Électronique de puissance

 

xxxxxxModule 3 : xxxxxxx "Conversion DC - DC "
Chapitre 3.2

 

Hacheur série

1 étude de la charge

1.1 Principes de l'étude

 

Le montage étudié est donné ci-contre :

Nous idéalisons la branche tension formant la source : v(t) = V = Cste.

La structure étant non réversible, la f.é.m E est supposée positive ou nulle; comme la structure fonctionne en abaisseur de tension on doit avoir E £ V.

L'interrupteur K est commandé à la fréquence f = 1 / T avec le rapport cyclique a :

è de 0 à a.T, K est fermé
è    de a.T à T, K est ouvert

L'équation de la charge est u = E + R.i + L.di /dt. En régime permanent, toutes les grandeurs sont de période T; ceci implique que la dérivée de la fonction périodique i(t) a une valeur moyenne nulle. Nous en déduisons U = E + R.I , en notant les valeurs moyennes par un majuscule sans indice pour alléger la notation.

Dans l'étude structurelle, nous avons supposé i = I = Cste; nous avions alors :

ède 0 à a.T, K est fermé donc u = V
è    de a.T à T, K est ouvert et D conduit pour assurer la continuité de i donc u = 0

Nous avions alors U = a.V et I = (a.V-E)/R; la structure étant non réversible, nous avons i(t) ³ 0 donc I ³ 0; ceci suppose que a.V ³ E. Lorsque la f.é.m E est constante, par exemple lorsqu'on veut charger une batterie, cette condition ne peut être satisfaite pour toute valeur du rapport cyclique. Nous avons alors deux régimes de fonctionnement :

Ø      conduction permanente ou ininterrompue : dans ce cas, le courant i(t) est strictement positif sur toute la période; la tension u(t) est alors celle de la structure idéale : K conduit de 0 à a.T et D de a.T à T.

Il est alors nécessaire d'avoir a ³ V/E; cette condition est nécessaire mais non suffisante car il ne suffit pas d'avoir I > 0 pour avoir i(t) > 0.

Durant la conduction de K, on accumule de l'énergie magnétique dans l'inductance; celle-ci restitue une partie de cette énergie durant la phase de roue libre, permettant la circulation du courant i.

Ø      conduction discontinue ou interrompue : dans ce cas, l'énergie stockée dans l'inductance est insuffisante pour maintenir la circulation du courant jusqu'à la fin de la période; on a alors trois phases sur la période :

è    de 0 à a.T, K est fermé et D est bloquée donc u = V et i > 0; c'est la phase de transfert d'énergie

è    de a.T à b.T avec a < b < 1, K est ouvert et D conduit donc u = 0 et i > 0; c'est la phase de roue libre

è    de b.T à T, K et D sont bloqués donc i = j = 0 et u = E; c'est la phase de conduction interrompue.

1.2 Étude en conduction continue

Nous avons alors seulement la phase de transfert d'énergie suivie de la phase de roue libre.

Durant la première phase l'énergie fournie par la source fait croître le courant i(t); durant la phase de roue libre, i(t) diminue au fur et à mesure que l'inductance perd de l'énergie magnétique.

Recherchons l'expression des grandeurs en régime permanent; nous supposons que ce régime est atteint au bout de la nème période à partir du temps pris comme origine t = 0.

v     de 0 à a.T, K est fermé et D est bloquée donc u = V; nous en déduisons : R.i+L.di/dt = V-E soit

i + t.di/dt = Io avec t = L / r, constante de temps de la charge et Io = (V-E)/R, courant de régime permanent continu si K était fermé en permanence.

La solution est de la forme : i(t) = Io + A.exp(-t/t); la constante d'intégration se calcule à partir de la condition initiale sur la variable d'état i.

On a i(0) = Imin, valeur minimale du courant à la fin de la phase de roue libre précédente. Nous en déduisons A = Imin - Io soit : i(t) = Io + (Imin - Io).exp(-t/t) .

Cette phase prend fin en t = a.T ; en posant X = exp(-a.T/t), nous obtenons le courant maximal

Imax =  Io + (Imin - Io).X ( Eq.1).

v     de a.T à T, K est ouvert et D conduit donc u = 0; nous avons i + t.di/dt = - E / R; en posant

t' = t - a.T, nous avons i = -E/R + B. exp(-t'/t)   ; la constante B se calcule en écrivant la continuité de i en t' = 0 soit Imax = -E/R+B; nous en déduisons : i(t') = ( Imax+E/R). exp(-t'/t)  - E/R. à la fin de la phase de roue libre, le courant devenu périodique reprend la valeur initiale Imin.

