonction de la fréquence de découpage et de la puissance.

On choisit de préférence des noyaux de type E ou U, éventuellement des pots RM pour les puissances faibles à moyennes dans les montages nécessitant un faible rayonnement parasite des bobinages.

Un exemple de table de choix est donné en annexe 1.

Étape 3 :  calcul des nombres de spires

v     au primaire : le flux maximal la section droite de la bobine primaire est Fmax = Bmax . Ae , Ae étant la section effective du circuit magnétique choisi; nous avons par définition de l'inductance L1.I1max = n1. Fmax .

On choisit un champ maximal de 0,1 à 0,25 T suivant les matériaux et la fréquence; plus la fréquence est élevée, plus on choisit une valeur faible pour limiter les pertes magnétiques.

En démagnétisation complète, l'intensité maximale est I1max = E. a.T /L1; on en déduit

En démagnétisation incomplète

v     au secondaire : la tension de sortie étant vs doit être augmentée de la chute de tension Vd dans la diode pour obtenir la tension secondaire; cette chute de tension est de l'ordre de 1 à 1,5 V pour une diode à jonction et de 0,8 à 1 V pour une diode Schottky.

En démagnétisation incomplète :

En démagnétisation complète, on doit avoir

On doit vérifier qu'il y a au moins une spire au secondaire; si ce n'est pas le cas, il faut augmenter n1 en choisissant un noyau de plus faible section et en reprenant l'étape 3.

étape 4 ; calcul de l'entrefer

On calcule l'inductance spécifique AL = L1/n1².

Si, pour le circuit magnétique choisi, on dispose du graphe donnant l'inductance spécifique en fonction de l'entrefer, on peut lire la valeur e de l'entrefer.

Si on ne dispose pas de ces graphes, on peut calculer l'entrefer à partir de la valeur AL0 de l'inductance spécifique du noyau sans entrefer: , le étant la longueur effective du circuit magnétique et µe sa perméabilité effective données par la fiche constructeur du circuit magnétique.

L'entrefer e doit être compris entre 0,1 et 5 mm; si ce n'est pas le cas, il faut choisir un autre noyau et reprendre le calcul à l'étape 3.

On doit également vérifier sur les données constructeurs que le noyau avec entrefer ne se sature pas donc que le produit n1.I1max est inférieur aux ampères-tours autorisés pour l'entrefer choisi. Si ce n'est pas le cas, il faudra reprendre les calculs à l'étape 3 avec un circuit plus gros.

 

Étape 5 :  calcul des bobinages

Il faut d'abord calculer les intensités efficaces au primaire et au secondaire. La forme du courant primaire est celle de la fig.6.a et celle du courant secondaire celui de la fig.6.b.

Si on appelle Dt la durée de l'impulsion de courant, avec Dt = a.T au primaire et Dt=(b-a)T au secondaire, dans les deux cas, la valeur efficace est

Pour un bobinage, on peut en déduire la section du fil en prenant une densité de courant  J = 3 à 5 A/mm2.

S = I / J = p.D2/4 ; on en déduit le diamètre D du fil nu.

On calcule l'épaisseur de peau d = 70/Öf , d étant en mm et f en Hz. Si D < 2. d, on peut utiliser du fil classique, dans le cas contraire il faut utiliser du fil de Litz; on calcule alors le diamètre maximal de chaque brin égal d = 2 d, la section de chaque brin s = p.d²/4 et le nombre de brins S/s.

Connaissant le nombre de spires et le diamètre du fil de chaque bobinage, on doit vérifier que l'on peut loger tous les bobinages sur la carcasse du circuit magnétique.

La notice constructeur donne la surface de la fenêtre de bobinage Sb. On peut calculer la surface occupée par les fils de chaque bobine n.S', S' étant la section du fil avec son isolant. On en déduit la surface totale Sn.S'; pour que le bobinage soit réalisable, il faut que le coefficient de foisonnement Sb / Sn.S' soit au moins de 2.

On peut aussi utiliser les abaques constructeurs donnant pour chaque tore, le nombre de spires maximal en fonction du diamètre du fil isolé (voir exemple en annexe 2).

Si la fenêtre de bobinage est trop petite pour contenir toutes les spires, on doit choisir un circuit ayant une plus grande fenêtre et reprendre le calcul à l'étape 3.

 

Étape 6 :  évaluation des pertes

Pour chaque circuit, la notice constructeur donne les pertes magnétiques en fonction de la fréquence et du champ maximal.

