L’effet de levier d’endettement permet de comprendre comment la rentabilité économique est liée à la rentabilité financière.
Ces deux notions renvoient à des approches différentes de la rentabilité :
- la rentabilité économique, rapporte le résultat d’exploitation (le plus souvent net de la consommation de capital fixe), au capital non financier, composé du capital productif fixe (les équipements) et du besoin en fond de roulement (les dépenses ordinaires de fonctionnement de l’entreprise). La rentabilité économique reflète l’efficacité du processus productif seul, indépendamment des modes de financement adoptés, c’est-à-dire qu’on ne distingue pas le financement à partir des fonds propres ou à partir des capitaux empruntés
- la rentabilité financière, rapporte aux fonds propres le profit à la disposition des actionnaires après paiement des impôts et des intérêts. La rentabilité financière est celle qui est prise en compte par les investisseurs pour sélectionner leurs acquisitions d’actions par exemple.

Quand une entreprise entreprend un projet d’investissement et qu’elle emprunte pour financer cet investissement, elle s’attend à ce que le résultat d’exploitation dégagée par la nouvelle activité soit supérieur aux charges financières induites par l’endettement. La décision d’achat d’équipement se traduit par un gain supérieur au coût du financement. C’est à cette condition que le résultat courant (résultat d’exloitation - charges financières) augmente et améliore la rémunération des associés.

Si les prévisions portant sur l’efficacité des équipements se réalisent, le taux de rentabilité économique sera supérieur au coût de l’emprunt. L’entreprise est donc incitée à emprunter (à s’endetter) pour augmenter la rentabilité financière.
Le taux de rentabilité financière sera d’autant plus grand que le montant du résultat courant devra rémunérer un montant faible de capitaux propres, ce qui est le cas si le projet a été financé par un endettement important. On dit que les associés bénéficient d’un effet de levier.

Dans le cas contraire de prévisions d’efficacité qui ne se réalisent pas ou d’une hausse sensible du coût réel du financement, la rentabilité financière des associés sera dégradée et elle sera d’autant plus dégradée que les emprunts ont été importants.

Vérification sur un exemple élémentaire

Une entreprise dispose d'un capital technique valant 100 000 euros entièrement financé par les fonds propres.
L'excédent brut d'exploitation réalisé est égal à 10 000 euros.
La rentabilité économique vaut donc 10 % et il en est de même pour la rentabilité financière (calculée sur les fonds propres).
Si avec un taux d'intérêt de 5 %, l'entreprise était financée à moitié par l'endettement, un même excédent brut d'exploitation conduirait à une rentabilité économique valant toujours 10 % mais la rentabilité financière ne serait plus au même niveau. Après déduction des frais financiers valant 2500 euros (5 % de 50 000 euros) le bénéfice revenant aux propriétaires serait égal à 7500 euros (10 000 - 2500) pour un apport en fonds propres de 50 000 euros soit une rentabilité financière égale à 7500 / 50 000 soit 15 %.

On voit que la rentabilité financière est plus forte à cause de l'endettement. Si celui représentait les 3/4 du financement et non plus la moitié, le même calcul donnerait 25 % pour la nouvelle rentabilité finanacière !!
Plus l'endettement est important plus la rentabilité financière augment toutes choses égales par ailleurs si le taux d'intérêt est inférieur à la rentabilité économique.

Démonstration

Pour simplifier on considère que la rentabilité économique s’écrit :

RE = ENE / K

ENE est l’excédent net d’exploitation et K le capital fixe productif (donc on néglige le fond de roulement d’exploitation ce qui revient à dire que l’actif de l’entreprise ne contient que les équipements, mais on prend en compte les amortissement).

La rentabilité financière s’écrit pour sa part :

RF = (ENE - FF) / FP

avec FF pour frais financiers réels soient le produit des dettes END par le taux d’intérêt réel r et FP pour les fonds propres (capitaux propres)

Puisque K est égal à l’actif de l’entreprise et que cet actif est égal au passif (endettement noté END et fonds propres FP) on peut écrire :

RF = (ENE / FP) - (FF) / FP]

RF = [(ENE / K)x(END + FP) / FP] - [(END x r) / FP]

RF = RE x [(END / FP) + 1] - [(END / FP) x r]

RF = RE + [(RE - r) x (EN / FP)]

L’effet de levier peut jouer dans les deux sens : s’il peut accroître la rentabilité des capitaux propres par rapport à la rentabilité économique, il peut aussi la minorer quand la rentabilité économique devient inférieure au coût de l’endettement.