En posant Y = exp[-(1-a).T/t] , il vient Imin = ( Imax+E/R).Y - E/R (Eq.2).

Les relations (Eq.1) et (Eq.2) permettent de trouver les expressions des extrema de i :  

L'ondulation crête à crête du courant est : ; on peut noter que cette ondulation est indépendante de la f.é.m E.

La fig.2 donne l'allure des graphes de u et de i.

 

condition de conduction permanente

Pour que le courant i soit toujours positif il faut et il suffit que sa valeur minimale soit positive; nous en déduisons :

Y(1-X)/(1-X.Y) > E/ V; X.Y = exp(-a.T/t) . exp(-(1-a).T/t)  = exp(-T/t)  = Cste pour a variable; nous en déduisons Y > X.Y + E(1-X.Y)/V soit :

1/Y = exp[(1-a).T/t ] < V / [E+X.Y(V-E)] d'où

1.3 Étude en conduction interrompue

v     de 0 à a.T, K est fermé et D est bloquée donc u = V; nous en déduisons : R.i+L.di/dt = V-E soit

i + t.di/dt = Io . La solution est de la forme : i(t) = Io + A.exp(-t/t); la constante d'intégration se calcule à partir de la condition initiale sur la variable d'état i.

On a i(0) = Imin = 0, car l'inductance a restitué toute son énergie avant la fin de la période précédente. Nous en déduisons A = - Io soit : i(t) = Io .[1 - exp(-t/t)].

Cette phase prend fin en t = a.T ; en posant X = exp(-a.T/t, nous obtenons le courant maximal

Imax =  Io (1-X)

v     pour t = a.T+ à T, K est ouvert et i est maximal; D conduit pour assurer la continuité du courant donc u = 0; nous avons i + t.di/dt = - E / R; en posant t' = t - a.T, nous avons i = -E/R + B. exp(-t'/t)   ;

la constante B se calcule en écrivant la continuité de i en t' = 0 soit Imax = -E/R+B; nous en déduisons :

i(t') = ( Imax+E/R). exp(-t'/t)  - E/R. Le courant i s'annule avant la fin de la période à l'instant b.T soit en

t' =(b-a).T; nous en déduisons :  soit

v     pour b.T < t < T, i est nul, K et D sont bloqués et u = E.

La fig.3 donne l'allure des graphes:

Calculons les valeurs moyennes; d'après le graphe ci-dessus, nous avons :

U = a.V+(1-b).E et I = (U-E)/R = (a.V-b.E)/R

2 Calcul simplifié

Si nous observons les graphes des fig.2 et 3, nous constatons que le courant i(t) a une forme proche de celle d'un signal triangulaire.

Lorsque x << 1, nous avons exp(-x) » 1-x; si la condition t >> T est satisfaite, nous pouvons appliquer cette approximation aux termes X et Y qui apparaissent dans les équations des extremums du courant en conduction continue : X » 1-a.T/t , Y » (1-a).T/t et X.Y » 1-T/t  .

 L'expression devient alors ; avec R.t = L et T = 1/ f, nous obtenons

Nous allons montrer qu'il n'est pas nécessaire de résoudre les équations différentielles pour obtenir ce résultat.

2.1 Étude simplifiée en conduction permanente

Supposons que le courant i(t) a une forme triangulaire; nous obtenons le graphe de la fig.4.

Si t >> T, l'ondulation crête à crête du courant Di proportionnelle à T / t devient très petite devant la valeur moyenne I.

Durant la phase de transfert d'énergie, nous avons u = V = E+R.i+L.di/dt; en considérant que  Di  << I, nous pouvons confondre R.i(t) avec R.I.

Attention

Nous ne pouvons pas dire que i étant quasi constant sa dérivée di/dt est quasi nulle donc que le terme L.di/dt est négligeable; car pour avoir une ondulation nulle, il faudrait avoir L infinie. D'ailleurs ce terme est égal à

V-E-R.I, valeur souvent peu différente de V-E donc indépendante de L. ( quand L ® ¥ alors di/dt ® 0 donc L.di/dt est une forme indéterminée pour la limite).

Avec l'approximation sur le terme R.i, il vient : di /dt = (V-E-R.I) / L = Cste; on a donc i(t) = a.t+b, équation d'une droite. La pente de la droite est di/dt = Di /Dt ; si nous faisons varier t de 0 à a.T, i varie de Imin à Imax et on obtient Di /a.T = (V-E-R.I) / L.

