La redistribution des revenus poursuit des objectifs économiques et des objectifs sociaux.
Puisque les mécanismes du marché sont incapables de répondre à l’ensemble des priorités collectives, l’État intervient dans la répartition des revenus de manière à rapprocher le possible et le souhaitable.
Trois objectifs sociaux permettent de caractériser la politique de redistribution : équité, parité et intégration.
Les prélèvements opérés pour satisfaire les objectifs économiques et les objectifs sociaux servent à financer les dépenses publiques sans qu’il soit toujours possible de repérer la logique interne du mécanisme de redistribution.
Ici il est question principalement de la protection sociale c’est-à-dire "l’ensemble des prestations en nature ou en espèces versées à des individus pour couvrir certains risques sociaux". Elle retrace principalement l’intervention sociale de l’État-providence et est d’abord mise en œuvre par la sécurité sociale et d'autres organismes chargés des questions sociales (pôle emploi par exemple), puis, secondairement, par l’État et les collectivités locales.
Il ne faut pourtant pas oublier que la protection sociale intervient comme un complément, certes indispensable, de la protection individuelle. Celle-ci prend les formes fréquentes de l’épargne et de l’assurance. Dans ces conditions l’analyse des principes de la redistribution doit précéder l’étude de la protection sociale.

Les principes de la redistribution.

La redistribution c’est d’abord la redistribution des revenus.
Opérer des prélèvements et verser des revenus sociaux permet de modifier la répartition des revenus découlant de l’activité économique ou de la détention d’un capital (distribution des revenus primaires).
Mais il faut aussi tenir compte de la gratuité de nombreux services publics.
Lorsqu’une personne bénéficie d’un tel service, elle consomme sans dépenser la contrepartie indispensable au financement de la production du service. Il y a donc là aussi redistribution. L’estimation de ce type de consommation est délicate même si le concept de “consommation élargie des ménages” est désormais utilisé par la comptabilité nationale.
Enfin la redistribution doit avoir deux caractères particuliers pour appartenir au système décrit ici : il faut d’abord que les prélèvements soient obligatoires et ne dépendent pas de la volonté d’un donateur (au contraire de l’assistance charitable), il faut ensuite que les aides soient des droits automatiques liés à des critères objectifs. Dans ces conditions on distingue traditionnellement deux types de redistribution.
- La redistribution horizontale qui s’exerce d’un groupe de personnes à un autre. Entre deux générations (retraites), des biens portants vers les malades (assurance maladie), des actifs occupés vers les chômeurs (assurance chômage), des célibataires vers les familles (prestations familiales)...
- La redistribution verticale qui s’exerce des ménages à revenu supérieur vers les ménages à revenu inférieur. Les prélèvements sont redistributifs s’ils sont plus importants pour les revenus élevés. Les prestations sont redistributives si elles sont plus importantes pour les détenteurs de bas revenus.

Les prélèvements obligatoires.

Il s’agit de l’ensemble des impôts perçus par l’État (pour son propre compte ou pour celui des collectivités locales ou la CEE), ainsi que les cotisations sociales effectives versées par les assurés ou leurs employeurs afin d’acquérir ou de maintenir des droits et des prestations.
Il existe quatre formes de prélèvements obligatoires : un prélèvement identique pour tous (un impôt “par tête” d’où le nom du système
correspondant, la capitation), un prélèvement proportionnel au revenu (tenant compte de la capacité contributive), un prélèvement progressif, pesant plus lourdement sur les revenus élevés, un prélèvement lié à l’utilisation effective des services publics.

La distinction entre prélèvement fiscal et prélèvement par cotisation sociale permet d’apprécier l’orientation de la politique de redistribution.
Les prélèvements fiscaux correspondent à la logique de la solidarité puisque les sommes prélevées n’ouvrent pas de droit particulier et ne sont pas affectées précisemment.
Les cotisations sociales correspondent à la logique de l’assurance puisqu’elles financent les organismes octroyant des prestations sociales dans des conditions définies avec rigueur.
Cette distinction est cependant de moins en moins nette car la redistribution à l’intérieur des différents régimes de prestations sociales et entre les régimes eux-mêmes est fréquente. Les deux modes de prélèvements sont par ailleurs souvent confondus dès que des problèmes d’équilibre financier se posent.

Les prestations sociales

Les prestations sociales ne représentent pas la totalité de la protection sociale. Elles sont constituées par des avantages effectifs attribués aux ménages soumis à un risque social. Il faut y ajouter les prestations de services sociaux qui retracent l’avantage constitué par l’accès à des services totalement ou en partie gratuits, fournis par une institution en relation avec un risque de la protection sociale (services de santé, hospitaliers, d’action sociale, de placement, prise en charge de l’abaissement collectif du prix d’un service sanitaire ou social). Il faut aussi tenir compte des prestations fiscales : exonérations ou réductions d’impôts liées à un risque de protection sociale.
On distingue traditionnellement quatre grands risques faisant l’objet d’une couverture sociale : maladie, vieillesse, emploi, famille. La question de la mise en place d'un cinquième "risque", la dépendance est actuellement (mars 2011) débattue.