Adam Smith
combattait les thèses des mercantilistes qui considéraient qu’il faut
absolument éviter tous les échanges qui pourraient conduire à réduire
le stock d’or national (il faut vendre mais il faut éviter d’acheter). David Ricardo
a combattu pour l’établissement du libre échange, parce qu’il y voyait
un moyen d’augmenter ou de maintenir les taux de profit à un niveau
permettant d’accumuler du capital. Il s’agissait pour lui, clairement
de retarder les effets de loi des rendements décroissants, de repousser
dans le temps l’échéance de l'épuisement des possibilités d'améliorer
le produit par tête.
Ses conclusions s'opposent à celle de Smith sur plusieurs points :
1) le commerce n’augmente pas la valeur du revenu bien qu’il permette
d’accroître la masse des marchandises consommées et le bien être (en
effet, la valeur de tous les biens étrangers qui sont importés est
mesurée par la valeur des biens domestiques donnés en échange),
l’ouverture de nouveaux marchés accroît la richesse des agents,
c’est-à-dire la quantité des biens nécessaires, agréables ou commodes à
la vie dont ils disposent, mais non la valeur du produit.
2) alors qu'Adam Smith affirme que les échanges internationaux
accroissent les profits du capital David Ricardo soutient, au
contraire, que le taux de profit des activités exportatrices diminuera
rapidement pour rejoindre le niveau général..
Selon
Smith si les produits des résidents trouvent de nouveaux débouchés à
l’étranger, le taux de profit du capital s’élèvera dans les secteurs
exportateurs et le capital s’investira dans ces activités. Dans les
autres secteurs, la production diminuera. Le déséquilibre entre la
demande et l’offre y entraînera une hausse des prix qui permettra au
capital d’y obtenir un taux de profit aussi élevé que dans les secteurs
exportateurs. L’égalité des taux de profit résultera de leur
augmentation générale.
Selon Ricardo, le stock de capital dans les
activités anciennes ne diminuera que si la demande de biens y est
moindre et, dans ce cas, le prix de ces biens n’augmentera pas. Mais,
il n’y a aucune raison qu’il en soit ainsi car la variation des
importations a pour contrepartie une variation d’égale valeur des
exportations. Si les sommes consacrées à l’achat de marchandises
étrangères augmentent, on ne pourra pas en consacrer autant à l’achat
de produits domestiques et la fraction du capital qui était employée à
la production de ces biens deviendra disponible. Mais, simultanément,
il faudra en employer davantage à la fabrication de produit exportés.
Ce n’est pas l’ouverture de nouveaux marchés qui augmente les profits. Ils
ne peuvent être augmentés que par une baisse des coûts salariaux et
cette baisse ne peut découler que d’une réduction du prix des denrées
nécessaires aux travailleurs.
Si l’extension du
commerce extérieur permet aux travailleurs d’acquérir à moindre frais
les biens qu’ils consomment, les profits augmenteront parce que le
salaires pourront être diminués. Si les marchandises achetées à
l’étranger sont exclusivement consommées par les riches, les profits
resteront inchangés mais les capitalistes verront leur situation
s’améliorer puisque avec le même montant des profits ils pourront se
procurer davantage de biens.
C’est ce raisonnement qui justifie
l’engagement politique de Ricardo qui entre à la Chambre des Communes
en 1819 et sera jusqu’à sa démission pour des raisons de santé en 1823
(peu de temps avant sa mort) un ardent partisan de l’abolition des
"corn-laws", ces droits de douanes qui augmentent le prix du pain et
par contre coup, les salaires des ouvriers anglais.