La description détaillée des évolutions économiques sur plus de deux siècles met clairement en évidence leur caractère irrégulier. Des périodes d’expansion rapide alternent avec des périodes de ralentissement. La croissance et la dépression se succèdent et des ruptures brutales ont marqué l’histoire économique des pays industrialisés.

Intuitivement le constat de la succession de périodes de croissance et de ralentissement conduit à parier de "cycles" et c’est avec la parution en 1862 du livre de Clément Juglar (1819-1905), Des crises commerciales et de leur retour périodique en France, en Angleterre et aux États-Unis, que le pas décisif est franchi même si le livre de Juglar ne contient pas le terme de "cycle".

Dans l’idée de cycle il y a normalement deux caractères essentiels : la régularité des enchaînements de sous-périodes et la périodicité.
Ces deux propriétés sont rarement repérables de façon nette mais le caractère récurrent des fluctuations a autorisé le glissement conceptuel.

Clément Juglar met en évidence la périodicité des crises ce qui conduit à parler d’un "cycle des affaires" qui se déroule en trois phases :
- l’expansion (élévation des prix et l’augmentation de la production, le développement des opérations de crédit et la hausse générale des revenus)
- la crise, (quelques jours ou quelques semaines), la crise débute par une crise financière et se transmet à l’ensemble de l’économie ; la crise est donc le moment du retournement de tendance
- la dépression, (évolutions inverses de la période d’expansion).
Ces crises sont périodiques (treize cycles de Juglar sont généralement retenus pour la période allant de 1825 à 1938), leur durée moyenne est d’environ 8 ans, et il s’agit de fluctuations concernant l’ensemble de l’économie.
C’est à partir des années trente que le concept de cycle des affaires est précisé par deux économistes américains du NBER (national board of economic research), Arthur Frank Burns (1904-1987) et Wesley Clair Mitchell (1874-1948) :

« .. sorte de fluctuation que l’on rencontre dans l’activité économique agrégée des pays où la production est essentiellement le fait d’entreprises : un cycle se compose d’expansion qui interviennent à peu près simultanément dans de nombreuse activités économiques, suivies de manière tout aussi répandue par des récessions, des contractions, puis des reprises qui se fondent dans la phase d’expansion du prochain cycle ; cette suite de changements est récurrente mais non périodique ; la durée des cycles varie de plus d’un an à dix ou douze ans ; on ne peut les décomposer en cycles plus courts de même allure et d’amplitudes similaires. »

Simon Kuznetz (1901-1985), Gottfried von Haberler (1900-), et Jan Tinbergen (1903-1994), montrent les difficultés soulevées par la notion de cycle.
Le cycle économique est construit comme une synthèse des mouvements et non le mouvement d’une synthèse (un agrégat). Il ne s’agit pas par exemple de suivre le PIB et de repérer les points de retournement, il s’agit de suivre un très grand nombre de séries (plusieurs centaines dans le cas des États-Unis) en observant l’harmonie des différents mouvements à partir d’un indice de diffusion des points de retournement du cycle.
Les chercheurs disposent donc par ce biais d’indicateurs avancés annonçant le retournement conjoncturel.

Depuis la seconde guerre mondiale on parle plus souvent de "cycles de croissance" que de "cycles des affaires".
La présentation traditionnelle retient la chronologie suivante :
- de 1947 à 1957 cycle spécifique aux États-Unis (guerre de Corée) alors que pour les autres économies de l’OCDE la reconstruction assure une croissance régulière et forte ;
- de 1958 à 1973, trois cycles aux États-Unis, répercutés en partie en Allemagne mais pas en France, alors qu’en Grande-bretagne deux récessions nettes sont repérables (1962 et 1967).
- Depuis 1973 cinq cycles complets : du premier au deuxième choc pétrolier, du deuxième choc au contre choc pétrolier, du contre choc pétrolier à la fin des années quatre-vingt, de la réunification allemande à la fin des années quatre-vingt-dix et le cycle actuel.

A côté de cette annalyse des cycles courts, une présentation en termes de cycles longs a connu un large succès.

L’économiste russe Nicolaï Dimitrievich Kondratieff avance (thèse de 1922) que les cycles majeurs s’inscrivent dans des mouvements de 30 à 50 ans. C’est Joseph Schumpeter qui rend célèbres les "cycles Kondratieff" tandis que les phases de croissance soutenue de la production (hausse des prix) et celles de croissance économique ralentie (baisse des prix) seront dénommées par François Simiand (1873-1935) respectivement phase A et phase B. Les vagues de croissance et de récession se succédant ,la durée moyenne d’un cycle est d’environ 50 ans (20-25 ans pour la phase A et idem pour la phase B). Pour la production, les périodes de baisse des prix (phase B) ne sont pas des phases de recul, mais de croissance ralentie (1815-1848-50 et 1873-1896 appelée parfois "grande dépression" bien qu’elle ne corresponde pas, globalement, à un recul de la production) et les phases de hausse des prix (A) des temps de croissance accélérée. Pour Schumpeter, les ondes longues résultent du cumul de cycles courts de Juglar orientés différemment selon la phase du Kondratieff dans laquelle ils s’inscrivent. Des phases d’expansion plus fortes donnent un mouvement long de hausse, des dépressions plus creusées engendrent un mouvement de baisse. On peut le remarquer notamment pour la période allant de 1850 à 1896.