Avec U = a.V =E+R.I, nous obtenons .

Pour V, L et f fixées, l'ondulation crête à crête varie avec a; Di étant le produit de deux termes a et (1- a) dont la somme est constante, sa valeur maximale est atteinte pour a = 1- a soit a = 50 % et la valeur maximale de l'ondulation est Dimax = V/4.L.f.. L'ondulation est donc d'autant plus faible que le produit L.f est grand. La réalisation de fortes inductances parcourues par des courants élevés est complexe et donne des composants coûteux et encombrants. Pour obtenir un courant quasi continu tout en gardant des valeurs raisonnables pour L, nous avons intérêt à adopter une fréquence de découpage aussi élevée que possible; la limite supérieure de la fréquence est fonction de la rapidité de commutation de l'interrupteur commandé : 500 Hz pour un thyristor, 50 à 100 kHz pour un transistor bipolaire, 800 kHz pour un transistor MOS.

Le courant étant une fonction triangulaire, nous avons I = (Imax + Imin) /2 ; nous en déduisons donc :

Imax = I + Di /2 et Imin = I - Di /2.

La condition pour rester en conduction permanente est Imin > 0 soit  I > Di /2; avec les expressions de I et Di , il vient :

Nous savons qu'un polynôme du second degré a le signe du coefficient du terme de second degré à l'extérieur des racines.

Le produit des racines est ici -2.L.f.E/V < 0; un racine est négative, l'autre positive donne la valeur minimale de a pour le régime de conduction continue.

2.2 Étude simplifiée en conduction interrompue

L'intensité i(t) a alors la forme de la fig.5:

Dans ce cas, l'ondulation Di est rarement négligeable devant I.

En reprenant la solution obtenue par le calcul direct : i(t) = Io.[1 - exp(-t/t)] et en remplaçant exp(-t/t) par

1-t /t, il vient : i(t) = Io. t / t = (V-E).t / L. Nous en déduisons la valeur maximale du courant

Imax = i(a.T) = (V-E). a.T / L. 

Lors de la phase de roue libre, la solution est : i(t') = ( Imax+E/R). exp(-t'/t)  - E/R.  en remplaçant exp(-t'/t) par 1-t' / t, il vient : i(t') = Imax -( Imax+E/R). t' / t soit i(t’) = Imax -( R.Imax+E). t' / L . Le courant s'annule en

t' = (a-b).T, nous en déduisons : b = a + (L.f . Imax )/( R.Imax+E).

D'après le graphe du courant, nous avons I = b. Imax /2

 

3 Méthode d'étude du hacheur

Nous connaissons la tension source V, l'inductance L, la résistance R, la fréquence de découpage f et le rapport cyclique a.

Suivant le type de charge, nous connaissons de plus la f.é.m E' s'il s'agit d'une batterie ou d'un moteur fonctionnant à vitesse imposée ou l'intensité moyenne I s'il s'agit d'un moteur fonctionnant à couple imposé.

Ø      vérifier que la condition T << t = L / R est satisfaite; si ce n'est pas le cas, on ne pourra appliquer la méthode simplifiée; la méthode sera alors semblable à celle décrite ci-dessous mais avec les formules du paragraphe 2.

Ø      Supposer d'abord que la conduction permanente :

v     calculer la tension moyenne U = a.V
v     par la formule U = E+R.I, calculer E ou I suivant les données
v     calculer l'ondulation crête à crête :
v     calculer les extremums de i : Imax = I + Di /2 et Imin = I - Di /2.
v     vérifier la condition de conduction permanente I > Di /2

Si c'est le cas, l'étude est terminée; si la condition n'est pas vérifiée alors :

Ø      Supposer la conduction interrompue

v     Si E est connue, calculer Imax = (V-E). a.T / L , b = a + (L.f . Imax )/( R.Imax+E) ,

I = b. Imax /2 et U = E+R.I.

v     Si I est connue, les relations  b = 2.I / Imax = 2.L.f.I/a.(V-E) et I = aV-bE donnent : ; nous pouvons alors calculer I, b et U.

Exemple

Nous voulons charger une batterie de f.é.m E = 24 V à partir d'une source V = 48 V. Nous choisissons

f = 5 kHz, L = 2 mH et R = 4 ohms.Le tableau ci-dessous donne les résultats obtenus, d'abord par le calcul direct puis par la méthode simplifiée, en faisant varier a de 0 à 100 %.

