La configuration du SME obtenue à la fin des années 80 est particulièrement fragile et contraignante.
Si la Bundesbank doit pour des raisons de conjoncture interne (c’est la période de réunification entre les deux Allemagne) entreprendre un resserrement de sa politique monétaire pour éviter l’inflation, ses partenaires devront suivre (même si une telle politique est inadaptée à leur propre conjoncture) ou quitter le SME.
Soucieuse de ne pas se résigner à un tel dilemme, la France prend l’initiative de proposer de substituer au leadership monétaire allemand une Banque centrale européenne (BCE) qui pourrait gérer une monnaie unique dans le cadre d’une Union économique et monétaire.
Mise à l’ordre du jour du Conseil européen de Hanovre en mai 1988, cette proposition débouche un an plus tard au Conseil de Madrid sur le plan Delors qui fixe les grandes lignes de ce que pourrait être l’Union économique et monétaire (UEM).
La Bundesbank et le Chancelier Kohl sont au départ peu enclins à partager le pouvoir monétaire de l’Allemagne. S’ils acceptent finalement d’engager des négociations sur l’UEM fin 1990, c’est parce qu’entre-temps (le 1er juillet 1990) le Chancelier allemand a décidé la réunification monétaire du pays et qu’en contrepartie, sous la pression de ses partenaires européens, il veut donner des gages de son engagement en faveur de la poursuite de la construction de l’Europe. Le gouvernement allemand pose cependant comme condition préalable la stabilité des taux de changes.