1) Le taux d'intérêt dans l'analyse classique et néoclassique.
a) Détermination du taux de préférence pour le présent
Pour connaître le taux de préférence pour le présent dun individu il suffit de lui demander quelle somme il faut lui donner dans un an pour quil soit aussi heureux que si on lui donnait 1000 euros aujourdhui. Sil répond 1100 euros alors son taux de préférence pour le présent vaut 10 %, sil répond 1050 euros alors le taux de préférence pour le présent vaut 5 %...
b) Taux dintérêt, préférence pour le présent et épargne
Si un individu à un taux de préférence pour le présent valant 5 %, alors il épargnera dès que le taux dintérêt est supérieur à 5 % et il épargnera dautant plus que le taux dintérêt sera plus élevé. Pour un revenu donné, lépargne dun individu est une fonction croissante du taux dintérêt.
c) Taux dintérêt, rendement du capital et investissement
Pour quune entreprise décide demprunter pour financer un investissement il faut que le rendement escompté de cet achat déquipement soit plus élevé que lintérêt quil faut payer aux prêteurs. Si le taux dintérêt est de 5 % alors que le rendement anticipé est de 7 %, un emprunt de 1000 euros coûtera 50 euros mais rapportera 70 euros. Il est rationnel demprunter dans ce cas. Toutes choses égales par ailleurs, la demande de capital augmente quand le taux dintérêt diminue.
d) Synthèse : sur le marché du capital, le taux dintérêt est le prix du capital
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Tous les épargnants proposent leur épargne aux emprunteurs éventuels. Lépargne constitue une offre de capital et elle dautant plus élevé que le taux dintérêt est plus élevé. Les emprunteurs cherchent une épargne disponible pour financer les projets quils ne peuvent financer seuls. Ils demandent du capital. La demande de capital est dautant plus élevée que le taux dintérêt est faible. Il existe un taux dintérêt déquilibre qui égalise loffre globale de capital (lépargne de lensemble des agents) et la demande globale de capital (la demande de capitaux pour financer linvestissement). Ce taux dintérêt dépend seulement des préférences des individus, du système des prix relatifs et des grandeurs réelles (quantités produites, revenu réel) . |
2) Taux d'intérêt dans l'analyse keynésienne.
Selon Keynes, le taux dintérêt ne sert pas à décider si on affecte le revenu à la consommation ou à lépargne, ce nest pas le prix quil faut payer pour compenser la préférence pour le présent du prêteur. Cest le prix quil faut payer pour compenser la préférence pour la liquidité, autrement dit pour que lépargnant décide de placer son épargne.
Si on accepte cette présentation, une partie de la demande de monnaie dépend du taux dintérêt. Si le taux dintérêt est inférieur à celui qui compense la préférence pour la liquidité, alors les agents renoncent aux placements financiers et thésaurisent (conservent des liquidités). La demande de monnaie de spéculation diminue quand le taux dintérêt augmente.
Dans lanalyse keynésienne les habitudes de consommation sont stables. La consommation est proportionnelle au revenu, et la relation entre consommation et revenu est mesurée par la propension à consommer. Celle-ci est stable à moyen terme ce qui revient à dire que les ménages ne changent pas facilement leurs habitudes de consommation. Dans cette analyse, une modification du taux dintérêt naffecte que très modérément le comportement de consommation donc dépargne puisque lépargne cest le revenu qui nest pas consommé. Ainsi l'épargne est proportionnelle au revenu et dépend de la propension à consommer;
Si lépargne ne dépend pas du taux dintérêt celui-ci ne peut plus être le prix du capital (équilibre entre épargne et investissement) comme dans la théorie traditionnelle. Le taux dintérêt dans lanalyse keynésienne a une autre fonction pour les épargnants. Il est le prix quils demandent pour renoncer à la liquidité. Plus le taux dintérêt est élevée et plus la demande de monnaie correspondant au motif de spéculation (arbitrage entre liquidité et placement) est faible.
Pour la relation entre taux dintérêt et investissement, lanalyse keynésienne, par des moyens différents de lanalyse traditionnelle, obtient les mêmes résultats. Linvestissement est favorisé par des taux dintérêt faibles et pénalisé lorsque le taux dintérêt augmente.
Il n'y a aucune raison pour que l'épargne et l'investissement s'égalisent.