 

Nous constatons que les résultats obtenus par la méthode simplifiée ne s'écartent pas de plus de 11 % de ceux obtenus par le calcul direct bien que t = 2,5.T ne satisfasse guère à la condition t >> T.

Traçons sur la fig.6, les graphes des grandeurs moyennes en fonction du rapport cyclique.

Nous constatons que ce montage n'est pas très satisfaisant :

Ø en conduction discontinue, le courant reste faible, avec une forte ondulation : pour a = 30 %, Di / I = 3,6

Ø      en conduction permanente, le courant varie rapidement avec a (variation de 0,12 A pour une variation de 1% de a); il est donc difficile de régler précisément le courant.

4 Alimentation du hacheur

La source comporte toujours une inductance L' liée à sa structure interne et aux connexions. En supposant le courant dans la charge parfaitement filtré, nous pouvons modéliser le montage suivant la fig.8 :

Deux cas peuvent se présenter en pratique :

Ø      L'inductance L' est uniquement une inductance parasite de faible valeur (quelques µH)

Ø      On désire filtrer le courant fourni par la source pour éviter la création de parasites dus à l'ondulation du courant dans la ligne; c'est par exemple le cas en traction électrique : le hacheur est situé dans la locomotive et le courant j circule dans la caténaire; pour éviter de perturber la signalisation, ce courant doit être parfaitement lissé.

4.2 Effet de l'inductance parasite de la source

Ø      Supposons d'abord que le condensateur C' est débranché.

Pour t < 0, K est ouvert et D conduit pour assurer la continuité du courant de BI : i(t) = I= Cste ; j = 0 ;

u = 0; vk = V.

A t = 0, nous fermons K imposant vk = 0; l'inductance L' interdit la discontinuité de j donc j(0+) = 0 ; la diode D doit continuer  et impose u = 0.

Nous avons donc L'.dj/dt = V soit j = V.t / L'. D se bloque lorsque j = ik = I soit en t1 = L'.I / V. Nous retrouvons le fonctionnement normal du hacheur durant la phase de transfert d'énergie.

A t = a.T, nous commandons le blocage de K ; posons t' = t - a.T . A t' = 0+ , j = ik = I; la commande de K impose la décroissance du courant suivant une loi du type ik = I.(1-t/toff); pour assurer la continuité de i, D conduit en t' = 0+  donc u = 0. La tension aux bornes de l'inductance est L'.dj/dt' = -L'.I / toff .

La tension aux bornes de K est donc : vk = V + L'.I / toff .

 

La fig.9 donne l'allure des grandeurs :

 

L'inductance de la source :

v     modifie la tension moyenne U qui devient U = V.(a - t1/T)
v     crée une surtension L'.I / toff aux bornes de K lors de son ouverture

v     crée des pertes à l'ouverture dans K puisqu'il y a durant toff à la fois du courant et de la tension.

L'énergie perdue à chaque ouverture est  correspondant à des pertes de puissance poff = f.woff.

 

Faisons un exemple numérique avec V = 200 V ; I = 30 A ;  f = 10 kHz ; L' = 1 µH.

Nous obtenons t1 = 0,15 µs. Pour un rapport cyclique a = 50 %, le temps de fermeture donne U = 99,7 V au lieu de 100 V, écart négligeable.

Les phénomènes à l'ouverture dépendent de la rapidité de K.

v     Si nous prenons un transistor bipolaire toff est de l'ordre de 1 µs. La surtension d'ouverture est de 30 V, c'est à dire que la transistor doit supporter 230 V au blocage. La puissance perdue à l'ouverture est : poff = 34,5 W.
v     Si nous prenons un transistor MOS, toff est de l'ordre de 0,1 µs. La surtension d'ouverture est de 300 V, c'est à dire que la transistor doit supporter 500 V au blocage. La puissance perdue à l'ouverture est : poff = 7,5 W.

L'importance de la surtension créée impose de modifier le montage.

Ø      Plaçons un condensateur de capacité C' entre les bornes de la source. Pour que l'impédance L' se situe entièrement côté source, il faut que les liaisons entre C' et K soient les plus courtes possibles afin de minimiser les inductances de câblage .

Pour t < 0, K est ouvert et C' est chargé sous la tension V; à t = 0, on ferme K.

A t =0+, vk = 0 et v' = V donc u = V et D est bloquée. C' va fournir le courant I nécessaire à la charge :

ik = -j' = I, le temps que le courant source à travers L' atteigne la valeur I. Si la capacité de C' est suffisante, la tension v' varie peu durant cette phase donc v' » V.

