En 1956, Milton Friedman (1912-2006) propose une nouvelle théorie de la demande de monnaie qui constitue selon lui une nouvelle formulation de la théorie quantitative de la monnaie.
La demande de monnaie relève de la théorie de la demande d'actifs (c'est la même démarche que celle de Keynes), elle dépend de la richesse des individus et des rendements anticipés des autres actifs comparés à celui de la monnaie. Friedman cherche une relation entre la valeur désirée des encaisses réelles (pouvoir d'achat que les agents détiennent sous forme monétaire).
Cette demande de monnaie pour une période donnée dépend selon lui du revenu permanent Yp, du rendement anticipé de la monnaie (rm), du rendement anticipé des actions (ra), du rendement anticipé des autres titres (rb), et du taux d'inflation anticipé (p*).

Md / P = f ( Yp , rb - rm , ra - rm , P* - rm ) Les signes "+" et "-" indiquent le sens de la liaison
+ - - -

La grande nouveauté dans cette analyse est le remplacement du revenu courant par le revenu permanent qui est concept introduit par Milton Friedman.
Le revenu courant
Cest le revenu perçu pendant la période. Il est sensible aux évolutions conjoncturelles.
Le revenu permanent
C'est un indicateur de la richesse. La richesse d'un individu c'est son patrimoine, c'est un stock résultant de l'accumulation de ressources pendant toute la vie. Le revenu permanent c'est le revenu qu'un consommateur peut consommer en maintenant constante la valeur de son capital, ou bien encore, si la richesse d'un individu vaut 200 000 euros et si le taux d'intérêt annuel est de 5 %, le revenu permanent vaut 10 000 euros. Ce concept peut paraître compliqué et pour le comprendre il faut savoir ce que Friedman voulait montrer. Pour lui, la consommation n'est pas proportionnelle au revenu courant, elle est proportionnelle au revenu permanent. Un individu ne modifie pas sa consommation habituelle parce que son revenu varie accidentellement. Il adapte sa consommation à ce qu'il considère être son standing de vie habituel, son revenu permanent. Il n'y adonc pas de lien stable entre consommation et revenu courant.

Dans ces conditions la demande de monnaie ne dépend que du revenu permanent Md / P = f (Yp) et une augmentation de l'offre de monnaie qui dépasserait celle de la production réelle ne peut avoir qu'un seul effet : l'augmentation du niveau général des prix. On retrouve le résultat de la théorie quantitative de la monnaie.
Mais, pour Milton Friedman, l'analyse doit être complétée par la prise en compte des effets déstabilisants de l'inflation. L'inflation a des conséquences dans l'économie réelle à court terme. Si, par exemple, les salariés ne perçoivent pas correctement l'augmentation des prix ils ne se rendent pas compte immédiatement que leur salaire réel diminue ils ne modifieront pas leur comportement d'offre de travail. Les employeurs qui sont plus à même de prendre en compte l'inflation (ils fixent les prix) vont pour leur part ajuster la demande de travail (celui-ci coute "moins cher") en offrant des emplois. L'inflation a donc pour conséquence provisoire une réduction du chômage. Mais cela ne dure pas puisque les slariés vont corriger leur erreur et exiger une augmentation du salaire nominal que les employeurs accepteront et compenseront en augmentant les prix pour rétablir leurs marges de profit. Les licenciements qui accompagnent la hausse du coût du travail se déroulent dans un climat inflationniste... Selon Friedman, la monnaie n'est pas neutre elle est dangereuse quand elle est manipulée sans précaution, il faut absolument s'en tenir à une règle simple et connue de tous : la croissance de la masse monétaire répond uniquement à celle de la production, elle ne doit en aucun cas avoir pour objectif de modifier le niveau de l'activité.