Si l’on peut faire remonter le concept de profitabilité de l’investissement à la Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de Keynes (1936), sa définition formelle n’a été proposée qu’à la fin des années 1960 par James Tobin, puis par Edmond Malinvaud dans ses Essais sur la théorie du chômage (1983).
L’idée est simple : si un investissement est profitable, il doit être réalisé.

La décision d’investir prend en compte la rentabilité du capital (le gain escompté grâce à l’investissement est-il supérieur au coût du financement ?) mais elle doit aussi considérer les emplois alternatifs du capital. Les économistes utilisent pour cela la notion de coût d'opportunité : en utilisant 1000 euros pour un usage qui rapporte 100 euros l'entreprise renonce aux autres usages, elle renonce aux opportunités qui peuvent se présenter. Par exemple si la rentabilité d'un investissement est calculée à 5 % alors que les marchés financiers offrent des placements sans risque à 4 % le choix est délicat.
Dans ces conditions, les taux d’intérêt réels jouent un rôle primordial dans l’évaluation des rendements alternatifs.

La profitabilité (nette) évalue la différence entre la rentabilité (nette) et le taux d’intérêt réel à long terme, mesuré comme le taux des obligations émises par le secteur privé déflaté (corrigé de l'inflation) des évolutions du prix du PIB.

La profitabilité est donc une mesure de la rentabilité de l’investissement productif, nette du coût de l’argent.

On peut même défendre l’idée qu’une forte profitabilité est nécessaire pour que les entreprises prennent le risque de se trouver en surcapacité de production avec des coûts fixes supplémentaires.

Dès lors que la profitabilité du capital est positive et suffisante (Malinvaud considère une profitabilité de 4 % comme suffisante), il devient non seulement intéressant d’investir mais il redevient aussi possible de financer ces investissements par recours à l’emprunt, bénéficiant ainsi de l’effet de levier. Un niveau de profitabilité élevé doit donc inciter à l’endettement pour investir.

La notion de contrainte financière s’interprète alors simplement : une entreprise dont l’investissement dépend fortement de sa profitabilité supporte une contrainte financière plus sévère.