A t = a.T, on commande l'ouverture de K, D conduit imposant u = 0;

on a alors vk = v' - u = V; il n'y a plus de surtension aux bornes de K. Le courant j s'annule progressivement à travers C' et V.

Ø      choix du condensateur

v     la fréquence de résonance fo = 1/[2.p.Ö(L'.C')] doit être inférieure à la fréquence du hacheur pour éviter la création d'oscillations par mise en résonance du circuit L' - C' par le fondamental ou un harmonique d'un des signaux.
v     la charge à fournir durant le temps d'établissement de j est de l'ordre de Dq = I.t1=L'.I²/V; cette variation de charge crée une chute de tension Dv' = Dq / C', valeur qui doit être négligeable devant V; on en déduit L'.I²/C'.V << V soit C >> L'.(I/V)².

v     à l'ouverture de K, le circuit V, L', C' est isolé du hacheur; nous avons V=L'.dj/dt+V' et j' = C'dv'/dt soit L'C'.d²v'/dt² + v' =V ou d²v'/dt² + wo².v' = wo².V; la solution de cette équation est de la forme ; en prenant l'origine des temps à l'instant d'ouverture de K, il vient v'(0)=V = V+ A donc A = 0; ; à t = 0, j = j' = I donc B = I/C'.wo ; nous en déduisons v' = V + (I/C'.wo).cos(wo .t); à t= 0+, on a vk = v' = V +I/C'.wo.

Il apparaît donc une surtension (I/C'.wo) à l'ouverture de K; le circuit oscille mais les oscillations sont en fait rapidement amorties par les résistances de la source et des connexions. La tension V +I/C'.wo doit être inférieure à la tension maximale que peut supporter K au blocage.

Reprenons l'exemple précédent avec le transistor MOS utilisé à la fréquence de découpage f = 50 kHz et possédant une tension Vdsmax = 300 V.

La première condition donne C >  soit C >10,2 µF;

la deuxième condition donne C >> L'.(I/V)² soit C >> 0,0225 µF ;

la troisième condition donne V +I/C'.wo < 300 donne V + I.Ö(L'/C') < 300 soit C' > 0,09 µF.

Nous pouvons prendre C' = 15 µF. On doit choisir un condensateur de faible inductance parasite, par exemple un condensateur polypropylène.

4.3 Calcul du filtre de ligne

Dans ce cas, on place une inductance L' pour lisser le courant j dans la source.

Ø      Calcul du condensateur : on suppose le courant j parfaitement lissé; on a j = ik + j'= J, valeur constante. De 0 à a.T, K est fermé et ik = I , de a.T à T, K est ouvert et ik = 0. L'intensité dans le condensateur étant de valeur moyenne nulle en régime périodique on a en valeurs moyennes J = Ik = a.I . Nous pouvons tracer fig.10 l'allure de j'.

Le condensateur impose j' = C'.dv'/dt; de 0 à a.T, nous avons dv' = (1-a)I.dt/C soit v' = (1-a)I.t/C +A;

de a.T à T, dv' = -aI.dt/C soit v' = -aI.t/C + B. L'allure de v' est donnée sur la figure ci-contre.

Les extremums de la tension sont : V'min = v'(0) = A et V'max = V(a.T) soit V'max = a.(1- a).I/C.f +A;

l'ondulation crête à crête de la tension est Dv' = a.(1- a).I/C.f. Cette ondulation est maximale pour a = 0,5 et nous avons Dv' £ I / 4.C.f.

Nous nous fixons une valeur maximale de cette ondulation en pourcentage par rapport à la tension V :

Dv' / V = x % et nous en déduisons C = 100.I / 4.x.f.

Ø      Calcul de l'inductance : nous avons L'.dj/dt = V - v' ; la tension moyenne aux bornes de L' étant nulle en régime périodique, la valeur moyenne de V' est égale à V ; l'ondulation instantanée de la tension v' est

V-v' = dv'. Si nous posons dj = J-j(t), nous avons L'. d(dj)/dt = dv'; l'ondulation de v' étant une fonction triangulaire, par intégration, l'ondulation de j est formée d'arcs de parabole d'axe vertical (fig.10). dj est extremum lorsque dv' est nulle donc en a.T/2 et en (1- a).T/2.

Pour calculer l'ondulation crête à crête de j, calculons l'intégrale :

.

