Si la distinction entre croissance extensive (utiliser plus de facteurs) et croissance intensive (utiliser mieux les facteurs) est simple, la mesure de la part revenant à chacune des deux modalités de croissance est délicate et repose sur une méthode de décomposition du taux de croissance discutable.

Les contributions du travail et du capital à la croissance économique

Un exemple : décomposition de la croissance du PIB en France de 1963 à 1973

L’augmentation de la quantité de travail et du stock des équipements utilisés explique environ 2 points de croissance du PIB en moyenne chaque année entre 1963 et 1973.
- Comme cette croissance s’est faite au rythme moyen annuel de 5,2 points, il reste à expliquer 3,2 points.
- Les économistes appellent ce résidu inexpliqué "productivité totale ou productivité globale des facteurs".
Pour en savoir plus voir cette présentation proposée par Boris Adam sur son site Sciences Économiques et Sociales au Lycée Marcel-Gambier.

Dans les années 60 et 70 de nombreux travaux statistiques ont été conduits à partir de cette hypothèse pour mesurer la part (la contribution) du travail, du capital et du progrès technique dans la croissance de la production.
- Robert Solow en 1957 estime que 90% de la croissance aux USA pendant la période 1909-1949 ne serait pas imputable au travail et au capital !
- Edward F. Denison relativisa ce constat en 1976 mais conclut tout de même à une contribution importante du "facteur résiduel".

Par définition la productivité horaire du travail s’écrit :
Une réduction de la durée moyenne du travail entraîne, toutes choses égales par ailleurs, une hausse de la productivité horaire du travail.
En taux de croissance la relation s’écrit (par approximation puisque les taux sont faibles) :
Cette relation dissimule le rôle de l’intensité du travail. L’intensité du travail se mesure en calculant l’écart entre le niveau de production observé et celui qui peut être obtenu sans augmenter la quantité de travail. :

La liste des déterminants de l’évolution des gains de productivité est longue mais quatre sont essentiels

1) L’accumulation du capital mesurée par l’augmentation du coefficient de capital (rapport de la valeur du stock de capital installé à la valeur de la production réalisée) ou par celle du capital par tête (rapport du stock de capital installé à l’effectif des travailleurs)
2) L’organisation du travail et en particulier la division du travail, exerce des effets sur la productivité :
- habileté croissante
- réduction des temps morts
- mécanisation
- mais aussi...perte d’intérêt qui se traduit par des effets contre-productifs
3) Le progrès technologique modifie les conditions de la production et augmente l’efficacité du travail (la productivité)
4) L’augmentation du niveau d’instruction (qualité de la main d’œuvre)

Bien entendu, l’accumulation du capital et l’élévation de la qualité de la main d’œuvre sont inséparables (interaction entre capital physique et capital humain).

Toutes les études récentes montrent cependant l’influence déterminante des investissements publics (éducation et infrastructure), des investissements privés en particulier en technologie de l’information et de la communication (TIC), des structures favorisant la mobilisation de l’épargne et de la stabilité des prix.
Des facteurs institutionnels s’ajoutent aux précédents et jouent positivement ou négativement sur le rythme de croissance de la productivité.