Au premier trimestre 2011, la hausse du prix des matières premières et du pétrole, fait craindre un retour de l'inflation suscpetible de conduire la Banque centrale européenne à relever les taux d'intérêt, ce qui ne favoriserait ni le retour d'une croissance plus rapide ni la réduction de l'endettement dans la zone euro. Pour apprécier la réalité de cette menace il faut faire la part de ce qui, dans cette évolution relève de la conjoncture et d'observer les tendances structurelles à l'œuvre.

Il faut pour cela utiliser des concepts construits pour ce type d'analyse : l'inflation sous-jacente, le PIB potentiel, l'output gap (écart de production).

1) Les concepts

a) L'indice d'inflation sous-jacente

C'est un indice désaisonnalisé qui permet de dégager une tendance de fond de l'évolution des prix. Il traduit l'évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l'offre et de la demande.
Il exclut les prix soumis à l'intervention de l'État (électricité, gaz, tabac...) et les produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes,...) qui subissent des mouvements très variables dus à des facteurs climatiques ou à des tensions sur les marchés mondiaux.L'indice d'inflation sous-jacente est corrigé des mesures fiscales (hausse ou baisse de la TVA, mesures spécifiques sur les produits...) de façon à neutraliser les effets sur l'indice des prix de la variation de la fiscalité indirecte ou des mesures gouvernementales affectant directement les prix à la consommation. L'inflation sous jacente est ainsi plus adaptée à une analyse des tensions inflationnistes, car moins perturbée par des phénomènes exogènes.

b) Le PIB potentiel et l’écart de production

Le PIB potentiel, exprimé en niveau ou en taux de croissance (on parle alors de croissance potentielle) constitue un indicateur privilégié de la capacité d’offre d’une économie,
Le PIB potentiel peut être estimé de plusieurs manières mais pour une même signification : c'est le niveau de production qui peut être obrtenu dans les conditions "normales" de fonctionnement de l'économie, c'est-à-dire un taux de chômage proche du chômage structurel, un taux d'emploi conforme aux structures démographiques et aux comportements d'activité, et une utilisation "normale" des capacités de production.
L’écart de production est mesuré comme en pourcentage de la différence entre l’actuel PIB en volume et le PIB potentiel estimé, il fournit une mesure synthétique des tensions sur les marchés des biens et du travail.

2) L'application à la fin des années 2010

Pour la France.

La mesure de la croissance du PIB potentiel est délicate comme le montre ce graphique reprenant trois estimations (une de la commission européenne et les deux autres du Crédit agricole), on voit cependant qu'après 1994 et pendant une dizaine d'années les estimations sont moins divergentes.

L'inflation sous-jacente est mesurée avec plus de précison et ne pose pas de problème d'estimation insurmontable.
Le graphique reprenant la croissance annuelle des prix montre clairement le rôle du prix de l'énergie (attention la lecture se fait sur l'échelle de droite pour le prix de l'énergie) dans l'évolution de l'inflation totale. L'inflation sous -jacente reste maîtrisée autour de son niveau moyen de la décennie soit 1,6%.

Ces deux graphiques montrent les liens qu'on peut établir entre l'écart de production (output gap) - échelle de gauche - et l'inflation sous-jacente - échelle de droite.

Chaque fois que l'output gap se réduit, ou devient négatif, l'inflation sous-jacente diminue et inversement, avec cependant un décalage d'une année environ. Ainsi la période de croissance économique soutenue de 2000 à 2002 est suivie par une poussée inflationniste.

De même on voit bien sur le graphique de droite que lorsue le taux de chômage observé excède le taux de chômage structurel, l'infaltion sous jacente est réduite et inversement (cette fois il n'y a pas ou presque pas de décalage temporel).