La dernière intégrale représente l'aire de la surface grisée sur la fig.10; ce triangle de base T/2 et de hauteur Dv'/2 a pour surface T.Dv' / 8; nous en déduisons : Dj = Dv' /8.L'.f; en remplaçant Dv' par son expression, il vient Dj = a.(1-a) I /(8.f².L'.C'); la valeur de cette ondulation est maximale pour a = 0,5 soit Dj' £ I / /(32.f².L'.C'). Si nous nous fixons une valeur maximale de l'ondulation du courant j en pourcentage par rapport au courant charge I : Dj / I = y % et nous en déduisons L' = 100.I /(32.f².y.C').

5 Courbes de chare

5.1 Définition

Pour un hacheur dont les composants sont définis, on peut tracer, à rapport cyclique constant, la caractéristique de sortie U(I). Afin de normaliser le tracé, on adopte comme variables en abscisse

x = (2.L.f / V).I, grandeur sans dimensions et en ordonnée y = U / V, autre grandeur sans dimension; le graphe ainsi normalisé s'appelle courbe de charge du hacheur.

5.2 Mise en équations

Cherchons l'allure des caractéristiques en séparant les régimes de conduction continue et discontinue.

Ø      en conduction continue : U = a.V soit y = a, équation d'une droite horizontale

Ø      en conduction discontinue : U = a.V+(1-b).E = E+RI (Eq.3) ; Imax = 2.I/ b = a.(V-E)/L.f. (Eq.4)

De (Eq.3), nous tirons : ; en reportant dans (Eq.4), nous obtenons : ;

posons k = R/(2.L.f) = T/(2.t), tous calculs faits, il vient :

Si nous négligeons la résistance R, il vient k =0 donc , équation d'une hyperbole.

La fig.7 donne l'allure des courbes de charge pour R = 0.

 

La limite entre les deux régimes est obtenue pour I = Di / 2 = a(1-a).V/L f soit x = a(1-a).
Comme dans ce cas y = a, nous en déduisons l'équation du graphe séparant les zones de conduction continue et discontinue : x = y(1-y).

5.3 Application à la commande d'un moteur

Pour une machine continue fonctionnant à flux constant, la f.é.m s'exprime en fonction de la vitesse sous la forme E = U-R.I = k.W.F = K.W = K.(p.n /30)= K'.n et le moment du couple électromagnétique est

Tem = k.F.I = K.I. Si nous négligeons toutes les pertes de la machine, nous avons U = E  ( R = 0) soit

n = U / K' et le moment du couple utile est Tu = Tem = K.I.

La caractéristique mécanique Tu(n) se déduit par un simple changement d'échelle de la caractéristique U(I) :

Ø      Si on maintient a = Cste, la caractéristique mécanique a la même forme que la courbe de charge.

Ø      A vitesse constante, on a U = E+RI = K'.n+RI, équation d'une droite de pente R. Pour un point de fonctionnement donné, l'intersection de la droite avec une des courbes de charge donne la valeur de a.

On doit en général éviter les fonctionnements en conduction interrompue :

Ø      la tension u(t) est une tension en créneau de période T; la constante de temps mécanique, de l'ordre de 0,1 s à 10 s, est en général très grande devant T donc la vitesse est quasi constante en fonction du temps; la constante de temps électrique L/R est beaucoup plus faible donc le lissage du courant sera plus difficile; en conduction discontinue, le courant donc le moment du couple s'annule à chaque période; si l'ondulation est trop forte, le couple est fortement pulsé et le moteur tourne par à coups.

Ø      dans la zone de conduction discontinue, une faible variation de la charge donc du couple et du courant produit, à a = Cste , une forte variation de y donc de la f.é.m et de la vitesse, variation d'autant plus forte que a est faible. La vitesse varie donc fortement avec la charge du moteur.

On reste en conduction continue pour toute valeur de a si x> 0,25 soit 2.L.f.I / V > 0,25 ou

L.f > V / 8.I ; il suffit de satisfaire cette condition pour la plus petite valeur de I possible correspondant au fonctionnement à vide.

exemple

Un moteur à courant continu excité par des aimants permanents porte sur sa plaque : U = 24 V ; I = 1 A ;

n = 1 000 tr / min ; Pu = 18 W. Sa résistance d'induit est R = 1 W et son inductance propre L = 1,5 mH.

Au point nominal E = U-R.I = 23 V et K' = E/n = 0,023 . Le moment du couple électromagnétique est

Tem = E.I / W = 0,22 Nm, d'où K = Tem / I = 0,22 V.s; le moment du couple utile est Tu = Pu / W = 0,17 Nm donc celui du couple de pertes est Tp = Tem - Tu = 0,05 Nm.

