La tarification au coût
marginal peut-être une solution imposée par les pouvoirs publics dans
le cas d'un monopole naturel. Une firme constitue un monopole naturel
(pour une certaine plage de production) lorsqu'elle est en mesure de
produire dans cette plage à moindre coût que ne le pourraient plusieurs
firmes. Par exemple, si la firme à des coûts moyens toujours
décroissants, ce qui est le cas lorsque les coûts fixes sont
importants. Cela implique naturellement que les coûts marginaux sont
eux aussi décroissants.
Le monopole naturel est en mesure de
fixer les prix en deça du seuil de rentabilité de ses concurrents
potentiels et peut ainsi parvenir à décourager l'entrée.
Par ailleurs, puisque le monopole naturel a des coûts plus faibles, il
utilise mieux les ressources. Il est donc souhaitable, du point de vue
de l'efficacité productive, qu'une seule firme approvisionne le marché.
Mais, parce que c'est un monopole le prix que la firme va fixer pour
maximiser son profit est supérieur à celui qui s'établirait en
concurrence pure et parfaite.
C'est pour cette raison que les pouvoirs publics, s'ils veulent que les
consommateurs bénéficient du produit dans des conditions socialement
staisfaisantes, vont chercher à inciter le monopole à produire une
quantité efficace.
Il existe plusieurs mécanismes pour réglementer : chacun a des conséquences différentes.
Pendant longtemps la solution retenue a consisté à nationaliser les
monopoles naturels. Depuis le milieu des années 1980, la plupart des
monopoles publics ont disparu, et la solution retenue est celle d'une
réglementation des prix du monopole (qui subsiste puisqu'il est
"naturel") lui permettant d'obtenir des profits
« raisonnables » sur ses investissements.
Il peut s'agir d'un prix plafond fixé de sorte qu'il soit inférieur à
celui que le monopole choisirait pour maximiser son profit. C'est le
but de la réglementation, réduire la "rente" du monopole. Un des effets
attendus de la réglementation est d'ailleurs de pousser l'entreprise à
réorganiser sa production pour réduire ses coûts de manière à retrouver
le taux de profit précédent... et ainsi de suite...
Il peut s'agir aussi d'une tarification au coût marginal ce qui
correspond au cas où le prix plafond est choisi de manière telle que la
quantité produite à ce prix soit égale au coût marginal (la recette
moyenne est alors égale au coût marginal).
Mais dans ce cas, puisque les coûts unitaires sont décroissants, le
coût moyen est forcément supérieur au cout marginal et l'entreprise
fait forcément une perte.
Le monopole naturel tarifé au coût marginal n'est pas viable
financièrement, il faut que les pouvoirs publics apportent une
compensation financière sous la forme d'une subvention compensant cette
perte. Cela correspond bein entendu à un transfert de revenus : les
prélèvements obligatoires financent la subvention, de manière à assurer
la satisfaction des consommateurs du produit qui fait l'objet de cette
réglementation.
Le prélèvement par voie fiscale a cependant trois inconvénients : un
impôt supplémentaire engendre toujours des distorsions (les choix
privés se modifient) qu'il faut prendre en compte, il peut paraître
injuste pour les agents qui n’utilisent pas le bien ou le service, et
enfin, l’impôt est décidé par des autorités qui peuvent céder à des
considérations politiques (électorales) sans fondements économiques
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Parce
que la tarification au coût marginal (position C) qui est pourtant
optimale collectivement (l'optimum du monopole c'est la position A),
conduit automatiquement au déficit dans le cas des « monopoles
naturels » (coûts unitaires toujours décroissants), les
économistes se sont tournés vers la recherche d'un « optimum de
second rang » (second-best), c’est-à-dire une solution en matière
de production et de tarifs permettant l’utilisation rationnelle des
ressources tout en respectant la contrainte d’équilibre budgétaire. Le monopole est alors invité à pratiquer une tarification au coût moyen (positionB). Mais dans ce cas, le monopole ne réalise aucun profit et n’est pas incité à réduire ses coûts car il sait qu’une baisse du coût moyen provoquera une baisse du prix. Et surtout, la satisfaction de la société n’est pas maximale. Il existe une autre solution, celle de la discrimination du prix. Un premier bloc de client, Oqc1, paie un prix relativement élevé, un second bloc, de qc1 à qc2, acquittant le prix optimal collectivement, celui qui correspond au coût marginal. Pour ces clients, favorisés, l'entreprise produit à perte mais celle-ci est largement compensée par le gain sur le premier bloc de client. Cette pratique discriminatoire est connue sous le nom de règle de Ramsey-Boiteux, qui énonce qu'un monopole naturel, comme toutes les entreprises, doit pour être rentable, d’une façon ou d’une autre, tarifier à un prix supérieur au coût marginal. Ici, la règle de Ramsey-Boiteux énonce que le prix doit être d’autant supérieur au coût marginal que la clientèle a une demande plus élastique. C'est la solution adoptée par exemple pour la vente du courant électrique, avec des tarifs différents en fonction de l'heure ou/et de la catégorie des abonnés. |