Le Conseil européen des 27 et 28 avril 1988 et le sommet de Hanovre (juin 1988) décident de confier à un comité (qui sera présidé par Jacques Delors) « la mission d’étudier et de proposer les étapes concrètes devant mener à l’Union économique et monétaire » (UEM).
Le rapport du comité Delors est soumis au sommet du Conseil européen qui se tient à Madrid les 26 et 27 juin 1989. Le travail de ce comité, qui sera approuvé par les Douze à l’unanimité, offre une vision à la fois maximaliste et gradualiste de l’UEM.
- Maximaliste, en effet, car les rédacteurs du rapport préconisent l’adoption d’une monnaie unique donc le transfert de la souveraineté monétaire à une banque centrale supra-nationale ;
- Gradualiste, également, car ils considèrent que le passage à la monnaie unique doit s’effectuer progressivement, selon un calendrier en trois étapes.

Selon le comité Delors, le passage graduel à la monnaie unique doit s’accompagner du développement des politiques économiques communautaires (politique de concurrence, politiques régionales et structurelles sans lesquelles le rattrapage des zones défavorisées de la Communauté prendrait trop de temps) ainsi que d’une stricte discipline des politiques financières nationales.
L’unanimité qui se dégage à Madrid autour de ce scénario procède en fait de lectures différentes : les Britanniques, pensent que l’adopter signifie simplement accepter l’étape 1 sans préjuger des suites qui seront données aux étapes futures, la majorité des autres voient le scénario comme un ensemble struturé.
Lors de la réunion du Conseil européen de Strasbourg qui se tient les 8 et 9 décembre 1989, les Douze décident de mettre en place une Conférence intergouvernementale charger de traiter les questions posées par le rapport Delors, à compter de décembre 1990.
Entre-temps, une initiative franco-allemande envisage de réactiver le vieux projet d’Union politique de la communauté ; les Douze, réunis à Dublin en juin 1990, arrêtent alors le principe de la convocation d’une seconde Conférence intergouvernementale dont les travaux devraient se dérouler en parallèle à la première : l’initiative Kohl/Mitterrand devient ainsi projet commun.

Avant le démarrage effectif des travaux de ces deux Conférences, les chefs d’États et de gouvernements de la CEE réunis à Rome le 28 octobre 1990 fixent au 1er janvier 1994 (autonomie des banques centrales et mise au point d’une Banque centrale européenne) contre l’avis de la partie britannique, le début de la seconde phase du plan Delors.

Finalement, les deux Conférences sont officiellement lancées à Rome le 15 décembre 1990 : l’objectif est de parvenir en une année à la rédaction d’une proposition de nouveau Traité qui sera soumise aux Douze au Sommet de Maastricht.
Le projet est examiné et adopté par les Douze à l’occasion du sommet de Maastricht (les 9 et 10 décembre 1991) ; le Traité d’Union européenne est signé le 7 février 1992 par les ministres et chefs d’États représentant les États membres. Dès lors, il ne reste plus à chacun de ces derniers qu’à ratifier, selon ses procédures constitutionnelles propres, ce document fondamental pour l’avenir de la construction européenne.