En supposant ce couple constant, le courant à vide sera Iv = Tp/ K = 0,23 A.

Nous alimentons ce moteur par un hacheur série, à partir d'une source de tension V = 30 volts.

Si nous voulons rester en conduction permanente à tout régime, nous devons avoir f > V/8.L.Iv soit

f >10,9 kHz; prenons f = 15 kHz. Nous aurons alors t = 22,5 T donc nous pouvons utiliser le calcul simplifié.

Ø      Au point nominal, nous avons U = a.V = 24 V donc a = 80 %.

Nous en déduisons Di = a.(1- a).V/L.f = 0,21 A ; Imax = I + Di /2 = 1,11 A et Imin = I - Di /2 = 0,89 A.

Ø      Si nous voulons garder vitesse nominale pour I = 0,5 A, nous devons avoir U = E+R.I soit U = 23,5 V et a' = 78,3 % .

Nous en déduisons Di' = a'.(1- a').V/L.f = 0,23 A ; I'max = I + Di' /2 = 0,61 A et I'min = I - Di' /2 = 0,39 A.

Ø      Si nous voulons fonctionner à n = 500 tr / min et I = 1 A, nous avons : E = K'.n = 11,5V; U = 12,5 v et a" = 41,7 % .

Nous en déduisons Di" = a".(1- a").V/L.f = 0,32 A ; I"max = I + Di" /2 = 1,16 A et I"min = I - Di" /2 = 0,84 A.

Ø      Si nous fonctionnons à vide à n = 800 tr / min, nous avons E = 18,4 v ; I = 0,23 A ; U = 18,63 V et a = 62,1 %.

Nous en déduisons Di = a.(1- a).V/L.f = 0,31 A ; Imax = I + Di /2 = 0,387 A et Imin = I - Di /2 = 0,07 A.

Si nous gardons le même rapport cyclique en prenant une fréquence de découpage f' = 5 kHz, nous aurions Di = a.(1- a).V/L.f' = 0,94 A  soit

Imin = I - Di /2 = -0,24 A; la conduction est donc discontinue à ce régime; nous calculons =23 V soit n = 1 000 tr / min , Imax =  (V-E). a.T / L = 0,58 A et

b = 2.I / Imax = 79,4 %.

La conduction continue a fait augmenter la vitesse à vide de 200 tr/min pour un même réglage du rapport cyclique.

6 Exemple de commande d'un moteur de traction

Etudions l'alimentation d'un moteur série par un hacheur

6.1        Étude du moteur

Le moteur est modélisé par la fig.14 :

 

L'inducteur de résistance Rs=7,5mW et d'inductance Ls= 2,8 mH est parcourue par le courant d'excitation is .

L'induit est modélisé par la résistance Ra= 19 mW , l'inductance La= 4,5 mH et la f.é.m. E

L'inducteur est shunté par la résistance s = 48,1 mW .

On donne la caractéristique à vide relevée à la vitesse no = 800 tr /min:

Is (A)

600

865

1000

1300

1750

1900

2160

Eo (V)

1030

1270

1350

1470

1640

1700

1800

On donne également le moment du couple de pertes, supposé constant, Tp = 700 Nm.

Étudions la machine en régime permanent continu :

Pour un courant d'induit I, on a un courant d'excitation Is =s.I /(s+Rs) et une résistance totale du circuit

R = Ra + s. Rs /(s+Rs)=25,5 mW ; d'où E = U - R.I

v     Point 1 : V = 1 kV et I = 1 kA ; on calcule le courant d'excitation I =865 A, la f.é.m.E = 974,5 V.

Pour le même courant d'excitation et à la vitesse no, on aurait Eo = 1 270 V; nous en déduisons la vitesse

n = no.E/Eo= 614 tr /min. Le moment du couple électromagnétique est Tem = E.I / W = 15 200 Nm ; le moment du couple utile est Tu = Tem - Tp = 14 500 Nm. Le rendement est h = (Tu . W) / (U.I) = 92,95 %.

v     Point 2 : n = 400 tr / min et I =1,5 kA; on calcule Is =1,3 kA donc Eo = 1 470 V à 800 tr / min donc

E = 735 V à 400 tr /min ; U = E+R.I = 773 V. Tem = E.I / W = 26 300 Nm ; le moment du couple utile est Tu = Tem - Tp = 25 600 Nm. Le rendement est h =  92,56 %.

v     Point 3 : au démarrage, on limite le courant à 2,5 kA; on doit donc limiter la tension à U = R.I = 64 V. Nous avons Is = 2 160 A soit Eo = 1800 V et Tem = Eo.I / Wo = 53 700 Nm.