On peut évaluer la résistance du bobinage; la notice constructeur donne la longueur moyenne d'une spire sur la carcasse; en la multipliant par le nombre de spires, on peut en déduire la longueur du fil donc sa résistance

R= r.L/S avec r = 1,6.10-8 W.m et les pertes par effet Joule.

On doit ajouter aux pertes dans le transformateur les pertes de conduction dans la diode et le transistor et les pertes de commutation.

On peut estimer le rendement et le comparer avec la valeur que l'on s'est donnée au départ.

Étape 7 :  choix des autres composants
On doit choisir le transistor K, la diode D et le condensateur C suivant les indications du paragraphe 3.

6.3 Exemple

On veut réaliser une alimentation continue 5 V - 5 A à partir du réseau EdF.

Ø      Données

v La puissance était faible, on choisit le fonctionnement en démagnétisation complète.

v L'alimentation continue E est obtenue par redressement et filtrage; la tension réseau est de 230V avec une fluctuation de 20 %; la tension crête du réseau varie donc de 260 à 390 V; si on compte une chute de tension maximale de 2 V dans le redresseur et une ondulation après filtrage de 10 % de la tension crête, on a

Emin = 230 V et Emax = 390 V.

v On se fixe une ondulation résiduelle en sortie de 2 % soit DVs = 0,1 V.

v On estime le rendement à 75 %.

v La fréquence de découpage est fixée à f = 25 kHz.
v Le rapport cyclique maximal est de 45 %.

Ø      Étape 1 : Pe = 25/0,75 = 34 W ; L1 = 6,3 mH

Ø      Étape 2 : Pour la puissance 40 W, la documentation LCC préconise le choix d'un circuit en E de type GER 30x13x8 en matériau B50.

Ø      Étape 3 : on fixe Bmax = 200 mT et on lit Ae=64 mm2 dans la notice constructeur (Cf annexe 3); on en déduit n1 = 323 spires .

Pour une chute de tension de 0,8 V dans la diode D, m < 0,018 soit n2 < 5,9 ; prenons n2 =5 spires.

Ø      Étape 4 : l'inductance spécifique doit être AL = 60 nH; d'après la notice constructeur, l'entrefer devrait être de 2 mm, valeur convenable.

Ø      Étape 5 : au primaire le courant maximal est amax.Emin/L1.f = 0,66 A; le courant minimal est nul en démagnétisation complète; le courant efficace est donc I1=I1max.Ö(a/3) soit 0,25 A; avec une densité de courant de 4 A/mm², la section du fil primaire est S1 = 0,063 mm² soit un diamètre D1= 0,28 mm.

L'épaisseur de peau à 25 kHz est d = 0,44mm; on peut donc prendre du fil monobrin de diamètre normalisé 0,315 mm.

Au secondaire I2max =I1max / m = 42,64 A ; I2moy = Is = b '.I2max / 2 donc b ' = 23,5 %; I2min = 0 donc

I2 = I2max. .Ö(b'/3) = 12 A.

La densité de courant étant de 4 A / mm², il faut une section S2 = 3 mm² soit un diamètre 1,95 mm. Il faudra donc prendre du fil de Litz. Le diamètre minimal de chaque brin est 2.d soit 0,88 mm. Il existe des brins de diamètre

d2 = 0,28 mm donc de section 0,062 mm²; il faut donc au moins 4/0,062=65 brins; il existe du fil de 72 brins convenant ici; le diamètre du fil de Litz est de 3,5 mm donc la section totale du conducteur est 9,62 mm².

La bobine primaire occupe 323 x 0,078 = 26 mm² et la bobine secondaire 5 x 9,62 = 48 mm²; au total les bobinages occupent 74 mm²; la fenêtre de bobinage étant de 90 mm², le circuit ne convient pas.

Si on prend un noyau ETD 34x17x11; on a Ae = 97 mm² soit n1 = 213 spires ; n2 < 3,87 donc n2 = 3 spires.

AL = 140 nH donne une entrefer de 0,9 mm, valeur convenable.

I2max =I1max / m = 47 A ; I2moy = Is = b '.I2max / 2 donc b ' = 21,3 %; I2min = 0 donc I2 = I2max. .Ö(b'/3) = 12,5 A.

Avec le même choix des fils, les bobinages occupent 213 x 0,078 + 3 x 9,62 = 46 mm²; la fenêtre de bobinage étant de 123 mm² le coefficient de foisonnement est de  2,7; le bobinage est donc réalisable. Il faudra bobiner le primaire en deux couches de 107 et 106 spires le bobinage secondaire étant entre les deux couches; il faut également prévoir l'isolement électrique soigné du primaire en raison de la haute tension d'alimentation.

