Depuis Alfred Marshall (économiste anglais 1842-1924), on distingue deux sortes de rendements (ou économies) d’échelle : externes et internes.

Les rendements d’échelle internes (à l’entreprise) traduisent le fait que lorsque la production de l’entreprise augmente le coût moyen diminue. Plus l’entreprise est grande et plus elle est efficace parce qu'elle peut répartir les coûts fixes sur un plus grand nombre de produits. La production de logiciels est une bonne illustration : le coût de production est essentiellement constitué de coûts fixes (les salaires de informaticiens, les loyers des locaux, les installations, les abonnements...). Lorsque que le logiciel est prêt à être vendu, le nombre d'exemplaires ne fait pas varier le coût total sensiblement. Plus ce logiciel sera vendu, plus les coûts fixes d'origine seront "récupérés". Le coût moyen tend vers zéro quand le nombre de produits vendus tend vers l'infini.

Les rendements d’échelle externes (à l’entreprise) trouvent leur origine à l’extérieur de l’entreprise, ils bénéficient de la même façon à toutes les entreprises du secteur et ils se manifestent avec l’augmentation de la production de la branche.
Les rendements sont constants au niveau de l’entreprise mais croissants au niveau de la branche.
Dans ce cas, si une entreprise augmente sa production, son coût moyen reste constant. Pour que le coût moyen baisse, il faut que la production de l’ensemble de la branche augmente. Plus la production d’un secteur devient importante, plus les infrastructures liées à cette production sont performantes (moyens de communication, écoles, fournisseurs, etc.). Par exemple, l’augmentation de la production de l’ensemble du secteur permet aux fournisseurs de proposer des rabais aux entreprises. De même, s’il y a beaucoup d’entreprises dans un secteur, le personnel travaillant dans ce secteur augmentera et le niveau de qualification aussi. L’augmentation de la productivité de la main-d’œuvre permettra de réduire la quantité de travail par unité de production dans toutes les entreprises.

Les économies d’échelle internes et externes n’ont pas les mêmes conséquences.

Les économies d’échelle externes sont compatibles avec la concurrence car elles bénéficient de la même façon à toutes les entreprises d’une branche donnée.
Inversement, les économies d’échelle internes conduisent au monopole parce qu'elles permettent à l’entreprise de s’emparer progressivement de tout le marché. Si plusieurs entreprises bénéficient d’économies d’échelle, c’est celle qui a la chance d’arriver la première sur le marché qui devient un monopole. Lorsque le marché est trop important pour être alimenté par une seule entreprise, ou lorsque les économies d’échelle internes sont progressivement annulés par des déséconomies d’échelle internes liées au gigantisme, la structure de marché peut se stabiliser en oligopole.