6.2        Alimentation par un hacheur idéal

Le hacheur alimenté par une tension V = 1,5 kV a des temps de commutation nuls; il est commandé à la fréquence f = 250 Hz avec le rapport cyclique a. On suppose que la tension u est un créneau d'amplitude V et de rapport cyclique a donc U = a.V.

Si on néglige l'effet de s, l'inductance totale du circuit est L = La+Ls = 7,3 mH et la résistance R=26,5 mW.

La constante de temps électrique est donc t = L / R = 275 ms, valeur grande devant la période du hacheur

T = 1/f = 4 ms. Nous pouvons donc utiliser le calcul simplifié.

L'ondulation crête à crête est ; sa valeur maximale est V/4.L.f = 205 A.

La conduction sera continue à tout régime si le courant moyen est supérieur à Di / 2, soit dans le cas le plus défavorable I > 103 A, valeur suffisamment faible pour que la conduction soit toujours permanente.

Pour le point 1, on veut U = 1 kV soit a = 1/1,5 = 66,67 %; on a donc Di = 183 A.

Pour le point 2, on veut U = 0,773 kV soit a = 51,53 %; on a donc Di = 205 A.

Pour le point 3, on veut U = 64 V soit a = 4,27  %; on a donc Di = 34 A.

L'ondulation du courant i, explique la présence de la résistance de shunt s. En effet, l'ondulation du courant inducteur est préjudiciable au fonctionnement; elle crée des pertes fer supplémentaires dans le stator et surtout détériore la commutation du courant dans le collecteur.

Le branchement de la résistance s modifie peu la composante continue du courant ( moins de 14 %) mais contribue à lisser le courant inducteur.

Plaçons nous dans le cas le plus défavorable pour l'ondulation, c'est à dire pour a = 50 %. Le courant i est alors un signal triangulaire de valeur moyenne I et d'ondulation crête à crête 205 A; sa décomposition en série de Fourier donne :

en posant q =2.p.f.t.

Sans le shunt s, on aurait is = i. Avec le shunt, on a calculé la composante continue de is; pour la composante de fréquence n.f, il faut prendre en compte l'impédance et on a : Isn / In = s /(s+Rs+j. 2.p.n.f.Ls) soit en module .

Nous en déduisons :

La présence du shunt divise l'harmonique 1 du courant par 92 et l'ondulation crête à crête de is est de l'ordre de 2 A.

6.3        Calcul du filtre de ligne

Le courant fourni au hacheur par la caténaire doit être lissé pour ne pas créer des parasites pouvant perturber la commande des signaux disposés le long des voies.

La norme SNCF impose de ne pas dépasser une ondulation de tension de 20 % aux bornes du hacheur et une ondulation de courant de 300 mA dans les lignes. D'après l'étude du paragraphe 4.3, nous devons choisir un condensateur de capacité C = I / 4.f.Dv' et une inductance de valeur L = I/32.f².C.Di.; dans le cas le plus défavorable où I = 2,5 kA et V = 1 kV , Dv = 200 V et Di = 0,3 A nous avons C = 12 500 µF et

L = 333 mH.

Il est impossible de réaliser l'inductance du filtre car une telle valeur d'inductance pouvant supporter un courant de 2,5 kA nécessiterait un circuit magnétique de plusieurs dizaines de tonnes. On voit donc l'intérêt d'utiliser une fréquence de découpage élevée donc de ne pas utiliser de thyristors pour réaliser les interrupteurs.

A l'époque où ce premier hacheur de locomotive a été conçu, on ne disposait pas de transistors pouvant commander de telles puissances; la solution retenue consistait à entrelacer trois hacheurs par moteur, c'est à dire à alimenter le moteur par trois hacheurs en parallèle; chaque hacheur fonctionne à f =250 Hz et les commandes des trois hacheurs sont décalées de 1/3 de période. Le courant consommé par l'ensemble des trois hacheurs a alors une fréquence 3.f, ce qui permet de diviser par 3 la capacité et l'inductance du filtre; pour gagner encore en fréquence, on utilise le fait que pour deux moteurs on a six hacheurs donc en décalant les commandes des deux moteurs d'une demie période on arrive à une fréquence du courant de ligne égale à 6.f; si on garde C = 12 500 µF, on aura L = 333 / 36 =10 mH.

Le filtre de ligne ainsi calculé comporte 4 tonnes de condensateurs et 1 tonne d'inductance