Ø      Étape 6 : les pertes magnétiques sont de l'ordre de 1 W. La résistance du fil de Litz est 4 mW/m; la longueur moyenne d'une spire étant de 60 mm, il faut 180 mm de fil soit R2 = 0,72 mW donnant des pertes par effet Joule R2.I2²= 0,1 W ; au primaire la résistance est 205 mW/m; pour 213 spires, il faut 13 m de fil soit

R1 = 2670 mW donnant des pertes par effet Joule R1.I1²= 0,17 W. Les pertes dans le transformateur sont de 1,3 W.

Le courant moyen dans la diode étant de 5 A, les pertes sont 0,8 x 5 = 4 W dans la diode.

Si on limite les pertes à 3 W dans le transistor K, les pertes totales seront 8,3 W soit un rendement de 75 %.

Ø      Étape 7 : la tension maximale aux bornes du transistor est de Emax +(vs+Vd)/ m = 800 V et l'intensité maximale de 0,66 A. On prendra un transistor 1000 V / 2 A par exemple un transistor bipolaire BUX85 ou un MOS BUZ50.

La diode D doit supporter au blocage m.Emax+vs+Vd = 11 V; le courant moyen est de 5 A et le courant crête de 47 A; on peut prendre une diode 45 V / 7,5 A par exemple de type MBR745.

La diode D conduit pendant b ' = 21,3 %; C alimente la charge pendant 100-21,3 = 78,7 % de la période soit

toffd = 31,5 µs. Avec DVs = 0,1 V; C = Is. toffd /DVs = 1 574 µF; un condensateur de 2 200 µF / 10 V donnera une ondulation plus faible.

Annexes

Annexe 1 : sélection du circuit magnétique ( document LCC )

Puissance transmissible
Matériau Ferrinox B50 ou B51

fréquence 25 KHz et Induction 200 mT

Flyback et Forward

 

Push-Pull

Série ETD
Série EC
Série GER
Série RM & PM
Série GUP

4

5

10

13

15

20

30

40

 

13*7*3

13*6*3.6

19*8*7

20*10*6

25*6.6*6.4

25*13*7

30*15*7

30*13*8

RM5

 

RM6

 

RM8

RM10

 

 

50

60

70

80

90

 

ET29

 

ETD34

 

 

EC35

 

EC41

35*14*9

31*14*13

36*18*11

 

 

 

 

 

RM14

 

 

100

130

150

180

170

210

240

260

ET39

 

ETD44

 

 

 

EC52

41*17*13

42*21*15

49*21*16

52*21*20

   

200

270

300

400

450

320

450

500

600

750

ETD49

 

 

 

 

 

 

 

EC70

 

55*28*21

55*28*25

65*33*27

PM50*39

 

 

 

 

 

 

 

 

46*40*28

600

700

800

900

1000

1100

1300

1450

    70*32*32

 

 

 

PM87*70

UI 93*16

 

UI 93*20

UU 93*16

1050

1100

1400

1550

2100

1750

1850

2300

2500

3500

       

UU 93*20

UI 126*20

UU 123*20

UU 93*30

UU 141*30

 

Annexe 2 : nombre de spires pouvant être bobinées sur un circuit (document Siemens)

 

Annexe 3 :

Caractéristiques du circuit GER30x13x18 ( document LCC)

Paramètres magnétiques pour un circuit

( 2 noyaux)

Facteur de perméance c = 1,25 nH

Longueur effective Le = 64 mm

Section effective Ae = 64 mm²

Volume effectif Ve = 4 100 mm3

Masse : 20 g

 

Inductance spécifique sans entrefer : AL = 2 250 nH

Perméabilité effective : µe = 1 800

Perméabilité d'amplitude à 320 mT : µa > 1 000

Carcasse :

Surface mini pour le bobinage : Sb = 90 mm²

Longueur spire moyenne : Lb = 60 mm

Annexe 4 :

Caractéristiques du circuit ETD 34x17x11 ( document LCC)

Paramètres magnétiques pour un circuit

( 2 noyaux)

Facteur de perméance c = 1,55 nH

Longueur effective Le = 79 mm

Section effective Ae = 97 mm²

Volume effectif Ve = 7 600 mm3

Masse : 40 g

 

Inductance spécifique sans entrefer : AL = 2 550 nH

Perméabilité effective : µe = 1 645

Perméabilité d'amplitude à 320 mT : µa > 1 000

Carcasse :

Surface mini pour le bobinage : Sb = 123 mm²

Longueur spire moyenne : Lb = 60 mm